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Critique de Littecritiques


C'est un roman écrit sous la forme d'un journal intime, dans un carnet où les mots prennent un ton expiatoire. L'auteur y raconte une bribe de sa vie entre le 1er janvier et le 25 décembre 2016. Quelques mois seulement s'écoulent et pourtant, ils auront vocation à troubler sa paisible existence.

Les premiers jours racontés dans ce carnet sont très poétiques, presque irréelles. Les paysages, l'ambiance, la vie de René sont doux. Puis, parallèlement, on apprend que René est bénévole en prison. Il s'y rend chaque semaine pour animer un atelier d'écriture. Là-bas, quelques années auparavant, il y avait rencontré Kader : un homme très souriant mais qui n'a jamais écrit un mot. Alors que sa vie tranquille naviguait entre l'écriture et sa relation passionnée avec Isabelle, il reçoit un coup de fil. Il décroche. Kader qui vient de s'évader de prison pour la deuxième fois lui demande son aide. René accepte. Décision peu réfléchie qui va changer sa vie pour toujours…

On assiste à un récit entre réalité et fiction puisqu'il avoue avoir, dans la vraie vie, hébergé un évadé pendant cinq jours. Dans ce roman, il s'implique jusqu'à risquer sa liberté pour venir en aide à cet ancien détenu en cavale. Il devient, à la fois volontairement et paradoxalement à contrecoeur, son complice. Il est alors pris de vertige quand il voit les actes qu'il commet et dont il se sent responsable. Il ne dort plus et ne mange plus. Pour éviter la prison, il est même contraint de partir, abandonnant ainsi Isabelle et son amour. Il somme parfois de se réveiller, comme si tout ça n'était que le fruit de son imagination, que Kader n'était qu'un personnage de papier. La frontière avec le réel se brouille magistralement. Il nous déstabilise : récit autobiographique ou fiction déguisée ? René Frégni, l'auteur, ne fait-il que prêter son nom et quelques éléments autobiographique à son personnage de roman ?

L'auteur semble interloqué par la transgression, la distinction entre le bien et le mal et tient d'ailleurs un discours lors de son interrogatoire où il explique qu'on ne devient pas délinquant par hasard, que c'est le fruit de circonstances malheureuses. Il s'attache, par le biais des ateliers et l'aide apporté à cet évadé, à vouloir réintégrer les détenus dans la société civile. Il est persuadé que les mots sont rédempteurs « Personne ne naît monstrueux (…) ce sont certains quartiers et les prisons qui nous rendent monstrueux. Je ne leur apporte aucune arme, je leur apporte des mots. Je leur apporte ce qu'ils n'ont jamais eu ».

Malgré tout, de la noirceur de ce récit oscillant entre carnet de bord et véritable polar, ressortent une écriture poétique, des paysages sublimes et un goût extrême pour la liberté et la vie.
Lien : https://littecritiques.wordp..
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