L'air pur libère les pensées.
Nez à nez avec les phalanges manquantes de Maurice Herzog, incapable de refermer ma bouche grande ouverte de stupeur, je restais de longues minutes à observer la photo de ses mains mutilées et de son visage brûlé par le soleil à son retour de l'Annapurna.
J'aime le vent froid, les pierriers qui grincent et la solitude des glaces.
La montagne est un territoire où je chasse mes démons.
Si les sommets ont des noms, c'est parce que leur âme flotte au-dessus des cimes.
J'ai la naïveté de penser que certains objets ont une âme et que leur mémoire voyage à nos côtés.
L'échec peut être héroïque et la victoire futile, c'est la manière et le contexte qui donnent du sens à l'effort.
En montagne, il faut avoir confiance en deux choses : son partenaire et son équipement.
Faire son deuil est un abus de langage. Les vraies plaies sont éternelles . On ne guérit pas , on fait avec .
En attendant, chaque nuit sur le pont, tandis que je tiens mon quart, j'écris des livres dans ma tête et songe à toutes les lettres que je ne posterai pas.