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Critique de Il_voyage


Romain Gary / Emile Ajar ... Deux Goncourt à lui seul, donc à priori, un auteur qui mérite qu'on s'y attarde ... (même si, évidemment, un prix littéraire n'est pas nécessairement - ou pas toujours - un gage de qualité).
Va donc pour "La promesse de l'aube", déniché chez un ami.

Dire que le roman m'a déçu est un euphémisme. Je ne savais pas du tout à quoi m'attendre. J'ai découvert un récit très largement autobiographique, où Romain Gary, par petites touches successives se dévoile sans faux-semblants, depuis son enfance polonaise jusqu'à son engagement dans la France Libre, en passant par son séjour niçois.

On y découvre un jeune homme étouffé par une mère sur-protectrice. L'image ou l'expression qui me vient à l'esprit est celle d'une mère castratrice, mais je ne suis pas bien certain qu'elle soit justifiée. Quoi qu'il en soit, cette femme est là, omniprésente, obsédée par la réussite à venir de sa progéniture. La figure est parfois dérangeante, encore qu'à la réflexion, ce ne soit jamais que celle d'un parent qui veut le meilleur pour son enfant. Mais tout au long de son texte, Romain Gary donne le sentiment d'être prisonnier de sa mère, d'en être dépendant en tout temps et en tout lieu. Tous ses actes sont déterminés par cette relation, ses jeux d'enfant, ses choix de vie, son rapport aux femmes, son engagement, etc. Jamais il ne donne le sentiment de pouvoir - ou de vouloir - s'en libérer.

La relation est ambivalente à ce point que le narrateur souffre de cette relation devenue presque toxique, autant qu'il la recherche et qu'elle lui est nécessaire pour avancer. Et d'une certaine manière, pour autant que je ne fasse pas erreur avec le peu de connaissances que j'ai du parcours de Gary, jamais il ne parvient - ni ne parviendra - à se libérer de cette tutelle, puisque son parcours d'homme sera en tout point conforme au destin prédit par sa mère. Mais peut-être était-ce là une façon pour l'écrivain de mettre un point final à cette partie de son histoire : j'ai accompli ce à quoi tu m'avais destiné, maintenant je suis libre.

Je disais avoir été déçu, sans doute davantage par le style de l'écriture, le type de narration que par l'histoire proprement dite. Puisque l'exercice de la "critique" a ceci d'intéressant qu'il force à se retourner sur la lecture que l'on vient de faire, ce que l'on en a retenu, ce qui nous a marqué. Ce qui nous a plu et déplu. Je pense surtout, à la réflexion, avoir été surpris par la lenteur qui se dégage de l'ouvrage, le manque de rythme ou plus exactement la longueur. Peut-être aussi "La promesse de l'aube" souffre-t-elle de la comparaison avec un ouvrage d'Albert Cohen, "Le livre de ma mère", auquel j'ai souvent pensé durant ma lecture et qui m'avait davantage marqué.

Mais pour finir sur une note positive, Romain Gary ayant eu la bonne idée d'écrire sous un pseudonyme - avec un style différent le rendant "indétectable" d'après une critique lu chez un Babelionaute - , il me reste à choisir et à trouver un texte d'Emile Ajar pour corriger ma première impression.
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