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Critique de CDemassieux


Parlons d'abord de la forme et félicitons les éditions Faton car, pour avoir récemment vu les dessins de Nicolas Poussin au musée Condé de Chantilly – en même temps qu'une exceptionnelle exposition organisée autour de son chef-d'oeuvre, le Massacre des Innocents –, les reproductions dans le présent volume sont très fidèles. On ne saurait en dire autant de certains catalogues d'expositions dont on serait tenté de croire qu'ils ont été laissés sous la pluie avant d'être commercialisés, tant les reproductions sont mauvaises !
Pierre Rosenberg, aux commandes de ce catalogue, a dû veiller au grain, armé de sa rigueur d'académicien et de son amour inconditionnel pour Nicolas Poussin. Sans oublier Nicole Garnier-Pelle, conservateur général du patrimoine, chargée du musée Condé.
Le présent ouvrage recense toutes les oeuvres – peintes et dessinées – de Poussin, conservées au domaine de Chantilly et acquises, pour la plupart – sauf Acis et Galatée –, par le duc d'Aumale qui, tel Napoléon – c'est d'ailleurs le père du duc, le roi Louis-Philippe, qui fit revenir les cendres de ce dernier à Paris ! –, aurait pu s'exclamer : « Quel roman que ma vie ! » Et, geste de grand prince, il légua le domaine et ses collections à l'Institut de France.
Aumale, contrairement à nous autres pauvres mortels, jouissait d'une fortune considérable, qu'il employa donc à la restauration du considérable et très abîmé domaine de Chantilly, dont il avait hérité, et à l'achat d'oeuvres majeures – en grande partie durant son exil après la révolution de 1848 – depuis les peintures jusqu'aux livres, dont Les Très Riches Heures du duc de Berry, splendeur réalisée par les frères de Limbourg.
Les collections de Chantilly sont proprement exceptionnelles : Botticelli, Delacroix, Fra Angelico, Géricault, Mignard, Murillo, Raphaël, van Dyck, Watteau, etc., et bien entendu Nicolas Poussin, plus grand peintre français du XVIIe siècle, qui choisit de vivre à Rome, où il décéda, en 1665.
« Poussin est un peintre difficile. Il a mis, comme on dit, la barre très haut. Ses tableaux ne se livrent pas au premier regard. Pour les comprendre, pour les aimer, il faut leur consacrer du temps », explique fort justement Pierre Rosenberg. Mais une fois le Rubicon franchi, c'est un voyage fabuleux entre l'Antiquité et sa mythologie, et la Bible, deux thèmes essentiels de l'oeuvre du peintre.
En recensant le fonds Nicolas Poussin de Chantilly, Pierre Rosenberg relate l'origine de chaque pièce, dont on peut voir que pas mal sont passées de mains en mains, et nous livre des informations importantes sur l'oeuvre proprement dite. On apprend ainsi que les attributions au maître de certains dessins n'ont pas toujours été évidentes et sont, aujourd'hui encore, sujettes à caution.
On découvre aussi l'importance donnée au dessin par le peintre, à l'instar d'un Raphaël. Ainsi, le Mars et Vénus, où la déesse de l'amour, dans le plus simple appareil, est exécutée avec grâce et aisance. Ailleurs, une simple esquisse nous donne à voir le sujet comme par magie : le Retour d'Égypte, et surtout : La Vierge, l'Enfant et saint Joseph avec l'Annonce faite aux bergers.
Petit reproche – il en faut bien un ! –, il eût été judicieux de traduire la Feuille d'études où Poussin y a rédigé un texte en italien, tout le monde ne maîtrisant pas la langue de Dante, particulièrement dans un livre écrit en français !
(Bis repetita, un grand merci à Babelio et, évidemment aux éditions Faton pour le présent ouvrage. Enfin, toute ma gratitude va au duc d'Aumale. Qu'il soit remercié pour m'avoir maintes fois procuré ce bonheur de vivre l'art à Chantilly !)
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