AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Ashlie


Roman sorti il y a 17 ans, et encore brûlant d'actualité…

Ici, nous suivons d'un côté le commandant Salvatore Piracci, qui intercepte les embarcations clandestines pour remettre les migrants aux autorités siciliennes.
Et de l'autre côté, nous suivons Soleiman, quittant son Soudan natal et son frère avec douleur pour se rendre en Europe, un vagabond épuisé, peureux et brave à la fois.

Pendant ma lecture, j'ai donc croisé la route de Soleiman, son frère Jamal, Boubakar, le commandant Piracci, et la femme anonyme. Que ce soient aussi bien les garde-côtes que les émigrés ou bien les passeurs, chacun a comme principe la détermination et la rage.

Laurent Gaudé pousse à la réflexion : l'Eldorado… D'accord, mais à quel prix ? Est-il préférable de mourir en mer ? Une balle dans le coeur au pied d'un mur ? Ou bien d'être impitoyablement repoussé par les garde-côtes, mourir de fatigue, de froid, de chaud, de faim ou de soif ? Où bien d'être victime de passeurs sans scrupules qui fixent leur prix pour la liberté ?

Ces personnes qui n'ont ni nom ni histoire, dont personne ne sait rien, ni d'où elles viennent, ni ce qui les anime, se taisent et sont résignés. Ils sont à cran et continuellement aux aguets parce que rien ne les laisse en paix.

À travers cette lecture, nous retournons à la base de ce qui est important et signifiant. Ce n'est pas l'argent ni la prospérité, non…

« Et nos enfants, Jamal, nos enfants ne seront nés nulle part. Fils d'immigrés là où nous irons. Ignorant tout de leur pays. Leur vie aussi sera brûlée. Mais leurs enfants à eux seront saufs. Je le sais. C'est ainsi. Il faut trois générations. Les enfants de nos enfants naîtront là-bas chez eux. Ils auront l'appétit que nous leur avons transmis et l'habileté qui nous manquait. »

Nous sentons une très grande compassion à travers la plume de l'auteur. Il arrive à parler de ce malheur avec humilité, humanité et pudeur.

Nous avons tous besoin d'empathie et de tolérance. Ce monde se porterait un peu mieux sans les frontières qui nous divise et les murs qui se dressent…

« Aucune frontière n'est facile à franchir. Il faut forcément abandonner quelque chose derrière soi. Nous avons cru pouvoir passer sans sentir la moindre difficulté, mais il faut s'arracher la peau pour quitter son pays […]. Aucune frontière ne vous laisse passer sereinement. Elles blessent toutes. »

« Reprendre les hommes à la mort. Les extirper de la gueule de l'océan. le reste, tout le reste, les procédures d'arrestation, les centres de rétention, les tampons sur les papiers, tout cela, à cet instant, était dérisoire et laid. »

Nos actes, les plus infimes, qu'il soit, peuvent avoir une répercussion sur autrui.

Une main tendue peut parfois signifier énormément pour celui qui la reçoit.

Vivre peut malheureusement coûter cher… très cher même...
Le prix d'une vie pour certains…
Commenter  J’apprécie          315



Ont apprécié cette critique (28)voir plus




{* *}