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Critique de Caro29


Quel bonheur de retrouver la plume de Romain Gary ! Et d'autant plus que j'avais eu une petite déception à la lecture de Gros-Câlin. J'étais restée insensible à la poésie de ce roman qui m'avait même profondément ennuyée. Heureusement, ça n'a pas été le cas avec Les cerfs-volants.

Le premier tiers du livre pose les bases, nous permet de faire connaissance avec ses (nombreux) personnages et de découvrir des personnalités colorées et atypiques. Si je ne me suis pas ennuyée en lisant cette première partie, je l'ai quand même trouvée un peu longue parfois. Nous sommes au début des années 1930. La Première Guerre mondiale a laissé des traces dans les esprits et chacun vit un peu comme il peut. En tout cas, certains – ceux qui ont moins de mémoire que les autres – sont peut-être plus avantagés que ceux qui souffrent d'un « excès de mémoire » comme c'est le cas des Fleury. Ludo est un Fleury. Il souffre donc de ce « mal ». Il n'a qu'une dizaine d'années lorsqu'il rencontre Lila, l'amour de sa vie, une petite Polonaise agaçante qui, selon son frère Tad (lui-même anarchiste), souffre d'un « excès d'elle-même ». Ludo vit chez son oncle et tuteur Ambroise, dit « le facteur timbré » et travaille un moment au restaurant le Clos-Joli dont le chef, Marcellin Duprat, ne conçoit la grandeur de la France qu'à travers sa gastronomie. Les nombreuses énumérations des plats gastronomiques et spécialités du Clos-Joli m'ont mis l'eau à la bouche à plusieurs reprises : soupe crémière d'écrevisses de rivière… galette feuilletée aux truffes au vin de Graves… loup à la compotée de tomates…, etc. Et au milieu de ces personnages fascinants (et de ces plats appétissants), les cerfs-volants de l'oncle Ambroise s'élèvent et volent à la poursuite du « bleu ».

Après la première partie du livre, j'ai été happée par l'histoire. Et plus l'intrigue avançait, plus je le trouvais passionnant : l'imminence du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, la guerre elle-même, la résistance, les arrestations, etc. Et toujours les cerfs-volants qui, eux aussi, ont résisté comme ils ont pu, parfois au ras du sol.

Les cerfs-volants est un roman magnifique, très poétique. Il vaut d'abord pour ses personnages principaux qui ont, tous, beaucoup de caractère. Ils évoluent aussi, tout au long de ces années, ce qui leur donne de la profondeur. Et les passions des différents personnages (Ambroise pour ses cerfs-volants, Marcellin pour la gastronomie française, Ludo pour Lila, Lila pour elle-même, etc.) sont bien étudiées. Par ailleurs, Les cerfs-volants, c'est aussi la belle plume de Romain Gary qui magnifie les mots, même les plus simples. Enfin, et de façon plus terre-à-terre, j'ai trouvé le récit de l'organisation de la résistance et de la vie quotidienne lors de l'Occupation vraiment très intéressant.

Au-delà de la guerre et de ses tourments, Les cerfs-volants est un livre sur l'amour, la mémoire, la folie, les rêves. C'est un livre qui nous permet de nous questionner, autant que Ludo (et les autres d'ailleurs) : vaut-il mieux savoir raison garder ou garder sa raison de vivre ? Après avoir lu ce roman, le dernier de Romain Gary, j'ai ma petite idée sur la question…
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