AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de de


Une historicité susceptible d'ouvrir le chemin de la libération

« Il n'y a aucune hésitation, nous sommes d'emblée installés dans l'histoire, l'histoire longues des femmes à la conquête collective du savoir et de toutes les jouissances singulières qui s'y attachent. Tel est le premier Privilège de Simone de Beauvoir, celui de s'imaginer dans l'histoire, de plain-pied. »

Ainsi débute le prologue, je souligne, privilège, histoire, femmes, jouissance…

Quelques éléments choisis subjectivement. Mes lectures incomplètes de Simone de Beauvoir sont maintenant lointaines.

Privilège, « le Privilège n'est jamais un donné comme au temps de l'Ancien régime, un avantage incontesté, il est le résultat d'une conquête, propre à tout être, à l'intérieur de nos démocraties », les privilèges, « le Privilège de cette femme qui pense, élucide, et décrit l'être collectif de la condition des femmes n'est que le privilège, les privilèges de l'être humain en général », l'histoire, « le choix de l'histoire et de la mémoire comme lieux actifs, producteurs de pensées nouvelles, suscite l'appropriation de la transmission plutôt que sa passive réception convenue », l'histoire du présent vers le passé des historiennes, les femmes, « Un homme ne commence jamais par se poser comme un individu d'un certain sexe : qu'il soit homme, cela va de soit » (Simone de Beauvoir).

Dans cette invitation à lire et à penser, Geneviève Fraisse aborde, entre autres, la muse et le génie, la liberté et l'égalité, la hiérarchie du unet du deuxclôturant l'espace, le devenir sujet des femmes, la division entre biologique et social/culturel, le parcours d'une intellectuelle « qui débusque l'une après l'autre les places où sont assignées les femmes, malgré elles ou non », le penser comme acte simple, la raison, « Avoir la même raison que les hommes et vouloir s'en servir signale une capacité, un droit, mais aussi et surtout, une jouissance possible »…

L'école, « les filles se sont glissées subrepticement dans l'obligation, puis dans les interstices élitaires du système », l'émancipation par le savoir, le temps des « droits révolutionnaires » de la contraception et de l'avortement, l'écriture et la décision d'écrire sur les femmes, entre expérience et théorisation, « l'écriture de l'histoire des femmes échappe au biographique », commencer par une description de toutes les femmes pour se comprendre soi-même. Je souligne les pages autour des Mémoires, les réflexions autour du récit de soi, l'énoncé de la position sexuée, le « je », le sujet de la connaissance, « L'assurance de celle qui s'autorise l'exercice de la raison appartient à une tradition peu connue de l'histoire des femmes, et pourtant solide ». Une histoire longue des femmes…

La domination rend invisible la place occupée par le dominant, « l'homme peut oublier et faire oublier son sexe lorsqu'il se place dans un lieu de pensée », les hommes semblent être « naturellement » sujet. L'autrice pose une juste question qui devrait interpeller les hommes : « Mais pourquoi les hommes feraient-ils l'économie d'une étude du sexe masculin » ?

Il faut approfondir. Quelles sont donc les conditions pour des connaissances possibles ? « « Je suis une femme » est une condition de la pensée, cela implique ni une définition de ce qu'est cette femme, ni une certitude quant à la sexualité de cette femme-là ».

Geneviève Fraisse poursuit sur l'affirmation de l'égalité, – « désormais concept politique » -, le sujet sexué de connaissance. Elle souligne que « Ce n'est ni l'organe sexué, ni la sexualité qui fait la sexuation du sujet qui pense ». L'égalité est produite dans et par un rapport social.

Comprendre, élucider, tourner le dos au malheur, le luxe de l'impartialité, l'objectivité comme contradiction vivante avec le cogitosexué, « le tribunal ouvert au procès de l'inégalité des sexes se déplace du coté de l'espace de vérité créé par le savoir et la connaissance ; en rupture avec le passé ». Une rupture d'avec la cité aux portes closes et la démocratie exclusive…

L'autrice souligne que Simone de Beauvoir « se mêle donc clairement de ce qui la regarde ». Et si elle considère que « son cogito est historiquement daté », elle ajoute « Là où il me concerne, ce cogito, c'est en ce qu'il est une méthode, un parcours lucide ». Cette forme de lecture me semble bien plus adéquate au penser historique que les « affiliations » identitaires…

La marge, les regards obliques, le dévoilement et l'action, la pensée et la politique, l'histoire humaine comme promesse. Je souligne les pages de critique du terme « fraternité » inscrite dans une conception historique de la domination (qui ne peut être abordée comme un invariant), les femmes ne sont pas quasi immobiles dans leur état de subordination… le devenir historique, la promesse de l'égalité et de la liberté. Reste des difficultés liées, entre autres, à la « proximité des sexes ». C'est bien du coté des rapports sociaux et de leurs contradictions qu'il nous faut regarder. Donc « sursauter » et rejeter le terme même de « condition féminine », « Quand on me dit que je travaille sur « la condition féminine », je sursaute ; et je sais immédiatement que c'est une manière d'isoler la question du reste de la philosophie, de désamorcer la pensée qui pourrait surgir ».

Ce texte est suivi de trois lectures. « Comme un discours de la méthode », « Histoire et mémoire historique du féminisme », « Correspondante de guerre » et d'une conclusion « L'icône et après ». je laisse à chacun·e le plaisir de la découverte. Et je termine par une question soulevée : Comment les sexes font-ils aussi l'histoire ?

Lien : https://entreleslignesentrel..
Commenter  J’apprécie          40



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}