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Critique de Merik


Mr Cousin vit seul dans son deux pièces parisien avec son python Gros-Câlin de deux mètres vingt. Seul, vraiment ? Au lu de ses pensées en spirales digressives, en circonvolutions elliptiques ou autres louvoiements concentriques, on se demande en effet si ils sont pas plusieurs dans sa tête. Un vrai sac de noeuds que ses pensées écrites dans un but de traité scientifique, destiné à des curieux désireux d'en savoir plus sur la vie du python en cité. Mais un sac de noeuds à l'image de Gros-Câlin : "Je précise immédiatement par souci de clarté que je ne fais pas de digressions, alors que je m'étais rendu au Ramsès pour consulter l'abbé Joseph, mais que je suis, dans ce présent traité, la démarche naturelle des pythons, pour mieux coller au sujet".
Mais revenons à nos pythons. Si Cousin a décidé du haut de ses 37 ans de cohabiter avec Gros-Câlin, c'est sûrement à cause de ce "surplus américain » de lui-même « pour cause d'absence et de zéro", qu'il n'arrive pas à projeter sur un humain. Ah la solitude, et le besoin d'amour. C'est pourtant pas faute de fantasmer une idylle avec Mlle Dreyfus, sa collègue aux STAT en mini-jupe avec qui il voyage tous les matins en ascenseur entre Bangkok ou Singapore, sans presque lui adresser la parole.

Ce roman est délicieux, un délire virtuose, un vrai tour de force littéraire qui suit sans perdre le souffle les pensées pour le moins originales (parfois difficiles à saisir) d'un doux dingo attachant.
C'est drôle et jouissif, touchant aussi de tendresse refoulée.
Il y a aussi chez Gary un côté visionnaire qui m'impressionne : ce roman écrit en 1975 anticipe 30 ans à l'avance l'apparition des NAC (nouveaux animaux de compagnie) dans la solitude urbaine, le souci d'écologie avec un dernier chapitre réédité (mais les racines du ciel 20 ans plus tôt en avait déjà fait son sujet), l'invasion surpuissante de l'ordinateur (et en filigrane le risque des intelligences artificielles de nous supplanter) : « Et ce n'était pas peu, pas peu de chose, vu l'organisation mise sur pied par IBM pour empêcher l'erreur humaine, en vue de sa suppression.».
Un seul mot me vient à l'esprit, peut-être pas pour cet ouvrage en particulier, du moins pour cet auteur : génial !
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