Alpiniste chevronné, Charles Braun travaille dans des conditions difficiles : la réverbération de la neige et de la glace risque de surexposer les négatifs ; les appareils photographiques sont alors très lourds, et Braun utilise jusqu'à quinze hommes - porteurs et guides - pour l'aider à transporter le matériel, recouvrir les plaques de verre de collodion, puis les développer dans des températures glaciales. Ces clichés, destinés aux spécialistes de sciences naturelles, connaissent aussi un grand succès comme souvenirs de voyages.
Adolphe Braun, Vues des Alpes, vers 1863-1865
C'est l'une des premières photographies de marines où l'on voit simultanément le mouvement de la mer et les nuages dans le ciel. Rendre le ciel était alors très difficile ; il apparaissait brouillé et les photographes avaient recours à un subterfuge : ils peignaient le négatif verre à la gouache noire, ce qui donnait un ciel vide, complètement blanc, ou bien peignaient des nuages sur l'épreuve ou sur le négatif. Ici, l'originalité de Le Gray est la technique des ciels rapportés : il juxtapose au tirage des paysages tirés de négatifs papier et des ciels tirés de négatifs verre. Opposé à la retouche des tirages, il "triche" en utilisant deux plaques pour une même marine, certaines vues existant avec ciel ou sans ciel.
Brick au clair de lune, 1856 - Gustave Le Gray