Selon une étude du CNRS de Grenoble, tous les glaciers du massif situés sous 3 500 mètres d’altitude devraient disparaître d’ici 2100.
Dans ma tête, les exaspérations de Christophe Profit font encore des étincelles. "Rénover un refuge désaffecté pour y mettre encore des dizaines de personnes, comment définir ça ? L'appât du gain ? Veillons à ne pas transformer la montagne en Disneyland. Si, entre Vallot et le sommet, il y a cent personnes devant et cent personnes derrière, le passage n'est pas large, c'est dangereux pour tour le monde. On passe progressivement de 'planète passion' à 'planète fric'. Bien sûr qu'il faut de l'argent pour vivre, mais j'ai envie de survivre. Et que mes clients rentrent chez eux sains et saufs."
"Laisse venir l'imprudence, murmure Bashung. Devant l'obstacle tu verras, on se révèle [...] Un jour j'irai/vers l'irréel/tester le matériel."
Je danse la danse du piolet en levant mon épée d'acier plus haut que le plus haut dans le ciel interminable. Je tombe dans les bras de René Ghilini à qui je dis merci et qui me photographie. J'ai réalisé le rêve de mon père. Et ce que j'ai vu là-haut, en me retournant, je le garde pour moi.
Pile à l'heure de mon arrivée, le 27 août.
Qui est aussi celle de certains participants à l'Ultra-Trail du Mont-Blanc, tour complet du massif à boucler de jour comme de nuit en moins de 46 heures et 30 minutes, course à pieds herculéenne de 171 kilomètres à travers la France, la Suisse et l'Italie...
René, mon guide, me conseille de marcher, non pas comme je le fais, ventousé à la paroi, aussi voûté que Gollum, mais comme sur un trottoir parisien. Euh, c'est-à-dire ? Le cœur ouvert à l'inconnu, prêt à conter fleurette avec beaucoup d'éloquence, un béret sous le bras, une baguette sur la tête ?
Le livre refermé, ma première réaction a été de me demander si j'avais accompli quoi que ce soit de spectaculaire entre 20 et 25 ans.
Me sont revenus mes reportages de l'extrême pour le Progrès de Lyon , qui m'a envoyé photographier des éléphants dans leur enclos, boire un café chez les collectionneurs de sucre, ou risquer ma peau sur le clocher rénové d'une église.
D'après lui, le Mont-Blanc a une image très "débonnaire ", laissant espérer à tout le monde la possibilité d'atteindre son point culminant. (p. 33)