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Critique de Tatoulit


J'ai découvert Julia de Funès grâce au podcast Les Chemins de la philosophie, sur France Culture. Car oui, Julia de Funès est philosophe. Et oui, c'est bien la petite fille de Louis de Funès (voilà, c'est fait, vous ne vous poserez pas la question).

J'en imagine déjà certains se précipiter sur la petite croix en lisant le mot "philosophie", les souvenirs de terminale remontant à la surface, les dissertations de 4h sur des thèmes improbables...Restez ! La philosophie, ça peut être chouette (sexy même, comme dirait Marie Robert, dont je vous encourage vivement à écouter les podcast). Si, si, promis !

Titulaire d'un doctorat en philosophie et d'un DESS en management des ressources humaines, Julia de Funès a commencé sa carrière comme chasseuse de têtes. Elle reviendra par la suite à sa passion initiale en se servant de son expérience passée pour se spécialiser dans la philosophie en entreprise.
Elle a fondé son cabinet de conseil, créé et présenté un programme quotidien sur France 5, animé une chronique philo business sur BFM et publié plusieurs livres.

C'est de l'un de ces derniers dont je vais vous parler aujourd'hui : Socrate au pays des process, publié en 2017.

L'objet de l'ouvrage est explicité par l'auteur dans la postface : il se veut être « une ouverture philosophique, une invitation au bon sens, à l'évidence intuitive, à la pensée singulière, personnelle, libre, qui évite le piège du conformisme, de la soumission à l'avis général et à l'air du temps ».

Avez-vous déjà été confronté, en entreprise, à une situation vous semblant des plus absurde ? Une situation qui n'aurait pas lieu d'être si le bon sens prévalait sur les process ? Imaginez que vous vous rendez une fois par semaine depuis plusieurs mois dans une entreprise qui n'est pas la vôtre pour une mission quelconque. A ce rythme, la personne chargée de la sécurité, toujours la même, commence à bien vous connaître. Pourtant, elle vous demande, lors de chaque passage, de lui présenter votre carte d'identité. Un jour, vous n'arrivez pas à mettre la main dessus. Elle insiste, elle ne peut pas vous laisser passer sans preuve d'identité. "Mais vous me connaissez, vous me voyez toutes les semaines !" tentez-vous d'argumenter. "Le process c'est le process." Fin de non-recevoir.

Julia de Funès se sert de cet exemple, situation à laquelle elle a été confrontée, pour illustrer la prévalence des process sur la réflexion et le bon sens. Si cela saute aux yeux dans ce cas précis, à quels autres moments aurions-pu, de manière plus insidieuse, laisser le process primer sur notre intellect ?

Le but de Julia de Funès n'est pas pour autant de dénigrer les entreprises et leur mode de fonctionnement. Bien sûr qu'il faut des règles. Mais il faut aussi prendre en compte l'humain et sa capacité de réflexion pour ne pas transformer les salariés en machines.

L'objectif de l'auteur est donc de mettre un peu de philosophie (science qui recherche le sens de ce qui est) dans nos vies, d'enrichir notre pensée pour développer notre esprit critique.

Les différents thèmes sont traités sous forme de chapitres se décomposant eux-mêmes de la façon suivante :
"1. Un décryptage des comportements.
2. Une enquête qui recherche le point philosophique ou le grand mythe renvoyant au comportement.
3. Une référence philosophique qui ouvre une perspective originale et un nouvel espace de sens pour exercer son esprit critique."
(extrait de la préface)

Ainsi, même si certaines situations vous feront sourire, la visée de ce livre n'est pas humoristique. Il ne s'agit pas pour autant d'un ouvrage pompeux, difficile à lire. Non, la philosophie est ici appliquée à un cas concret, celui de votre vie professionnelle, et vous fera réfléchir aux situations auxquelles vous êtes confronté tous les jours.

Personnellement, je suis plus que ravie de m'être plongée dans cette lecture, qui m'a ré-intéressée à la philosophie. Je n'avais pas détesté au lycée, je ne fais pas partie des traumatisés à vie. Mais cela ne m'avait pas marquée, je n'avais pas cherché à m'y replonger une fois adulte (contrairement à la relecture des classiques de la littérature, par exemple). Mais grâce à Julia de Funès (et à Marie Robert, que j'évoquais en début d'article), j'ai découvert que la philosophie pouvait nous offrir des pistes de réflexion sur notre quotidien, nous aider à mieux comprendre certaines situations, à prendre du recul, relativiser...

A lire donc, pour se poser les bonnes questions et conserver un esprit critique dans un monde où on a parfois tendance à le laisser de côté.
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