AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Toute une expédition (21)

"Qu'est-ce qui t'est passé par la tête, espèce de cinglé ?" Juan Desoto s'agenouilla au-dessus du chef et lui asséna une bonne claque tandis que des soldats lui enfonçaient des clous dans les mains. "Nous t'aurions converti, toi et ton peuple. Vous seriez allés au ciel, vous auriez pu sauver vos âmes puantes, mais vous avez préféré, cervelles de mouches que vous êtes, mijoter pour toujours aux enfers. Vous sentez à présent ce dont parle Dieu quand il évoque la vengeance…"
Casqui lui cracha au visage, ce qui ne fit qu'aiguillonner encore plus le missionnaire. "Je t'aurais parlé du Saint-Père à Rome, espèce de crétin, du Grand Inquisiteur et de sa bonté radicale, des pensées purificatrices de l'inquisition…"
… Quand on dressa la croix où était cloué le chef, les cantiques recouvrirent les cris de Casqui.
"Voilà ce qui arrivera à tous ceux qui s'opposeront, annonça Rodrigo, debout sur un tonneau. C'est la logique de la guerre : la cruauté. L'ennemi doit être éradiqué." Les Indiens regardaient ce nain furieux, un soldat de plomb étincelant sur son cheval avec sa cuirasse, ses jambières et ses bras d'armure. Ils ne comprenaient pas le moindre mot. Leur chef crucifié braillait à l'arrière-plan, et ce nain hurlait à l'avant. Lorsque Néron voulut se lancer dans un discours empreint de gravité, la croix bascula et resta planté de biais comme un avion en plein crash, si bien que le martyrisé suspendu subissait à présent la tension d'un baldaquin et que son support risquait l'effondrement pur et simple, ce qui déclencha chez certains un rire involontaire.
Dès qu'on eut redressé la croix, Néron dit :
"Qu'il est bas, le soleil, juste au-dessus de toi, car bientôt tout ton corps puera comme un putois. Ton éclat d'autrefois pâlit au crépuscule, tu finis au poteau et plein de mouches au cul."
Commenter  J’apprécie          199
Independance Day

Hier aujourd'hui était encore demain, et après-demain demain sera hier. Il arrive qu'un chose soit vraie s'en qu'on s'en aperçoive. On écrit l'Histoire, elle est partiale, elle grouille de bouffonneries. Le Roi-Soleil, Louis XIV, par exemple, était un gros plein de soupe édenté et vorace dont le potage, au diner, giclait par les narines. Le cerveau d'Albert Einstein fut volé par un anatomiste et transbahuté par monts et par vaux pendant quarante ans. Le pape Innocent VIII était tellement gras que de petites lunes gravitaient autour de lui. Ça non ! Mais il fallait que des serviteurs le retournent dans son lit, et de jeunes femmes venaient l'allaiter. Abraham Lincoln fut abattu par un comédien et George Washington est mort parce que ses médecins lui avaient soutiré trop de sang. On a volé le petit doigt de Charles Quint et … même Christophe Colomb n'a découvert l'Amérique qu'à la suite d'une erreur de calcul.
Et c'est ce genre de personnages historiques qu'on trimbale dans les défilés ?

