Déjà dans un article des "Cahiers du Cinéma" daté de 1986, Gilles Deleuze avait averti : "Il y a beaucoup de forces aujourd'hui qui se proposent de nier toute distinction entre le commercial et l'art. Plus on nie cette distinction, plus on pense être drôle, compréhensif et averti. En fait on traduit seulement une exigence du capitalisme, la rotation rapide. [...] Ce qui complique tout en apparence, c'est que la même forme sert au créatif et au commercial." Là réside en effet l'une des principales difficultés de notre temps : faire le tri entre un art contemporain "authentique", qui ne cesse de nous interroger, et des oeuvres ayant pour seul intérêt d'illustrer la vacuité de notre monde. C'est ce que tente ce modeste petit livre.
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Si l'installation est un genre apparu au XXe siècle, il est difficile toutefois d'en préciser la date de naissance. Elle semble liée à l'histoire de la performance - les premières, celles d'Allan Kaprow, ont lieu dès les années 1950 - aux dispositifs théâtraux dans lesquels se déroulent les actions.
Il y a encore peu de temps, les catalogues d'expositions se distinguaient par leur austérité scientifique, et les illustrations se limitaient à de petites vignettes en noir et blanc. Depuis les années 1980, on a pris en compte cet état de fait : le catalogue est souvent le premier contact avec l'oeuvre d'un artiste, c'est pourquoi il doit être attractif en comportant des reproductions couleur de qualité. De plus, il est la plupart du temps la seule trace qui subsiste après l'événement de l'exposition, si bien que parfois un artiste l'impose comme une condition pour accepter d'exposer. Car le catalogue est avant tout un outil de travail. C'est cela que l'artiste envoie à des galeries ou à des critiques d'art susceptibles d'être intéressés par sa démarche.