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Critique de 5Arabella


Troisième pièce de Robert Garnier, Cornelie, publiée en 1574, aborde des thèmes proches de ceux de Porcie. Ici l'héroïne est la femme de Pompée.

Après un premier acte dans lequel Cicéron déplore le sort de Rome, victime des ambitions et guerres civiles, dans le deuxième, Cornellie déplore la mort de son deuxième époux, Pompée, qui suit celle du premier, Crassus. Elle s'attribue la cause de tous ces malheurs et veut mourir. Cicéron essaie de la dissuader et condamne le suicide. Dans l'acte trois, Cornellie craint pour son père, Scipion, qui continue la lutte contre César. On lui apporte les cendres de Pompée. Dans le quatrième acte, nous sommes avec les vainqueurs, César et Marc Antoine. Ce dernier pousse César à exterminer tous ses ennemis, César est plutôt enclin à la clémence, maintenant qu'il a triomphé. Dans le dernier acte, on raconte à Cornellie la mort de son père, Scipion. Malgré son désir du suicide, elle décide de vivre pour honorer les tombes de son mari et de son père.

Le résumé montre à quel point la construction de cette pièce est peu satisfaisante, il y a beaucoup d'événements, et tout cela se bouscule un peu dans une certaine confusion. On voit bien que les fameuses règles des trois unités du théâtre classique n'étaient pas encore en vigueur. Les lieux de l'action ne sont pas vraiment indiqués, ils sont visiblement multiples, la durée de la pièce n'est pas non plus indiquée, et il n'y a pas vraiment d'unité d'action. La pièce est très statique, il y a de très longues tirades, entrecoupées de stichomythies, au contenu moralisateur, et des interventions du choeur. Incontestablement le genre se cherche.

Néanmoins, Garnier progresse dans cette pièce, qui n'est pas intéressante, et propose des éléments nouveaux. La question de la guerre civile, au fond le pire malheur pour un pays, à laquelle Garnier était forcément très sensible, compte tenu du contexte français de l'époque (guerre de religion) donne lieu à des passages touchants et justes. Il y a visiblement une tentative pour trouver une progression dramatique, même si elle n'est pas encore convaincante, et des effets dramatiques qui vont pouvoir toucher les spectateurs. Corneille va sans doute souvenir dans sa Mort de Pompée de la pièce de Garnier, l'urne et le récit de la mort par Philippes ont visiblement des ressemblances. Evidemment, la Cornélie de Corneille a une toute personnalité et envergure que le personnage de Garnier, mais quelque chose est là. L'enchaînement impitoyable de la violence, la mort de Pompée, mais aussi la mort annoncée de César, comme une suite logique, et du coup la mort de Brutus évoquée dans la première pièce de Garnier, introduisent la notion de la fatalité, si essentielle à la tragédie antique.

Et j'ai trouvé les vers de Garnier, malgré les difficultés de la langue du XVIe siècle, belle et poétique.
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