On m’a bien eu! On m’avait dit qu’on dormait seul, ici!
Bah tu vois, on dort seuls, on a personne pour nous bercer!
Qui vous a donné l'ordre de faire un détour inutile ?!
Il est à qui, ce bateau ?
Il est à l'entreprise qui paie pour l'affréter !
Alors ceux qui ont le droit de l'ouvrir ici, c'est M.Suda, le patron et moi !
Tu fais le fier en disant que t'es le capitaine mais tu vaux pas plus que le papier pour essuyer la merde !
Dans les remblais pour construire les ports,les ouvriers atteints de beriberi étaient enterrés vivant,tels des piliers humains
Des couches de morceaux de chair pareils à des sashimis de thon,consolidaient les galeries.
On surnommait ces travailleurs des" pieuvres "car les pieuvres sont capables de manger leurs propres tentacules pour survivre.
Jamais autant qu'à l'usine je n'avais perçu avec autant d'acuité le sens du mot « économie ». Économie de geste. Économie de paroles.
Si jamais on perdait, alors les jeunes japonais que vous êtes, avec vos couilles ballantes, vous n'auriez plus qu'à vous ouvrir le ventre et vous jeter dans la mer du Kamtchatka ! Pas question de se laisser vaincre par ces lourdauds de russkofs !
A Hokkaïdo, chaque traverse de voie ferrée était taillée dans le cadavre bleui d'un travailleur. Ceci n'est pas une figure de style. Sur les chantiers portuaires, les travailleurs victimes du béribéri étaient ensevelis vivants dans les terres gagnées sur la mer.
'Intendant savait mieux que les travailleurs eux-mêmes jusqu'où on pouvait repousser les limites du corps humain.
Le récitant ajouta ce commentaire, qui n'était pas dans les sous-titres :
« Car l'assiduité au travail est la mère de tous les succès ! »
Les ouvriers saluèrent ce commentaire par des applaudissements « zélés ». Cependant, il y eut quand même un pêcheur pour crier : « Fadaises ! Si c'est vrai, alors pourquoi que je ne suis pas le patron, moi ! » Ce qui déclencha à nouveau l'hilarité générale.