Je suis la seule à manipuler l’absence, à devoir en faire quelque chose, à devoir la façonner pou ressusciter ce qui ne peut plus être vivant, faute de l’avoir jamais été. En dehors de cette tâche, et même à travers elle, je n’existe pas. K m’écrit pour adresser quelques chimères de plus à sa propre folie. Il m’écrit pour se surprendre lui-même. Il m’écrit sa lubie pour flatter son extravagance.
Je ne suis pas dieu. Si jamais il y en a un, il n’y en a probablement pas deux.
« Nous sommes tous sans exception des exilés de l'intérieur."
Je devrais travailler à la femme-murmure au lieu d’écrire dans le cahier… mais la nuit est si souvent trop belle. Elle me parle et je l’écoute : elle m’apprend : je note. Je voudrais qu’elle ne se termine pas, de la même façon je souffre de voir l’aiguille du gramophone tourner à vide après les tristesses de Schubert.
Sur le dessin vous êtes soumis. Vous étiez soumis à votre propre absence à l’amour. Ni vous ni moi n’avons été vrais. Aujourd’hui subsiste un mensonge, laissant plus que jamais large place au vide.
Je deviens ainsi votre marionnette, la seule « vraie » poupée de l’histoire, celle que l’on manipule pour créer illusion, pour combler un vide, ou du moins temporairement l’oublier. Temporairement. Voilà toute la valeur que vous m’accordez.