LeRoy pensait que personne viendrait ce soir-là et il avait préparé à manger pour lui-même, Big jake et Shorty, après ils joueraient p'têt un peu aux cartes pour voir s'il pourrait pas prendre les quelques sous qui restaient à Shorty. Big Jake était presque aussi grand que LeRoy, mais il avait la peau café au lait et parlait d'une voix douce. Il avait ramassé le coton depuis l'âge de sept ans, cinquante et un an en arrière, il avait une femme et six gosses et dix-huit petits-enfants. D'après la parole, la moitié des enfants du Hameau appartenaient à Big Jake une façon ou l'autre. Tout le monde connaît Big Jake, il est connu pour ses chants de cueillette et à cause des mules qu'il sait cajoler pour les faire avancer, et s'il peut rien en tirer, il les soulève pour les faire repartir.
Mais une force plus puissante que celle de l’homme abaisse les eaux et calme les ouragans, fait pousser des fleurs où il n’y avait que du mépris.
Billy appelait les rêves, mais ils sont pas venus.
Lentement, Cinder descend de la galerie. Ses yeux sont fatigués, ses longs cheveux noirs pendent sur ses épaules, sa peau cuivrée paraît ternie par les épreuves des jours passés et les griffes de la nuit.
Cinder le fixait, les yeux incendiés par la couleur de son âme.
Eux aussi ils ont leur façon de s’asseoir, ça peut être sur les marches, il y en a même qui restent debout, mais les langues vont bon train, c’est toujours la même histoire, simplement racontée différemment.
Le temps n’est pas un ami, il a tourné le dos et ne veut pas aider, ne changera rien, ne ralentira pas ce qui change [...] Alors qu’il a donné des moments si librement, en abondance, il donne à présent l’éternité.