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Critique de TheWind


J'ai bien envie de vous présenter Nord et Sud le roman d'Elizabeth Gaskell d'une manière un peu particulière. D'une manière qui s'impose naturellement après la lecture d'un tel livre.

Pour commencer, ne vous y trompez pas. Si le titre vous évoque l'histoire de deux familles en pleine guerre de Sécession, sachez qu'il ne s'agit pas du tout de cela.
Oubliez les tuniques bleues et les champs de coton et revenez de suite sur le Vieux Continent.

Nous sommes en Angleterre, à l'ère victorienne.
Voilà, vous y êtes ?
Visualisez maintenant un tableau ceint d'épaisses moulures dorées, un tableau qui pourrait être une oeuvre du peintre James Tissot, réputé pour ses mises en scène de l'époque victorienne.
Approchez-vous un peu...
Face à vous, un intérieur bourgeois aux couleurs sombres et chaudes.
Au premier plan, votre regard est tout d'abord attiré par un immense tapis fleuri, d'un savant mélange d'ocre, de brique, de grenat et de bleu roi. Autour de ce tapis, quelques fauteuils garnis d'épais coussins, un guéridon sur lequel gisent quelques livres. Un peu plus loin, une table semble attendre les convives. Elle est dressée pour le thé.
En arrière-plan, des cadres et des miroirs ornent les murs, et les rideaux de dentelle pendant aux fenêtres ont bien du mal à cacher la sinistre et noire fumée qui s'échappe des hautes cheminées des usines massives. Lointaines mais si présentes.
La mousseline blanche, les rubans et les boucles soyeuses des dames figurant dans la pièce ont bien du mal à rivaliser avec ces nuages d'un gris plombé pour maintenir un semblant de gaieté, une étincelle de légèreté.
Atmosphère lourde et oppressante.
D'où viendra le salut ?
De cette femme âgée, assise près de la cheminée, au teint pâle et aux traits tirés ? Ou de cet homme qui pose un regard doux et tendre sur elle ?
Ou bien encore de cette jeune femme à la lourde chevelure aile de corbeau au regard inquiet mais fier, brodant dans un coin du salon ? A moins que ce ne soit de cet homme à la stature altière et au regard franc qui se tient debout dans l'embrasure de la porte ?
A bien y regarder, il semble bien que ce dernier observe la jeune fille à la dérobée et qu'elle même a bien du mal à fixer son regard sur son ouvrage. Il est certain qu'entre ces deux-là se trame une histoire d'amour... mais rien n'est dit encore. On sent comme une gêne, comme un malaise.Pour sûr, il ne s'agit pas d'une simple bleuette.
Le tableau n'en dit pas plus.
Je ne tiens pas non plus à vous le dire. Je peux juste vous révéler que Margaret Hale, fille de pasteur, originaire du sud rural et John Thornton, patron d'une grande filature du nord industriel auront bien du mal à s'entendre et qu'il faudra en tourner des pages et des pages avant de connaître le dénouement de leur histoire.
Des pages plus ou moins pesantes comme l'atmosphère de ce tableau.
Des pages empreintes à la fois d'une certaine ironie à l'égard de la société bourgeoise victorienne mais aussi d'une certaine compassion et commisération à l'égard des conditions difficiles des ouvriers.
Des pages où se mêlent dédain et mépris, fierté et orgueil, révolte et misère.
Des pages fort intéressantes mais où, je l'avoue, mon regard s'est parfois perdu, mon esprit envolé vers d'autres tergiversations que celles de Margaret.


Devant un tel tableau, je n'aurais sans doute pas fui, mais plutôt jeté des coups d'oeil aux oeuvres alentour, histoire de voir si l'herbe y était plus verte ou franchement plus sombre.
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