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Critique de Melisende


C'est en visitant les Skyblog des copines blogueuses il y a plusieurs années de ça que j'avais eu vent de la saga le Chardon et le Tartan, alors dans les anciennes éditions poche de J'ai lu. Avec la sortie de l'adaptation télévisuelle en 2014, la maison a décidé de rééditer le texte dans son format d'origine en vo, c'est-à-dire que cette première intégrale reprend les deux premiers tomes de l'ancienne édition J'ai lu (La Porte de pierre et le Bûcher des sorcières.
J'ai entendu tellement de bien de ce pavé de 850 pages que j'avais fixé la barre assez haute. Trop haute sans doute puisque je sors déçue de cette découverte. Une romance qui ne m'a pas embarquée, un héros masculin dont je ne suis pas tombée amoureuse (contrairement à beaucoup de lectrices) et surtout, un contexte écossais bien trop pauvre visuellement parlant. Je voulais de l'Ecosse à toutes les pages mais outre les kilts et les conflits avec les anglais, je n'en ai pas vu grand-chose ! En revanche, grâce à la série adaptée, le manque contextuel est comblé ! Je vous parle de celle-ci (en tout cas des premiers épisodes visionnés) en fin de chronique.

Une infirmière anglaise en seconde lune de miel avec son mari dans les Highlands en 1945 qui se retrouve propulsée dans l'Ecosse du XVIIIe siècle après avoir touché la pierre d'un dolmen, voilà qui avait de quoi m'intriguer et qui avait matière à faire rêver plus d'un lecteur grâce aux images fortes de l'Ecosse d'antan.
A vrai dire, et c'est le point le plus négatif de ma lecture : d'images de l'Ecosse, je n'en ai que peu vues. Diana Gabaldon place bien quelques noms de plantes que l'on peut trouver dans ces paysages sauvages, cite quelques collines, rochers et évidemment dolmens, utilise deux ou trois mots (toujours les mêmes) de gaélique écossais ; mais ça s'arrête là. Je n'ai jamais réussi à m'imaginer ne serait-ce qu'un décor. Je ne voyais que le chemin emprunté par les chevaux, chemin qui aurait pu se situer en Auvergne ou en Allemagne, ça n'aurait pas changé grand-chose. Et pourtant ! L'Ecosse, comme l'Irlande, sont des pays connus pour la beauté de leurs paysages sauvages et préservés ! Où sont les descriptions des plaines vallonnées, des vallées encerclées de montagnes arides ou d'une nature foisonnante, des falaises bordant les cotes, de la pluie et du vent qui se faufile dans les cheveux ? J'aurais tellement aimé voyager jusque là-bas, être complètement dépaysée… mais malheureusement non. Quel dommage de passer à côté ! Je ne dis pas que je souhaitais des descriptions interminables de coucher de soleil dans la bruyère mais quelques phrases offrant des détails sur le décor auraient tout de même été les bienvenues. Là, franchement, niveau descriptions des lieux ou même des tenues des personnages (à part les kilts), c'est bien pauvre ! Snif !
En revanche, l'auteure s'étend un peu plus sur le côté historique du contexte apportant quelques détails sur l'histoire du conflit entre l'Angleterre et l'Ecosse et notamment au sujet d'une période assez ciblée pour les clans de Highlanders (le Jacobisme). C'est vraiment intéressant d'avoir des éléments qui ancrent l'histoire dans un environnement palpable, et réel pour le coup. Je regrette juste que Diana Gabaldon nous propose tout ça de façon assez brouillonne dans l'ensemble. Je ne suis pas du tout au fait de cette période historique des pays anglo-saxons et là, je serais bien en peine de vous expliquer quoi que ce soit, parce que je n'ai pas retenu grand-chose ! L'introduction de faits réels est une très bonne idée en soi, mais c'est un peu maladroit ici.

L'autre élément que j'attendais au tournant, c'est évidemment la romance. Jamie, le héros, semble avoir rallié à sa cause un clan de groupies acharnées, et j'avais vraiment envie d'en faire partie à mon tour (parce que c'est toujours bon pour le moral de tomber sous le charme d'un personnage et ça m'arrive malheureusement trop rarement) mais ce n'est pas encore cette fois que mon coeur battra pour un héros de roman. Pour tout avouer, il est clair que je ne suis pas le coeur de cible, ça partait donc assez mal. Je n'éprouve aucun intérêt particulier pour les hommes en kilt et je ne suis pas du tout attirée par les hommes un peu ours/brutaux/macho/guerriers/dominants, bien au contraire ! Tous les traits de caractère de Jamie ne m'ont pas déplu mais aucun ne m'a assez séduite pour me faire oublier ce qui me gênait. Alors je sais, autre temps autres moeurs donc la personnalité du jeune James est en accord mais vraiment, c'est le genre de héros qui n'est pas fait pour moi.
J'ai notamment eu pas mal de mal avec sa conception de sa sexualité, très paradoxale. Diana Gabaldon le présente tantôt naïf et maladroit (il est puceau, ça doit être le seul Highlander de 23 ans dans ce cas !), tantôt (trop) dominant (ils sont au milieu du camp, entourés par tous les hommes mais il en a envie et ça ne sera pas long alors… hop !). Mouais. Je ne suis pas fan des scènes érotiques à la base (pour moi, une scène de complicité/échange de paroles-regards/tendresse est beaucoup plus intense) mais si en plus elles n'émoustillent même pas, elles ne servent à rien. Et là, clairement, il y en a beaucoup qui manquent de raison d'être à mon avis. Je n'ai pas cru en la connexion entre les deux personnages et j'en suis la première déçue.
Claire, en revanche, m'a plu. Je ne l'ai pas adorée mais globalement, je suis convaincue. C'est une héroïne mature (elle a 27/28 ans), qui a vécu l'horreur de la guerre et qui sait s'adapter à son étrange voyage dans le temps. Je l'ai trouvée assez intelligente et réfléchie dans ses actes tout en laissant passer juste ce qu'il faut d'émotions lorsqu'elle se retrouve face à Jamie. C'est une héroïne crédible et qui a beaucoup de potentiel.

Finalement, je me rends compte que je pourrais assez difficilement vous résumer l'intrigue avec force détails car je n'ai pas eu l'impression qu'il se passait beaucoup de choses la majeure partie du moment. Il y a des sursauts d'actions et de rebondissements mais entre eux, beaucoup d'allers et venues qui donnent l'impression de tourner en rond. Claire se retrouve au XVIIIe siècle, tente tant bien que mal de retrouver son époque mais en est empêchée à cause des membres du clan MacKenzie qui ne lui font pas confiance. Et finalement, quand elle peut enfin tenter une évasion, elle se sent trop liée à sa nouvelle vie pour repartir en arrière (ou dans le futur ?).
Les conflits avec les anglais et les manipulations des oncles de Jamie jalonnent le récit. Diana Gabaldon donne l'impression qu'elle tente de créer un contexte riche dans lequel le lecteur pourra se plonger. On pourrait donc lui pardonner les longueurs qui aident à la mise en place de l'univers mais malheureusement, là encore, je trouve que c'est maladroit. Quitte à vouloir bien installé son lecteur dans un contexte particulier et précis avec moult personnages et moult ramifications, tenants et aboutissants, autant le faire jusqu'au bout en nous abreuvant de détails.

Cette première intégrale manque de finesse et de précision. Les bases sont là, solides et intéressantes mais l'auteure se contente, à mon goût, de survoler son intrigue, son cadre, ses personnages… ce qui me laisse une impression de fadeur amère. Tant de potentiel si peu exploité !

Lien : http://bazardelalitterature...
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