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Critique de Presence


Suite aux événements de Batman R.I.P. et Final Crisis (en anglais), Batman est considéré comme mort. Les éditeurs de chez DC proposent alors à Neil Gaiman de réaliser une histoire commémorant le souvenir de Bruce Wayne, intitulée "Whatever happened to the caped crusader ?" en écho aux histoires écrites par Alan Moore (cf. Whatever Happened to the Man of Tomorrow ?) lors d'une mise à l'écart passagère de Superman.

Le présent recueil regroupe les numéros 686 de la série Batman et 853 de Detective Comics, ainsi que 3 autres histoires de Batman écrites par Neil Gaiman et initialement parues dans "Batman Black & White", "Secret Origins" 36 et "Secret Origins Special" 1.

L'histoire principale nous convie à la veillée mortuaire du corps de Batman à laquelle se rendent ses amis et ses ennemis de toujours pour évoquer la mémoire du défunt. Ces scènes sont également observées par l'esprit désincarné de Bruce Wayne juste avant qu'il ne quitte cette réalité, ainsi que par une mystérieuse femme.

Neil Gaiman est très à l'aise dans cette histoire qui évoque une autre veillée funèbre, celle de Morpheus (cf. Veillée mortuaire). Il fait du Gaiman à l'état brut, c'est à dire qu'il rend hommage au personnage de Batman, aux créateurs les plus marquants qui lui ont donné vie depuis sa création en 1939 et qu'il développe ses thèmes favoris, à savoir l'inéluctabilité du changement et la pérennité des héros de fictions. le scénario se déroule suivant l'axe des souvenirs évoqués par les participants à la veillée (une incarnation de Selina Kyle, une variante d'Alfred Pennyworth, un Robin du passé...) et suivant l'axe du décryptage de ces mêmes souvenirs par l'âme de Bruce Wayne.

Comme on est en droit de s'y attendre, tous les personnages du mythe sont là ou presque (Joker, Alfred, Robin, Ra's al Ghul, Catwoman, Harley Quinn, Mad Hatter, Penguin, Riddler, James Gordon, Barbara Gordon, Superman, Poison, Ivy, Two-Face, Renee Montoya, Harvey Bullock...). le meurtre des parents de Bruce Wayne est évoqué (sous un angle relativement original). de son coté, Andy Kubert rend hommange aux dessinateurs les plus représentatifs (Bob Kane, Dick Sprang, Carmine, Infantino, Neal Adams, Brian Bolland, Jim Aparo, Frank Miller...) en évoquant leurs styles. Globalement ses dessins sont vraiment fouillés, chaque case montre qu'il a passé du temps pour réaliser ses illustrations et chaque page ressort comme une composition travaillée. À mon goût, Andy Kubert ne dispose pas d'assez de personnalité pour pouvoir élever ses illustrations au dessus d'un travail fonctionnel plaisant à l'oeil. Ses planches trahissent un manque de parti pris esthétique, ce qui affadi le résultat et en fait un simple produit de consommation, vite contemplé, vite oublié.

Au final, "whatever happened to the caped crusader ?" est une histoire agréable à lire qui évite l'écueil de la nostalgie facile et qui constitue une belle déclaration d'amour au personnage de Batman et aux créateurs qui l'ont façonné.

La première histoire supplémentaire est dessinée par Simon Bisley. Elle est en noir et blanc. Neil Gaiman reprend une idée popularisée par Tex Avery qui consiste à imaginer que les personnages principaux de l'histoire (en l'occurrence Batman et le Joker) sont des acteurs jouant leur rôle. le résultat est agréable à lire. Cette histoire ne révolutionne pas les personnages, il s'agit à nouveau d'une mise en abyme du métier de scénariste et de dessinateur, et de l'importance relative des comics.

L'histoire suivante revient sur l'origine de Poison Ivy, elle est dessinée par Mark Buckingham. Au fil de la lecture, le lecteur comprend vite que Neil Gaiman est plus intéressé par le personnage de l'inspecteur venu interroger Pamela Isley que par cette dernière. On a quasiment l'impression d'être revenu dans la série Sandman.

La dernière histoire est partagée entre une équipe de télé qui souhaite interviewer les ennemis de Batman (dessins bâclés de Mike Hoffman, malgré un superbe encrage de Kevin Nowlan) et l'interview de Edward Nigma (dessins très personnels de Bernie Mireault, encré par son copain Matt Wagner). On oublie rapidement les déboires de l'équipe de télé pour se délecter de la véritable pépite qu'est l'intervention du Riddler avec nostalgie pas mièvre pour l'époque des machines à écrire géantes et réflexion sur l'évolution des fondamentaux du divertissement, avec un monologue très réussi du Riddler.

Si vous aimez Neil Gaiman, vous pouvez acheter ce tome les yeux fermés : cette histoire renferme la quintessence de sa philosophie. Si vous n'aimez pas Gaiman ou si vous ne le connaissez pas, vous lirez avec plaisir ce recueil, mais il y a fort à parier qu'il ne figurera pas dans la liste des 10 chefs d'oeuvre absolus du Dark Knight.
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