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Critique de 5Arabella


Les écrivains russes qui ont fuit leur pays après la révolution sont nombreux, mais surtout il y a parmi eux de nombreux auteurs de grand talent. Si certains sont très connus : on peut citer bien sûr Nabokov, ou Bounine couronné par un prix Nobel ; d'autres n'ont pas accédé à la reconnaissance que leurs oeuvres méritent. C'est le cas de Boris Zaïtsev, que j'ai découvert récemment, c'est aussi le cas de Gaïto Gazdanov, dont heureusement les éditions Viviane Hamy ont entrepris depuis quelques années d'éditer les oeuvres.

Cygnes noirs, est un recueil de quatre nouvelles. Toutes se passent en France, pays dans lequel Gazdanov a vécu jusqu'à sa mort en 1971. Trois d'entre elles ont pour protagonistes principaux des émigrés russes, comme c'est la cas dans les autres écrits de l'auteur que j'ai lu jusqu'à maintenant ; la quatrième nouvelle imagine un épisode de la vie de Clemenceau à la fin de sa vie, dans lequel le narrateur russe a une part active.

La forme courte va bien à Gazdanov, son art de créer, de rendre vivants des personnages, convient au format de la nouvelle. A chaque fois un épisode particulier résume un personnage, le narrateur, un peu en retrait, est une sorte de témoin privilégié qui nous restitue l'essentiel, sans fioritures inutiles, mais en prenant le temps de dire ce qui est vraiment important, chaque détail ayant son importance, même si nous ne la comprenons qu'une fois le récit achevé.

La langue est travaillée, sans surcharge mais avec soin et élégance, et un certain humour et second degré sont plus présents que dans les romans que j'ai lu de l'auteur, même si l'univers de ces exilés dont la vie n'est pas forcément facile (comme n'est pas non plus facile la vie d'un certain nombre de Français que l'on entrevoit en filigrane ) et se teinte d'une certaine nostalgie; le sens des choses a besoin d'être interrogé en permanence après le séisme du départ du pays natal, et parfois le désespoir prend le dessus.

Très bon recueil, à qui on pourrait juste reprocher d'être trop court.
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