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Critique de Nat_85


Il n'est de plus belle liberté que celle d'avoir le choix.
" La beauté des jours " de Claudie Gallay, publié en 2017 aux Editions Actes Sud, tourne autour de ce constat. Les choix que nous faisons déterminent la personne que nous devenons, bon gré mal gré. Et si nous avions fait des choix différents, quelle serait notre vie aujourd'hui ? Et si...

Jeanne a quarante trois ans. Elle est mariée à Rémy depuis vingt ans, et sont les parents de deux grandes filles, Chloé et Elsa.
Leurs vies sont parfaitement réglées, et franchement routinières !
p. 11 : " La vie de Jeanne était bien rangée, c'était presque une vie immobile."
Aucune surprise, et surtout pas de place à l'imprévisible ni à l'improvisation.
p. 10 : " Jeanne aimait les retards. L'imprévisible qui surgit dans la vie. Pas dans la sienne. Dans la vie des autres. "
Jeanne est guichetière à la Poste et Rémy magasinier. Propriétaires d'une modeste maison, ils s'offrent chaque année des vacances à ... Dunkerque !
Sa vie est un ensemble de rituels. Chaque soir, de son jardin, elle regarde passer le train de 18H01, se délectant d'imaginer la vie des passagers. Et chaque week-end elle passe voir ses parents et la M'mé à la ferme, avant la visite hebdomadaire de leurs filles.
Tout est tellement "millimétré" qu'à la simple lecture on est pris d'un sentiment d'étouffement.
Pourtant la vie de Jeanne va s'enrayer. Un jour, en rentrant chez elle, la porte d'entrée claque et fait se briser un cadre qui contenait la photo d'une artiste serbe : Marina Abramovic. D'une sensibilité exacerbée, cette femme inspire et subjugue Jeanne, jusqu'à l'obsession. Elle entame alors des recherches sur ses travaux et entame une correspondance pour le moins ambiguë avec l'artiste...
C'est justement cette sensibilité que Jeanne ne parvient pas, ou mal, à exprimer, notamment lorsqu'elle est à la ferme.
p. 133 : " Jeanne les regardait, tous. Elle regardait leurs visages. Elle les aimait. Ils étaient sa famille. Est-ce qu'ils savaient qu'elle les aimait tant ? Elle aurait voulu leur dire, Ecoutez-moi, j'ai quelque chose à vous dire... "
Lors d'une pause déjeuner, même rituel quotidien, elle suit une personne inconnue quelques minutes, le temps d'un sandwich, le temps d'un scénario impossible.
p. 65 : " Jeanne aimait les endroits où l'on ne va pas parce qu'on les rêve."
Mais le destin va la prendre à son propre jeu. Ce jour là, ce n'est pas un inconnu qu'elle suit. C'est Martin Fayol, son amour de lycée. Totalement déstabilisée, elle vacille dans sa vie si bien rangée.
Les premières pages de ce roman m'ont données l'illusion de me perdre dans un roman fleuve, sans contenant ni contenu. Quelle erreur de ma part ! C'est un roman profondément psychologique, doté d'une grande maîtrise narrative, dans lequel chaque personnage a un rôle prépondérant sur les questionnements de Jeanne. Ce sont donc les interrogations d'une femme, à l'aube de la deuxième partie de sa vie.
Il n'est de plus triste réalité que de constater l'influence de l'enfance dans notre futur conditionnement de vie d'adulte. Certains ont le caractère de prendre des risques, d'autres, au contraire, se complaisent dans une certaine zone de confort.
Jeanne a pleinement conscience, notamment au contact de son amie Suzanne, qu'elle a tout pour être heureuse. Un mari attentionné, deux merveilleuses filles, une famille présente, une maison, un emploi stable...bref, pourquoi aujourd'hui se pose-t'elle la question de leur insuffisance à son propre bonheur ?
Jeanne est la représentation de millions d'autres femmes, qui, chemin faisant, s'interrogent sur leur bonheur.
p. 328 : " Une vie ne suffit pas. Jeanne aurait voulu en avoir plusieurs, pour vivre tous les choix qu'elle n'aura pas faits, toutes les directions qu'elle n'aura pas prises."
Lien : https://missbook85.wordpress..
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