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Critique de Lucilou


Romain Gary était fini en 1975, du moins d'après certains critiques; Emile Ajar en revanche... En voilà un auteur prometteur, tant et si bien qu'il décroche le prix Goncourt pour "La Vie devant soi"!
La mort de Gary en 1980 signa aussi celle d'Ajar: celui-ci était celui-là. Formidable supercherie littéraire d'un génie de l'écriture qui obtint deux fois le célèbre Goncourt, sous ses deux identités...
Emile Ajar a sans doute permis à Romain Gary de s'affranchir de ce que les plumitifs croyaient savoir de lui et de proposer une oeuvre différente...mais ô combien réussie!

Momo a dix ans, enfin il croit. Il est musulman, ça il en est sûr. Son père pourrait être n'importe qui et sa mère, prostituée, a disparu. Il vit chez Madame Rosa en compagnie d'autres enfants du trottoir et de personne. C'est un personnage Madame Rosa: la vieille est juive et a survécu à la rafle du Vél d'Hiv et à l'horreur des camps. C'est également une ancienne prostituée qui, moyennant pension, s'occupe des enfants dont les mères ne peuvent pas s'occuper. le trottoir, c'est pas un endroit ça!
Momo n'a qu'elle dans la vie et elle n'a que lui.
Mais le temps passe, la vie aussi -cette peau de vache- et Madame Rosa vieillit. Elle ne peut plus descendre ses six étages... Elle se perd même un peu... et refuse d'aller à l'hôpital pour exister sans vivre.
Momo n'a qu'elle et elle n'a que lui.
Alors, il ne la laissera pas. Jamais. Même si c'est dur. Et triste. Et si ça sent mauvais.

Ce roman est un monument d'humanité et de tendresse, d'amour même et de tristesse parfois qui tourne autour de la relation poignante entre Momo et Madame Rosa.
C'est aussi un roman d'une rare modernité qui aborde des sujets d'actualité brûlants et qui ne peut pas laisser insensible. Enfin, c'est un hymne à la tolérance aussi, bien sûr: il y a ce musulman et cette juive comme une famille et Madame Lola, en marge mais en forme de rayon de soleil.

Il faut saluer la langue de Gary qui tout au long du roman se met à hauteur d'enfant et qui sait nous raconter cette histoire à la première personne à travers les yeux de Momo sans que cela ne paraisse forcé ou artificiel.
Momo qui nous fait son récit avec une forme de naïveté qui poignarde et qui transperce souvent mais avec beaucoup de drôlerie aussi, avec une gouaille propre à faire pâlir le meilleur des titis parisiens. En marge de la narration, il nous fait part de sa vision de la vie... C'est à la fois cru et poétique, c'est très juste, très vrai et formidablement écrit.

Il ne me reste plus qu'à voir le film avec Simone Signoret et espérer en être aussi touchée que par le roman.
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