Dans un 'film d'horreur hospitalier'...
C'est le sentiment qu'a Sasha, la jeune maman de cette histoire.
Encore pire, je dirais : un thriller en périnatalité.
L'auteur nous cueille dès les premières lignes :
« Je pensais que j'adorerais être mère.
Je me trompais.
Je n'aime pas ça du tout ; pas même un seul instant.
Je sais que je ne suis pas douée pour ça. (...)
Tout cela, c'est une grosse erreur.
Je ne veux pas continuer.
Je ne peux pas continuer. »
Gloups, le désespoir suinte dans ces mots.
Et le malaise ne fait que commencer.
Aucun répit pour le lecteur entré dans cette maternité inquiétante : douleurs physiques post-enfantement (césarienne ici), mal-être, dépression, univers hospitalier et psy, hostilité et toute-puissance du personnel soignant, incompréhension des proches, crise conjugale, bébés prématurés maigrichons et mal en point dans leur couveuse... - j'en passe.
Ce roman appuie où ça fait mal, ravivant des angoisses plus ou moins oubliées autour de la maternité, même si l'on n'a pas été confrontée à autant de drames que Sasha.
• Avant la naissance : serai-je une bonne mère, saurai-je aimer mon bébé ?
• L'accouchement, qui se déroule rarement comme on l'avait fantasmé (Apik, il est où le brumisateur ? 😒 dans le coffre de la voiture ? 😮 mais put*** ! 😡)... 😉
• Après : même si la magie opère avec le bébé, même si c'est le coup de foudre, la peur de ne pas savoir, de ne pas y arriver, l'accablement par moments, la fatigue qui s'accumule... Et toujours, tout au long de la vie d'une mère : angoisse et sentiment de culpabilité quand ça ne roule pas complètement droit.
Susi Fox évoque également la filiation, la 'donation' (
Florence Noiville) : mon héritage familial est lourd, suis-je condamnée à reproduire les 'erreurs' de mes parents ? La répétition au sein de la famille élargie, et sur le long terme, est quelque chose de particulièrement effrayant... Sans croire aux "sorts", je constate que ce phénomène est fréquent, pour d'obscures raisons de culpabilité, punition auto-infligée, non-dits devinés, que sais-je...
Au-delà de ces thèmes, on trouve une trame assez classique : un sentiment, une crainte, qui devient une certitude chez la jeune mère.
Qui a raison, qui a tort, qui ment, qui est parano ?
En 4e de couv, 'Ici Paris' décrit "Un thriller troublant mais aussi émouvant." Entièrement d'accord, j'ai parfois été au bord des larmes (rare quand je lis un thriller).
Je déconseille à ceux qui ont la phobie des hôpitaux, et bien sûr aux femmes enceintes et aux mamans épuisées qui viennent d'accoucher...
Bref, mauvaise idée de cadeau de naissance !
• Encore une fois, je salue le travail de la traductrice
Héloïse Esquié. Je ne sais pas dans quelle mesure elle choisit les ouvrages qu'elle traduit, mais ce sont souvent des romans forts (des éditions Sonatine, notamment).