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Critique de JeffreyLeePierre


Il faut se méfier de l'eau qui dort.
Surtout dans une ambiance plombée à la fois par la lourdeur du climat équatorial et par la guerre civile encore récente.

Parce que l'eau, quand elle se met à tomber, c'est le déluge. Et entre les pluies, la chaleur est moite et étouffante.

Parce que la terreur imposée par le pouvoir militaire, qui s'était calmée après avoir maté la résistance, peut repartir de plus belle d'une étincelle.

L'étincelle, ce sont des affichettes façon corbeau qui viennent troubler la torpeur d'un village se remettant à peine de la sanglante répression passée. Rien de politique encore, juste les histoires d'adultères du bled.

En fait, cette histoire de corbeau n'est qu'un prétexte pour nous plonger dans les non-dits que masquent cette torpeur. À la fin du premier chapitre, on est déçu de ne pas savoir exactement ce que disait la première affiche. Mais rapidement, on se rend compte que ce n'est pas le propos.

Le propos, on pourrait d'abord imaginer que ce sont les scènes de la vie de ces personnages alourdis par le temps qu'il fait. Parce qu'on prend d'abord le temps de les connaitre. En surface. Puis se découvrent lentement les cicatrices politiques que le calme revenu avait estompées.

Bref, Garcia Marquez nous balade dans son monde, il y a même (dans un livre écrit cinq ans avant Cent ans de solitude) quelques évocations de Macondo et de la Grande Mémé. Pas encore de réalisme magique ici, juste les vies souvent mornes des gens en vue du petit village : le curé, le maire qui est aussi lieutenant de la petite garnison locale, le juge, le médecin, les quelques familles riches, quelques commerçants (dont le coiffeur).
Et mine de rien, il finira par nous emmener au plus profond des traumatismes générés par les régimes autoritaires.

C'est déjà un livre très fort, même s'il manque encore le souffle épique. Avec déjà aussi ce talent de brosser des caractères en quelques traits, détails ou propos. En plus, il est court, ce qui peut en faire une excellente introduction à l'univers de l'auteur.
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