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Critique de AMR_La_Pirate


Dans Vivre pour la raconter / Vivir para contarla, Gabriel García Márquez livre des clés pour comprendre sa manière d'écrire ; certaines sont particulièrement parlantes dans le contexte de biographie fictionnelle de certaines de ses oeuvres :

"Je me rends compte à quel point le moral déplorable de ma mère et les tensions à l'intérieur de la famille allaient de pair avec les tiraillement mortels du pays, qui n'apparaissaient pas au grand jour mais n'en existaient pas moins / Caigo en la cuenta de hasta que punto aquel mal estado de ánimo de mi madre y las tensiones internas de la casa eran acordes con las contradicciones mortales del país que no acaban de salir a flote, pero que existant" (p. 274 / p. 250).

"La vie venait de m'enseigner qu'un des secrets les plus utiles à l'écriture est d'apprendre à lire les hiéroglyphes de la réalité sans frapper à aucune porte ni poser aucune question / La vida misma me enseñó que uno de los secretos más útiles para escribir es aprender a leer los jeroglíficos de la realidad sin tocar una puerta para preguntar nada" (p. 480 / p. 444).

Salman Rushdie, grand admirateur de Gabriel García Márquez, avoue et revendique une parenté entre les univers de Bombay et de Macondo et des analogies entre ses personnages et ceux de l'écrivain colombien. Dans Les Enfants de minuit, vaste allégorie de l'Histoire de l'Inde et épopée familiale publiée en 1980, nous pouvons lire cette déclaration du narrateur Saleem Sinai : « dans une autobiographie, comme dans la littérature, ce qui s'est réellement passé est moins important que ce que l'auteur réussi à faire croire à son auditoire » (p. 477). Cette citation résume les motifs et les effets du recours à la biographie fictionnelle et rejoint une réflexion de Gabriel García Márquez dans Vivre pour la raconter :

"Evoquer la vie avec la famille au grand complet […] ne relève pas de la mémoire mais de l'imagination / La vida con la familia completa […] no es un dominio de la memoria sino de la imagination" (p. 465 /p. 430).

En effet, le lecteur qui entreprend de se plonger dans certains de ses romans avant Vivre pour la raconter a la surprise de reconnaître dans les mémoires les sources d'inspiration que Gabriel García Márquez a pu puiser dans son histoire personnelle tandis que le lecteur qui aborde ces oeuvres dans l'ordre inverse a l'impression que l'auteur donne à lire une version romancée de ses souvenirs d'enfance. En résumé, il apparaît qu'il a construit ses sagas familiales sur les doubles bases maternelles et paternelles de sa propre famille : la branche maternelle issue du grand-père, le Colonel Nicolás Ricardo Márquez, est marquée par la nostalgie d'une époque et l'espoir d'une reconnaissance tandis que la branche de Gabriel Eligio García, son père, porte en elle la parodie et la satire avec humour, tendresse et cruauté.
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