Citations sur L'ABCdaire de l'art contemporain (13)
Les résultats astronomiques des ventes d'oeuvres d'art aux enchères heurtent régulièrement le sensibilité du grand public. Mais ces sommes ahurissantes ne doivent pas masquer les réalités économiques : la grande majorité des artistes vivent très mal de leur art. Néanmoins, lorsque "les dieux" lui sont favorables, un artiste travaille généralement avec une ou plusieurs galeries (une en France, les autres à l'étranger) qui lui organisent en moyenne une exposition par an ou tous les deux ans. Le galeriste travaille au corps les collectionneurs privés, mais il s'adresse également aux institutions (musées, Frac, Fnac...), plus susceptibles d'acheter des oeuvres de grandes dimensions.
Qu'est-ce que l'art contemporain? Comment le définir? Quelles sont ses caractéristiques? Ces trois questions simples nécessiteraient, à elles seules, nombre d'ouvrages, de colloques et d'articles sans pour autant déboucher sur l'esquisse d'une réponse sur laquelle tous pourraient s'accorder. D'ailleurs, les définitions mêmes de l'art contemporain varient d'un auteur à l'autre. Habituellement, l'art contemporain débute dans les années 1960, parfois au début des années 1950, et fait suite à l'art moderne qui trouve sa source dans l'oeuvre de Manet et des impressionnistes. Mais l'art contemporain ne peut véritablement se définir. Il emprunte des voies et des cheminements réfractaires à toute analyse définitive - et celle-ci est-elle bien nécessaire? L'art n'est-il pas, malgré toutes les tentatives d'explication, ce scandale d'une liberté inconditionnelle puisqu'étrangère aux nécessités de la chose publique avec ses lois et ses valeurs?
Depuis une trentaine d'années, les collectifs d'artistes se sont multipliés, certainement pour plusieurs raisons. D'abord, parce que dans la jungle de l'art, on a plus de chances de se faire remarquer quand on est plusieurs. Ensuite, parce que les techniques artistiques se sont diversifiées et demandent de maîtriser des savoirs différents, si bien que la mise en commun de compétences est apparue comme une solution pour surpasser les problèmes techniques.
Dans l'imaginaire collectif, le critique d'art est celui qui, par de brefs articles, donne son avis personnel sur des expositions, et ainsi se démarque de l'objectivité journalistique. Cela est plus ou moins vrai, et il serait sans doute difficile aujourd'hui de faire la différence entre le journalisme artistique et une critique d'art que Baudelaire voulait nécessairement "partiale et passionnée".
(...) Les sculptures félines d'Alain Séchas invitent (elles aussi) à l'attendrissement. Leur mine innocente n'en rend que plus saisissant le réquisitoire que dresse l'artiste contre la violence de son temps, qu'elle exerce au sein de la famille, à l'école ou menace notre environnement.
L'apparition du land art et son retour à une mystique de la nature doivent être compris comme une ultime tentative pour élargir notre champ perspectif tout en détruisant définitivement l'ancienne hiérarchie des beaux-arts héritée du XIXe siècle.
L'idée d'unicité de l'oeuvre d'art fut longtemps un gage de valeur esthétique et donc de valeur marchande. Pourtant, dès l'invention de la gravure puis de la fonte des bronzes, il fut évident qu'une oeuvre pouvait également être multiple, c'est-à-dire éditée à plusieurs exemplaires normalement identiques les uns aux autres. L'histoire de l'art au XXe siècle n'a cessé de décliner les différents registres d'oeuvres à plusieurs exemplaires : lithographie, ouvrage luxueux agrémenté d'illustrations.
L'une des spécificités de l'art contemporain est d'avoir mis fin à une triple illusion : l'illusion d'éternité des oeuvres, l'illusion de leur ubiquité, l'illusion de leur évidence.
Si l'art a bien à voir avec la mort, il traite toujours plus ou moins du temps, c'est-à-dire de l'impalpable, de l'éphémère, de la disparition. Jamais comme au XXe siècle les artistes n'avaient à ce point cherché à représenter directement, souvent à l'aide des matériaux eux-mêmes, la fragilité des choses.
Auparavant, le dessin avait une destination préparatoire, il était considéré comme un outil de travail, une ébauche de l'oeuvre à venir. Aujourd'hui, si le marché de l'art continue d'attribuer aux oeuvres sur papier des prix inférieurs à ceux des oeuvres peintes, en revanche, cela fait longtemps, fin de l'ancienne hiérarchie des beaux-arts aidant, que le dessin n'est plus considéré comme une oeuvre mineure.