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Critique de Presence


Ce tome fait partie d'une série de 4 adaptations de nouvelles de Neal Gaiman en bandes dessinées. Les 3 autres sont The Facts in the Case of the Departure of Miss Finch également adapté par Michael Zulli, Harlequin Valentine adapté par John Bolton et Murder Mysteries par Philip Craig Russell.

Dans ce tome, Michael Zulli adapte 2 histoires tirées de Miroirs et fumées : "The Price" & "The daughter of owls".

Dans "The Price", un auteur de romans et d'adaptations radio (toute ressemblance avec Neil Gaiman n'est pas que coïncidence) recueille chez lui plusieurs chats. le dernier en date est un beau chat noir à la démarche de félin. L'auteur l'accueille comme les autres en lui offrant le gite et la nourriture. Après la nuit il retrouve ce chat dans un piteux état comme s'il s'était battu contre beaucoup plus fort que lui. Il lui prodigue donc les soins nécessaires et l'aide à retrouver une bonne santé. Mais quelques nuits après il le retrouve à nouveau blessé. le cycle se reproduit plusieurs fois jusqu'à ce que l'auteur veille pendant une nuit pour être témoin de ces bagarres et découvrir quel est cet adversaire. La surprise est de taille.

Dans "The daughter of owls", un gentleman confie à un écrivain (dispositif narratif de l'histoire dans l'histoire cher à Neil Gaiman) une vieille histoire relative à un bébé abandonné. Ce bébé est confié par les villageois à une vieille bonne soeur qui vit dans un couvent désaffecté. Cette religieuse a fait voeu de silence et cette enfant étrange grandit dans ces conditions pour le moins bizarres jusqu'à ce qu'une villageoise prenne conscience de sa beauté et soit incapable de tenir sa langue. Il s'en suit une nuit d'horreur aux conséquences horribles.

Adapter en bandes dessinées un texte en prose est un exercice périlleux dans lequel l'adaptateur est toujours en équilibre instable entre conserver le maximum de texte originel ou au contraire trop élaguer et donc trop s'éloigner de la source. Cet exercice est rendu ici encore plus difficile du fait de la brièveté de chacune des 2 nouvelles. de fait "The price" raconte une histoire vraiment superficielle et très convenue. Michael Zulli assure l'ensemble de la partie visuelle : dessins, encrages et mise en peinture. Comme à son habitude, il choisit un style très sophistiqué et dans des teintes très douces (sans être fades pour autant). Pour autant son rendu du chat me semble en dessous de ce qu'il faisait avec le puma (et les autres animaux) sur la série "Puma Blues" : le langage corporel est moins nuancé. de même, il semble particulièrement gauche et emprunté dans la scène finale qui fait appel à une grosse machinerie surnaturelle.

Par contraste, "The daughter of owls" est un bijou de délicatesse et d'ambiance malsaine. Les villageois de cette Angleterre rural du dix-neuvième siècle sont rendus avec finesse et nuance. Les émotions qui habitent les uns et les autres transparaissent naturellement, sans recours à de grossiers artifices. Et les illustrations magnifiques installent une atmosphère angoissante et un malaise diffus palpable. le dosage entre les informations transmises par le texte et par les illustrations est un parfait équilibre. J'ai vraiment été subjugué par cette histoire. Et rien que pour elle j'attribue 5 étoiles à ce tome.

Je reste admiratif du travail d'illustrations. Zulli a choisi de peindre sur un canevas dont la trame est apparente à la reprographie. Page 30, la scène se passe sous les frondaisons par un jour de forte luminosité et la mise en couleurs à la peinture permet de rendre à merveille le jeu des variations lumineuses sur les vêtements du notable. Et page 31 le rendu des arbres et de leur feuillage sait tirer tout le parti de la peinture pour saisir l'impression provoquée par cette voie ombragée. En fait chaque page constitue une leçon d'illustrations et de mise en page d'une histoire.

Si vous avez été séduit par l'association de Neil Gaiman et Michael Zulli vous pouvez également tenter leur mise en images de l'album d'Alice Cooper "The Last Temptation".
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