Il murmure les dernières lignes. Les mots "jamais plus!" sont à peine audibles dans le salon, mais il sait qu'ils résonnent comme une explosion dans leurs têtes. Dans les secondes qui précèdent les applaudissements, il lève la tête et promène son regard sur l'assistance.
C'est alors qu'il l'aperçoit à la porte.
Il ne faut pas juger l'arbre par l'écorce.
Le scandale est l'épreuve la plus salutaire à laquelle puisse être confronté l'être humain. S'humilier de la manière la plus grossière, c'est s'assurer la santé de l'instinct de conservation. Heureusement je suis tombé. Misérablement. Violemment. Sans gloire. Je me suis retrouvé par terre à supplier le scandale de me réduire à néant. Or le scandale ne tue pas sa victime, il n'est pas aussi prévenant. Il te plonge le visage dans la merde et t'envoie le lendemain sur ton lieu de travail à la vue de tous. Et c'est seulement lorsque tu te tiens dans l'embrasure de la porte, tous les yeux braqués sur toi dans un ricanement général, que le scandale a fait son travail et que le renouveau peut s'amorcer.
Une passion si débordante pour la mort qu'il n'a pas su aimer quelqu'un d'autre.
La peur est constamment tapie en nous, pensera-t-il quelques années plus tard. Le jour, nous cherchons à nous la dissimuler, mais la nuit, nos pensées prennent le dessus. Tout ce que nous faisons est gouverné par la peur ou par le désir que nous avons de nous y soustraire.
La foule le choque. Il l'aime. Il la hait et la craint pour ce qu'elle peut lui faire. Il la condamne et l'envie.