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Critique de migdal


migdal
19 septembre 2021
Il est rare qu'incipit vous touche au coeur au point de ne plus pouvoir lâcher le livre jusqu'à son terme. Gilles Gauthier a ce talent et commence par un superbe prologue, couronné, cent soixante dix pages plus loin par un bouleversant épilogue.

Le détournement du vol Alger-Paris, au lendemain de Noël 1994, est le décor de cette confession qui plonge le lecteur dans les coulisses du pouvoir à la fin du second mandat du Président Mitterand (alors très diminué par la maladie), sous le gouvernement d'Edouard Balladur, avec Charles Pasqua Place Beauvau et Alain Juppé au quai d'Orsay. Dans l'ombre s'agitent Villepin et les diplomates, fonctionnaires, policiers et militaires qui essaient d'abord d'amener l'avion en France puis de libérer les otages au moindre cout. Très bien introduit dans les arcanes du pouvoir, l'ambassadeur Gilles Gauthier dévoile crument les arrières pensées des uns et des autres à la veille de l'élection présidentielle.

Parallèlement, un chapitre sur deux introduit Noureddine, le chef du commando terroriste, et déroule sa biographie depuis le lycée, présente sa famille, et montre la régression de l'Algérie dirigée par une clique corrompue qui pille sans vergogne la population et se maintient au pouvoir en s'appuyant sur des nervis à la brutalité stalinienne. En voyant son père torturé et la ferme familiale ruinée par l'impéritie socialiste, le jeune homme se politise et se radicalise progressivement.

Une « amitié particulière » a lié Noureddine à l'auteur quand celui ci était enseignant (coopérant) à Biska et les événements vont confronter « les proches ennemis » quand le diplomate se porte courageusement volontaire pour une négociation de la dernière chance…

Ecrit d'une plume aussi élégante que classique, cet ouvrage, reçu dans le cadre d'une opération Masse Critique m'a enchanté par sa triple intrigue et la pudeur avec laquelle l'écrivain révèle son attirance pour les éphèbes.

L'analyse de la radicalisation de Noureddine est intéressante mais trouve (à mon humble avis) sa limite quand l'écrivain élude (diplomatiquement) la dimension religieuse et refuse de rappeler ce qu'est l'islamisme.

Merci à Riveneuve de me combler une deuxième fois. En janvier j'avais apprécié « Une pierre dans le coeur », ce second envoi permet de prendre la dimension du travail original que cet éditeur déploie pour que la Méditerranée soit un trait d'union entre les peuples qui la bordent.
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