On dit qu'il faut regarder une toile de Rothko debout comme devant un lever du soleil. (...)
Le problème de Rothko est que l'angoisse le faisait parler.Il oubliait que les éléments les plus puissants d'une oeuvre sont souvent ses silences, et que, comme on dit ici, le style est une façon d'insister sur autre chose. Il est possible que regarder un Rothko relève d'une expérience spirituelle mais d'une sorte qui n'admet pas la parole. Comme aller voir des glaciers ou traverser un désert. (p. 105)
La bizarrerie, ce n'est que la normalité exagérée; la bizarrerie s'apprivoise. (p. 115)
Une cage est perverse : elle ne vous étouffe pas, elle vous habitue à vivre avec le minimum d'air indispensable. C'est ainsi que vivait Misia [Sert], choisissant chacun de ses mots comme si elle devait mesurer l'air qui entrait et sortait de ses poumons. (p. 118)
J'en ai cherché d'autres sur Internet, dans des livres empruntés, et malgré cela, je pourrais jurer que -Mer orageuse- est l'une des meilleures. Devant elle, l'art disparaît et autre chose prend sa place : la vie avec tout son panache éclatant. (...)
...Courbet était aussi l'homme du repli vers l'intérieur, celui qui peignait des mers orageuses, le tourmenté que seule la mer pouvait apaiser (p. 80)
Ma cousine était excentrique et cela me plaisait, j'étais fière qu'il existe quelqu'un dans la famille qui se moque des conventions. (p. 83)
Il peint l'eau comme une pierre fossilisée, une malachite coupée en deux. Je pense au pouvoir magnétique qu'exerce ce tableau de Courbet ["Mer orageuse"] sur moi. Il y a des minerais qui, exposés à la lumière des ultraviolets, peuvent conserver pendant des jours leur éclat; cette luminosité qui perdure s'appelle la phosphorescence. La mer de Courbet étincelle dans mon esprit pendant des jours. (p. 76)