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Critique de SebastienFritsch


Ce texte se divise en 2 parties : les souvenirs de Frankl sur sa détention à Auschwitz et un résumé de la méthode qu'il a créée, la logothérapie.
Comme tout témoignage de rescapé de l'horreur nazie, la première moitié est bouleversante, dans tous les sens du terme : révoltante par rapport aux atrocités commise, émouvante face aux gestes et paroles d'humanité des déportés, source d'incompréhension devant l'attitude des bourreaux et d'admiration pour le courage et la force d'âme des survivants.
Évidemment cette lecture m'a ramené au livre de Primo Levi, lecture la plus marquante de toute ma vie de lecteur. Frankl entre moins dans le détail (son texte est plus court) et présente son travail avec l'oeil du médecin psychiatre. Ainsi, Levi exposait les motivations et les choix qui l'ont aidé à survivre (le principal étant de regarder chaque autre déporté comme un homme, pour s'opposer à l'objectif des nazis de les transformer en objets, en outils, numérotés comme pour faciliter l'inventaire, exploitables jusqu'à la "panne" définitive et jetables quand il ne "fonctionnent" plus). Frankl, lui, décrit plutôt en observateur extérieur les différents stades psychologiques par lesquels peuvent passer les personnes enfermées dans les camps de concentration. La sidération, la détermination pour survivre ou la résignation et la perte de toute volonté et l'abandon à la mort. Il décrit son propre vécu, les idées, réflexions, actions auxquelles il s'est accroché. Il évoque aussi les paroles qu'il a prononcées face à des désespérés. Mais le plus souvent, il parle des autres, de leur attitude, à l'entrée dans le camp, au fil des mois, au moment de la libération et durant la période du retour chez soi. Chacune de ces étapes est analysée du point de vue psychologique et permet à Frankl, en tant que médecin, de tracer les grandes lignes d'une psychologie de l'enfermement, dont il ajoute même des exemples venus d'autres types de prisonniers, retenus dans d'autres pays en guerre, dans des conditions différentes des camps de concentration.
Ce travail d'observation a permis à l'auteur de bâtir une méthode d'aide psychologique, la logothérapie, dont le moteur principal est la recherche d'un but.
S'opposant à ses prédécesseurs, Freud et Adler, dont il fut proche avant de rejeter leurs conceptions, il ne promeut pas un retour sur le passé, long, parfois douloureux, mais une projection vers l'avenir. Il parle d'intention, qui peut être réfléchie et constructive ou au contraire excessive et contreproductive, dans le sens où le fait de s'accrocher à un objectif jusqu'à en faire une obsession peut conduire à l'échec. Il suggère même, pour atteindre son but, de rompre avec l'habitude de le fixer un but de cette façon anxieuse, mais plutôt de faire preuve de détachement et de laisser venir. Cela n'est sans doute pas applicable tout le temps, mais il donne notamment comme exemple les difficultés d'endormissement : plus on se dit qu'il faut dormir, moins on y arrive ; s'occuper l'esprit autrement, jusqu'à ce que le sommeil arrive sera beaucoup plus efficace. C'est un exemple simple, voire simpliste présenté ainsi, mais qui a l'avantage d'être parlant (surtout pour moi).
Cette lecture a donc été intéressante, pour ses 2 parties. le seul défaut de ce livre est qu'il est trop court et le témoignage comme la théorie exposée ensuite manquent d'approfondissement. Ils donnent alors l'envie d'aller plus loin en lisant les autres oeuvres de Viktor Frankl.
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