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Critique de Apoapo


Apoapo
04 décembre 2022
Si _La Névrose de classe_, outre la thèse spécifique du possible surgissement d'une névrose lors d'un déplacement ascendant ou descendant entre classes sociales, posait les jalons théoriques de la sociologie clinique, entre psychanalyse et sociologie, cet essai se fonde sur une pratique de plus de trois décennies de l'animation des séminaires « Roman familial et trajectoire sociale ». Un tel recul permet à l'auteur d'affronter des thématiques bien plus générales concernant le poids de l'histoire familiale – et donc de déterminants exogènes et plutôt sociologiques – sur la destinée individuelle – qui relève pour certains plutôt de la psychologie. Plus précisément, on peut poser la question – et comprendre la thèse de cet essai – dans les termes suivants :
« Entre un individu et sa vie, qui produit l'autre ? […] Entre la position idéaliste et la position déterministe, on peut refuser de choisir en considérant l'individu comme le produit d'une histoire dont il cherche à devenir le sujet. » (p. 21)
Dans le verbe « chercher » réside tout l'enjeu du livre, car cette tentative est facilitée voire rendue possible par un « travail » sur le « roman familial » qui s'opère notamment au sein des séminaires en question. Certains exemples illustrent à la fois la dynamique de ce travail, et les fonctions respectives de la prise de parole du sujet, l'action du groupe et l'encadrement de l'animateur.
Il faut préciser d'abord le sens du « roman familial » :
« Le roman familial désigne [...] les histoires de famille que l'on transmet de génération en génération et qui évoquent les événements du passé, les destinées des différents personnages de la saga familiale. Mais entre l'histoire "objective" et le récit "subjectif", il y a un écart, ou plutôt un espace, qui permet de réfléchir sur la dynamique des processus de transmission, sur les ajustements entre l'identité prescrite, l'identité souhaitée et l'identité acquise, sur les scénarios familiaux qui indiquent aux enfants ce qui est souhaitable, ce qui est possible et ce qui est menaçant. C'est dire que le roman familial doit être contextualisé dans un repérage sociologique des positions sociales, économiques, culturelles, que ce soit dans la généalogie ou dans l'histoire personnelle du sujet. » (pp. 12-13)
Une seconde précision concerne les deux sens de la notion « d'inconscient », qui opèrent également et simultanément dans cet exposé : il y a l'Inconscient freudien que l'on connaît, mais aussi tout ce qui relève de l'intériorisation non-consciente de « l'habitus » bourdieusien.

En extrême synthèse, on peut résumer que la conscientisation de tout récit exogène dans l'identité familiale et sociale du sujet, à travers la narration qu'il est capable d'élaborer sur son passé, lui permet une émancipation grâce à laquelle il peut envisager d'autres identités nouvelles qui lui soient plus propres. le postulat méthodologique est que le rôle du groupe y compris avec les mécanismes transférentiels-contre-transférentiels est plus efficace qu'une psychanalyse ou une psychothérapie, à condition d'en rester au niveau (plus superficiel) des problématiques d'ordre socio-clinique. En effet, les séminaires durent quelques jours, et ils sont au nombre de quatre ou cinq, que certains participants ont suivi à quelques mois d'intervalle l'un de l'autre, souvent en en choisissant un nombre encore inférieur.



Table :

Première partie : Danièle ou l'héritage impossible

Chap. Ier : « Je vivais un personnage de clown »
Chap. II : « J'ai du mal à mettre une idée derrière l'autre »
Chap. III : « J'avoue que je suis la fille de rien »
Chap. IV : « J'aimerais mieux être la fille de rien »

Deuxième partie : le sujet face à son histoire

Chap. V : le sujet entre le coeur et la raison
Chap. VI : le sujet entre fantasmes et projections
Chap. VII : le sujet entre déterminisme et autonomie

Troisième partie : La question généalogique

Chap. VIII : L'impératif généalogique
Chap. IX : La famille et l'ordre généalogique
Chap. X : L'impasse généalogique

Quatrième partie : Les défauts de transmission

Chap. XI : Un secret peut en cacher un autre
Chap. XII : Fantômes et secrets de famille
Chap. XIII : Les loyautés invisibles
Chap. XIV : La mémoire familiale

Cinquième partie : « Origines familiales et rapports de classe »

Chap. XV : « On n'est pas assez bien pour toi ? »
Chap. XVI : L'envie et la haine de classe
Chap. XVII : « Décidément, je ne suis pas de ce monde-là ! »
Chap. XVIII : « Comment voulez-vous que je lui parle de ÇA ? »

Conclusion : La sociologie face au sujet
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