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84 pages
Book*hug (31/05/2011)
5/5   1 notes
Résumé :
Picture World? Est le premier livre complet du poète danois Niels Frank à être publié en anglais. Tour à tour drôle et sérieux, ironique et sincère, drôle et sournois, conversationnel et ludique inventif, il entraîne le lecteur dans un ensemble de contemplations qui se complexifie au fur et à mesure que ses éléments se reproduisent, se renforcent et se déforment les uns les autres, éclairent mais aussi doutent. . En tant que séquence poétique en vingt-quatre parties... >Voir plus
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
3

Je vois qu'il est dix-neuf heures trente-cinq à Broadway

Comme le temps passe. Tu me manques sans cesse

semble dire le cadran et ses signes fatals.

Fatals : comme si l'horloge était une roue de la fortune.

Fatals : rechercher sans cesse la vérité

si tu comprends ma langue légèrement poétique.

Si.

La langue dit : on voit à perte de vue les masques rouges suspendus

à leurs piquets métalliques tout le long de Broadway.

Oh : les feux clignotants. Maintenant, tu comprends.

Des feux clignotants !

Mais oui, naturellement.

Et que disent ces feux rouges ?

Ils disent : ÇA NE PASSE PAS.

Je reste donc là planté dans le vent entre les gratte-ciel

une mouche sur l'épaule. Des temps meilleurs

devraient tout de même venir nom de Dieu.



Chez Yolanda et José et leur petit Ed en Californie

on pose un gâteau sur la table

comme si le temps avait soudain décidé de se célébrer lui-même.

La crème fouettée fait des grumeaux sur le gâteau comme du moisi sur le bonheur

et au milieu de ce bonheur blanc de craie on voit les petits baisers sucrés des fraises.

Encore des masques rouges. Mais je l'ai déjà dit :

Si tu veux connaître la vérité

il s'agit de choisir les bons signaux.

Si.

Dessous c'est le gisement du chocolat et de la crème

- davantage de vérité : ce que tu cherches est ce que tu trouves.

Non l'inverse ! Si tu cherches, n'est-ce pas.

Si.



Dans le monde des images, la chance est capricieuse

et la chance est chanceuse et coetera.

la chance est séduisante que c'en est infernal.

Moi je l'ai vu maintes fois mais pas toi.

Quand les richards remontent et redescendent Broadway

dans leurs limousines qui rappellent des cercueils

devant les touristes épatés et les agents publicitaires aux mains automatiques

qui saluent du bout de leur chemise rutilante. Je me rappelle

avoir rêvé qu'on me donne un seul jour seul à New York

sans les suppléments sans fin des journaux que l'on a oubliés une heure plus tard

sans agents de change ni clochards ni jeunes artistes prometteurs.

Un seul jour. Mais ce jour n'est jamais venu.

Et PUIS QUOI : ce que j'obtiens est ce que je rêve.

Non l'inverse ! Si je rêve, n'est-ce pas.

Si.



Hélas comme le destin est capricieux et fatal et coetera

à cet instant tandis que fondent pendules et gâteaux

dans les grandes villes comme un mirage tellement déplacé

l'oeuvre pailletée d'une fée du destin montant dans le bleu du ciel.

Dans ce monde d'images à l'intérieur du monde des images

ils riment à la perfection

l'horloge et le gâteau

et le gâteau et l'horloge.

Tu le vois bien toi-même en cet instant de grâce de dix-neuf heures trente-cinq.

Si tu vois quelque chose, n'est-ce pas.

Si.
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Dans un de ces univers intimes un vieux monsieur laisse

à penser que nul ne l'a jamais quitté

nul n'a jamais rêvé de lui.

Mais je n'en sais rien n'est-ce pas !

Quelqu'un peut-être rêve tristement de lui

quelqu'un peut-être l'a réellement quitté sous la pluie.

L'espace sous son parapluie est noir comme dans un encrier

une mélancolie.

Oh si l'on pouvait éclairer l'intérieur de cette noirceur.

Si l'on pouvait allumer un feu dans son encrier !



Un cinquième homme est mobile sous un cinquième parapluie

mobile jusqu'à un certain point.

En lui s'affrontent (je pense) un ordre strict

un vain combat contre la négligence

contre les ombres saugrenues

comme s'il était dans l'impossibilité d'oublier

tout ce qu'il n'a pas pu voir.

Dans le non-vu tous les détails font peur

panneaux avertisseurs pour le souvenir : FAIS UN DETOUR.



Plus loin, sous un parapluie bleu marine, une femme

fait tourner son ciel.

Le squelette métallique sous l'étoffe tourne aussi en rond.

Tourne. Tourne.

Comme beaucoup d'X marqués les uns sur les autres :

le plaisir que donne le nom X.
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La langue aussi je l'ai oubliée au milieu de tout ça

et la jouissance retorse que l'on éprouve à retourner ses mots et ses idées. Retourner. Retourner

si bien que pour finir rien n'est ce qu'il paraît être.

Rien : toujours déguisé autrement.

J'oublie que la langue n'est plus fiable

cette langue retouchée et archi-pelotée

une langue pleine de coupures, d'ajouts et de recollages.

Une langue qui ne sait plus que citer le mensonge.



J'oublie que la guerre des religions ne finit jamais

parce qu'on n'en finit pas de se battre pour la vérité.

J'oublie que tous ceux qui croient ont vu la lumière

trouvé la vérité.

J'oublie qu'ils sont toujours sur la bonne voie.

Tous les autres ont trouvé le mensonge

et doivent avancer à tâtons dans une obscurité éternelle

prendre la route qui mène directement au vide

à l'inanité

à l'insanité.

Comme si la seule manière d'éviter le vide

était de s'enrôler dans la guerre.
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1



Sous le premier parapluie, un homme

un fonctionnaire d'après moi

l'un des fidèles entre les fidèles :

un titulaire de la prose.



Sous le deuxième parapluie, un deuxième homme.

Mais dire

comme je le dis à présent

qu'il n'est jamais aussi heureux que sous la pluie à New York

c'est tout à fait idiot - pardon : tout à fait con.

Comment pourrais-je savoir ce qu'il pense ?

Moi qui déteste quand il pleut à New York

Je pense à quoi ?

Je pense qu'un peu de pluie à New York ce n'est peut-être pas si mal.

Voyez vous-même : les parapluies poussent allègrement quand il pleut.



Sous le troisième parapluie, un troisième homme

qui sous la pluie découvre le monde qui ruisselle pour la première fois

je pense

un mégot nageant dans l'eau de pluie

la lumière rouge d'un restaurant délayée sur le trottoir

Je pense : sous le parapluie, tout est un univers intime.

Personne n'y a accès

à moins d'y être déjà.
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2

J'oublie Gaza

la Tchétchénie

Guantanamo.

J'oublie les écoles incendiées et les enfants brûlés vifs

les parents aux yeux éteints

- d'où toute lumière a soudain disparu.

J'oublie les enfants bourrés de résidus chimiques

ceux qui à chaque instant frappent à la frontière

d'une vie inconnue. Mais personne ne leur ouvre.

J'oublie le fanatisme des matches de football

l'éternelle bousculade les braillements des spectateurs qui veulent leur mamelle.

J'oublie ceux qui luttent pour davantage de vacances

davantage de temps sans les autres.

J'oublie qu'une cuite est déjà un petit séjour

à la clinique de désintoxication (aussi nommée la Cale sèche).

J'oublie les milliers d'antennes de télé plantées partout

espèce d'extincteurs qui crachent des images de rêve

jusqu'à ce que les rêves explosent dans toutes les têtes.
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