(Incipit du roman)
Commenter  J’apprécie          182
- Et si nous déposions notre flouze dans une banque ?
- L'argent n'a pas de vagin. Quand on fait de l'argent avec l'argent, c'est qu'il vient de quelque part et que quelqu'un le perd. C'est un vol encore plus scélérat que nos petites affaires. Qu'un banquier commence par me montrer l'utérus de l'argent. Ils disent qu'on n'a pas le droit de le garder dans des capotes anglaises pour qu'il se multiplie.
- Dans des bas de laine ?
Commenter  J’apprécie          90
Plus d'une fois, la vie de Ferdinand dans le Nouveau Monde tint à un fil ténu. Les conquistadors qui agissaient au nom de l'Espagne et de l'Église étaient une bande de brigands légitimés par l'État et dénués de scrupules. Même les missionnaires étaient plus intéressés par la chair des femmes indigènes que par le salut de leur âme.
Commenter  J’apprécie          60
Mourir n’est pas une chose pour laquelle il vaille la peine de vivre.
Commenter  J’apprécie          162
Le christianisme est une religion de l’égoïsme. Chacun se préoccupe d’abord de son propre salut, il n’y a qu’un seul Dieu. Si nous réussissons si bien, c’est que nous sommes une masse d’individus. Les Indiens, eux, se considèrent comme une entité globale. On bien ils vont ensemble au ciel, ou bien ils n’y vont pas du tout.
Commenter  J’apprécie          40
Un arquebusier perdit la raison et prit la fuite, persuadé que toute l’expédition avait la peste. Ce n’était pas vrai, et pourtant les Espagnols détenaient une arme biologique dont ils ignoraient totalement l’existence et la dangerosité, quelque chose qui propageait la maladie du charbon, la brucellose, la leptospirose, la trichinose, la tuberculose et quelques autres choses encore, qui ouvrait des trouées dans la croissance démographique des Indiens et éradiquait des tribus entières – il ne s’agissait pas d’un virus créé en laboratoire, non, c’étaient les réserves mobiles de viande qui apportaient la mort : les cochons ! Ces animaux à soies causaient cent fois plus de dégâts parmi les indigènes que tous les Espagnols et tous les Anglais réunis. Pour les agents pathogènes, ces bestiaux étaient de véritables cars de tourisme. Quelques transmissions à des chevreuils ou à des perdrix suffisaient à contaminer des contrées entières. Ce n’était pas Desoto qui allait conquérir l’Amérique, pas plus que les Anglais ou les Français, mais les cochons…
Commenter  J’apprécie          30
Et voilà qu’on l’informait qu’au moment où des crimes contre l’humanité avaient été commis à leur encontre, les Indiens n’étaient pas encore des citoyens des Etats-Unis. Les Native Americans auraient dû se trouver au moment de leur naissance dans un avion volant au-dessus des frontières actuelles des USA pour être reconnus comme citoyens américains, hypothèse que l’on pouvait exclure d’emblée pour ce qui concernait les XVI et XVIIe siècles. Quel joyau de l’idiotie juridique ! Il n’existait par ailleurs aucun document prouvant que les Indiens avaient été les propriétaires légitimes du pays. Des notions telles que possession et propriété leur étaient étrangères. Ces catégories n’avaient été introduites que par le capitalisme dans le but de protéger les biens privés. Jusqu’à l’institution des cadastres, des registres d’état civil et de baptême ou d’autres documents légitimant les rapports de propriété de cette époque, on serait donc contraint… Rhubarbeàbarbedebarbare… Le rédacteur se vautrait dans le cynisme et les petits jeux intellectuels. Si la bêtise pouvait rapetisser un homme, il allait pouvoir sauter sous le tapis en parachute.
Commenter  J’apprécie          30
Les corsaires étaient respectueux de la loi, simplement la loi qu’ils respectaient était un peu particulière : quiconque trompe la communauté doit être déposé sur une île déserte, quiconque vole ses pairs doit s’attendre à avoir le nez et les oreilles coupés. Nul n’a le droit de jouer pour de l’argent. Lanternes et bougies doivent être éteintes le soir à huit heures, qui veut continuer à boire ensuite doit le faire sur le pont et dans le noir. Les gamins et les femmes ne sont pas autorisés à bord. Qui fait monter une femme est condamné à mort. Le même destin guette celui qui quitte son poste de combat. Le port d’une flamme vive dans la cale est puni d’au moins quarante coups de fouet. Qui commet un meurtre est attaché à sa victime et jeté avec elle par-dessus bord...
Commenter  J’apprécie          20
De notre point de vue, la caractéristique majeure du XVIe siècle était sa brutalité. On aurait pu croire que la mafia avait lancé à tous les surveillants de camps de concentration un défi à celui qui serait le plus atroce. On écartelait les gens, on les sciait vifs ou on les tressait sur une roue en leur broyant les membres. Nous mentionnerons seulement en passant que, pour intensifier le spectacle, on avait de surcroît préalablement arraché les tétons des malheureux avec des tenailles chauffées au rouge et que l’on versait dans les blessures du plomb fondu, du goudron et du soufre. Brutal ? Non, monstrueux et méprisant pour l’être humain, d’une cruauté démesurée.
Comparée à l’arbitraire des gouvernants, l’Inquisition était une amicale altruiste de pêcheurs à la ligne, ce qui n’empêchait pas non plus le Saint-Office de torturer, de bannir et de brûler. Le pire fut que la délation put ainsi célèbrer sa résurrection. On ne comptait plus ses innocents accusés de chiromancie, de bigamie, de sodomie, d’invoquer les démons, d’offenser les cloches des églises, de profaner l’hostie, de transgresser les règles du jeûne ou d’autres pratiques obscures, personne ne pouvait plus croire sa propre peau à l’abri – et ce au sens littéral du terme. Dans le Nouveau Monde, la population indigène fit connaissance avec les doctrines du Christ à coups de massacres. Comme si cela ne suffisait pas, les Turcs sévissaient dans les Balkans. Toute l’Europe se recroquevilla comme une limace dans le sel -- et le sel, c’était les Ottomans.
A côté de cela, la vie suivait son cours tout à fait normal, avec chagrins d’amour, soucis financiers, projets de mariage et recettes de cuisine. Le peuple se réjouissait en lisant Amadis de Gaule, admirait les tableaux d’Arcimboldo et de Jérôme Bosch, il contemplait avec étonnement les personnages apotropéens aux façades des maisons, découvrait les pommes de terre, le cacao et le tabac, se piquait avec les ananas, s’énervait contre de honteuses vagues de hausses de prix et voyait dans les caprices du climat un signe avant-coureur du Jugement dernier.
Commenter  J’apprécie          50






    Lecteurs (52) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Compléter les titres

    Orgueil et ..., de Jane Austen ?

    Modestie
    Vantardise
    Innocence
    Préjugé

    10 questions
    20399 lecteurs ont répondu
    Thèmes : humourCréer un quiz sur ce livre

    {* *}