“Il était essentiel pour moi, aussi, d'y mettre la forme, d'écrire mon histoire davantage comme un roman que comme une confession. de réussir à user d'une force lyrique et poétique afin de donner un sens à la nature inarticulée du désespoir.”
"Je me disais que Karen était trop jeune ; Peter n'en voudrait pas. Il avait dit que huit ans était le plus bel âge pour me demander ce truc spécial qu'il voulait. En plus, il m'aimait d'une autre façon que Karen ; j'étais certaine qu'il la voyait comme sa fille. C'était moi qui avait le potentiel d'être sa femme et la mère de ses enfants, parce que j'étais tellement mûre pour mon âge ; j'avais certes une fois failli à son attente, mais j'étais à peu près sûr qu'il m'avait pardonné maintenant." Ed Flammarion page 96
Je voulais voir un homme faire à un autre homme ce qui semblait ennuyeux ou même avilissant quand c'était à une fille. J'avais besoin d'être rassurée sur le fait que les hommes et les femmes n'étaient pas si différents. Les films de Peter laissaient entendre que le monde entier était fait de femmes se soumettant à des hommes, et je savais que ce n'était pas vrai.
Peter me remboursait souvent pour le sexe [...]. Je craignais, si je faisais quoi que ce soit sans l'échanger contre au moins un petit truc, qu'il croie que j'aimais ça ; qu'il ne comprenne pas que je payais, moi, au prix fort.
Cette cave sombre, crasseuse, pleine de toiles d'araignées, m'avait pris toute ma vie. C'était l'endroit où j'avais renoncé à moi, c'était là où je détruisais pour lui ma propre volonté ; et maintenant il n'y en avait plus...
Tu as laissé dans ma boîte à lettres une enveloppe contenant dix lettres de suicide et plusieurs testaments sur des pages à carreaux tirées d’un carnet : tu me donnais ta voiture. Tu as dessiné un plan pour moi, pour que je puisse trouver ta Mazda noire et que je n’ai pas à payer les frais de fourrière. Tu m’as laissé un double de la clef dans une enveloppe. La clef d’origine, tu l’as laissée sur le contact de la Mazda. J’avais vingt-deux ans, tu en avais soixante-six.
Le silence et le déni sont exactement les forces sur lesquelles comptent tous les pédophiles pour que leurs vrais mobiles restent cachés.
J'invente des histoires pour ma fille, tout comme mon père l'a fait pour moi quand j'avais son âge. Je cultive certaines traditions familiales ; les autres doivent disparaître avec moi.
Elle voulait savoir si Peter m'avait jamais touchée ; elle posa cette question de plusieurs façons différentes, et répétait : "Tu es sûre ?" à chacun de mes non. [...] Elle en vint à me dire des choses comme "il te revient de protéger d'autres filles". Quelle blague. Je protégeais déjà d'autres filles. Je lui donnai ce qu'il voulait, en fantasme. Il n'avait pas besoin de faire du mal à de vraies petites filles.
Je vais t'expliquer. La vie se déroule par étapes, comme des échelons. D'abord, tu es une enfant qui joue à la poupée. Ensuite, tu es une pré-ado, tu commences à t'intéresser aux garçons. Et puis tu deviens ado et tu sors avec des garçons, et tout ça. Mais pour toi, ces échelons ont été sautés. Ce que nous devons faire, c'est retourner en arrière et réparer l'échelle. Pour ce faire, nous devons arrêter le sexe, tout le sexe. Arrêter net, point barre. Notre amour doit être entièrement pur et spirituel. Je serai ton père.