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Critique de zenzibar


Comme dans son « Moi Bouddha » plutôt que d'écrire un savant traité de sagesse José Freches met en scène Confucius, narrateur du récit pour rendre vivants et concrets les actes et la pensée du maitre.
Et l'auteur n'hésite pas à prendre certaines distances avec le mythe voire à être un tantinet iconoclaste. Confucius apparait par séquences non comme un sage imperturbablement « zen » mais traversé aussi de faiblesses comme celle de briller auprès du Prince, pour la « bonne » cause mais tout de même des élans de courtisan au parfum de vanité.

Confucius (-551/-479 av JC),e nom latinisé de K'ong, est considéré comme le premier maître en sagesse et fut quasi divinisé sous la dynastie Han et surtout Ming. Il vécut pendant la période des « Printemps et des Automnes » (-770/-476 av JC) qui précéda celle des « Royaumes combattants » (-476/221 av JC).
Cette période fut très troublée, la famille de Confucius étant elle-même victime de vicissitudes de cette instabilité. Dans ce contexte, il n'est pas étonnant que la pensée de Confucius ait été imprégnée par la nostalgie d'un âge d'or de stabilité et de prospérité. Cet âge d'or aurait été mis en péril par l'abandon des règles d'or assurant l'équilibre céleste.

Confucius s'efforce au fil des différentes fonctions, d'obscur rédacteur lettré à ministre de revaloriser ces règles formelles autour du respect des rites et de convaincre les souverains de gouverner selon des principes de justice, dans le cadre du respect du mandat du ciel qui leur a été confié.

C'est ainsi que selon Confucius, l'homme ne peut prétendre gouverner un pays s'il ne sait pas se gouverner lui-même .... un aphorisme universel ô combien actuel en ces périodes électorales diverses.
L'homme supérieur se cultive et prône la justice, il accomplit ses devoirs et aime les autres, l'homme qui possède le jen. L'homme de bien doit renoncer aux signes extérieurs de réussite.
Pour Confucius il faut donner un sens moral à l'ordre social et à cette fin il faut éduquer les élites. le maitre assure cet enseignement à ses disciples.
Etre juste, être humain c'est se comporter rituellement, adopter le geste et le mot justes.

« La nature rapproche ; le rite distingue »

Il existe un ordre cosmique et il ne faut pas offenser le ciel.
On rappelle que le « ren », l'idéogramme qui représente l'homme, exprime cette filiation, cette solidarité entre la terre et le ciel, l'homme qui ne peut être que dans sa verticalité essence-ciel,
Cet ordre apparait par exemple dans les cinq éléments, le bois (l'humanité), le métal (le sens du devoir), le feu (le sens des rites), l'eau (la sagesse) et la terre (la sincérité). Principes également qui interpellent plus que jamais.
En Occident la conception « laïque », « amorale », de la matière, vivante ou minérale, désinhibe toute retenue dans le traitement infligée sur Terre par l'homo dit sapiens à l'environnement.

L'être ne doit compter que sur lui-même, il ne peut espérer en un au-delà et dans cette vie terrestre.
A cet égard l'aphorisme du maitre « Respecter les diables et les dieux s'en tenir éloigné » peut être rappelé.

La vie de Confucius et ses pérégrinations dans différentes cours ne peuvent pas ne pas faire songer à Platon qui, à une période presque contemporaine, aspirait à conseiller le Prince, avec « La République » et ses actions auprès des tyrans en Sicile. Projet illusoire de créer un roi philosophe ….échec et mat pour les deux sages !!.

A l'origine, j'avais plutôt prévu de rédiger une critique du livre succès intergalactique de Yu Dan « le Bonheur selon Confucius » ; mais j'avoue ma préférence pour le livre de José Freches, celui de Yu Dan est construit différemment mais avec une ligne éditoriale en définitive assez proche.

Un vrai bonheur que ce livre de José Freches

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