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Critique de traversay


Cette guerre aussi a duré six jours. Mais rien à voir avec le Moyen-Orient, ce temps est celui pendant lequel les rues de Los Angeles s'embrasèrent en 1992 sous le feu des émeutes consécutives à l'acquittement de 4 policiers dans l'affaire Rodney King. Six jours, c'est le titre français du roman de Ryan Gattis, sorti en Amérique sous le titre de All involved (tous impliqués). le livre, fruit d'une longue enquête dans les quartiers chicanos de L.A, se déroule pendant cette période mais non au coeur des émeutes, toile de fond cependant omniprésente, mais un peu plus à l'est, dans le secteur de Lynwood où, sans la police occupée à d'autres tâches, eurent lieu des règlements de compte sanglants entre gangs rivaux. Au fil des chapitres, ce sont 17 protagonistes, victimes collatérales ou directes de ces tueries, qui prennent la parole. Certains meurent à la fin de leur témoignage, d'autres non, mais tous sont "impliqués", qu'ils soient bourreaux ou victimes, et très souvent les deux. le grand art de Gattis tient à la puissance graphique des scènes qu'il décrit mais aussi à la façon dont il livre en détail les états d'âme de ses "acteurs", dont le destin funeste est pour la plupart écrit dans leur environnement social, dès leur naissance. L'écrivain se dissout dans ces portraits à la première personne avec une acuité, une vérité et une intensité qui passent par une façon de s'exprimer et de raisonner qui tient de la prouesse sans que jamais l'on ait l'impression de lire des "trucs" d'auteur (quelle traduction remarquable, soit dit en passant). Plus forte encore est la manière dont Six jours tisse sa toile, les 17 récits se suivant avec fluidité, sans rupture, dans une continuité d'événements admirablement agencée avec parfois des effets à la "Rashomon" (scènes déjà vues mais sous un angle différent). Il ne faut pas chercher plus loin le roman noir de l'année, un chef d'oeuvre de construction d'une puissance sans égale, au pays de la violence la plus déchaînée, à peine tempérée par quelques pages plus calmes (l'infirmière, le pompier) et porteuses d'un espoir, aussi infime soit-il. Une fois la lecture de Six jours terminée, ses braises sont encore chaudes et son souvenir ineffaçable.
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