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Critique de Guz


« Les milles possibilités, hasards, carrefours, improbabilités qu'offre la vie, sans cesse. Et vivre, peut-être, n'est que cela : se frayer un chemin à travers les aléas ».
« Un bruit, un cheval qui hennit, un nuage qui se déplace, tout cela peut changer le cours de l'Histoire ». Laurent Gaudé part des guerres parmi les plus sanglantes de l'histoire : les guerres puniques, la guerre de sécession américaine et l'attaque fasciste italienne sur l'Ethiopie et nous emmène avec lui dans ses réflexions vers les guerres modernes menées contre Ben Laden et Kadhafi. Et aujourd'hui Daesh.
Les paragraphes courts entremêlent plusieurs histoires et notamment une (il s'agit d'une histoire d'amour qui sort de l'ordinaire, nourrie surtout par les mots) qui nous tient en haleine jusqu'à la fin.
Quel est le statut de l'homme qui fait mourir d'autres hommes, parfois des foules d'hommes, y compris des jeunes gens de 15-16 ans – Est-il vraiment victorieux, même quand il gagne ?
La destruction en général et dans le cas de Daesh, détruire le Passé de l'homme en s'attaquant aux musées et aux sites archéologiques est-ce une victoire ? « L'antiquité est plein de villes mises à sac –l'incendie de Persépolis, la destruction de Tyr-, mais d'ordinaire il restait des traces, d'ordinaire l'homme n'effaçait pas son ennemi. Ce qui se joue-là, dans ces hommes qui éructent, c'est la jouissance de pouvoir effacer l'Histoire ».
Depuis l'époque moderne l'homme mène des diplomaties sournoises qui finissent par faire couler le sang. Ne sont-elles pas elles aussi, aussi responsables qu'un Hannibal, Grant (le Nordiste), Lee (le Sudiste) par exemple ? En parlant de l'Ethiopie (1936) : « La Société des Nations s'est enterrée elle-même parce qu'elle était lâche, parce qu'aucun des pays qui la constituaient n'était prêt à se battre pour les petits Etats ». N'est-ce pas le toujours le cas ?
« Es-tu prêt à partir » ? Chaque départ vers la mort ampute l'homme de ce qu'il a le plus profond : les mots. Nous devenons des bêtes sauvages quand on s'éloigne des mots. En accédant ou en récupérant les mots qu'ils lui manquaient l'homme peut enfin évaluer à sa juste valeur que certaines de ces victoires n'en sont en fait que des défaites. « Ne laissez pas le monde vous voler les mots » et quand l'homme rentre en action il accepte de laisser partir les mots.
Comme dit l'auteure iranienne Azar Nafsi (née à Téhéran en 1955) « les oeuvres d'imagination sont comme des canaris des mines de charbon, c'est à leur aune qu'on évalue la santé de toute une société ».
Saluons ce grand livre.

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