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Critique de kikiberard22


" Si infâmes que soient les canailles, ils ne le sont jamais autant que les honnêtes gens."

{journal d'une femme de chambre } .Octave Mirbeau.

La servante. Une courte nouvelle datant de 1905.
Une peinture désolante, une fois de plus, de la condition des petites gens ; ici, Martine, une petite Normande arrivée fraîchement à Paris, et qui trouve un emploi de Servante... employée de maison, nounou, couturière, cuisinière, lessiveuse, livreuse à domicile, femme de ménage, enfin...une servante en ce début de siècle, appelez-la comme vous voulez...
"Qui a-dit : une esclave ?"
Ah oui, j'oubliais un léger détail... elle peut aussi occuper le poste de "Bête à plaisir", joujou pour Môssieur.
Bien sûr, c'est de l'histoire ancienne tout ça... c'est vieux !
Fini la domesticité...place au "services à la personne"...
_"Vous êtes en situation irrégulière ? Pas d'inquiétude ma fille, venez donc travailler chez moi, un placard, Euhhhh! une chambre vous y attend !
Comment ?...Congés ? Weekend ? 35h ?
Mais elle est drôle en plus ! ".

Une nouvelle triste et belle, mais hélas, bien trop courte. Sitôt s'est-on attaché à la pauvre héroïne, que c'est déjà fini.
Du coup, elle sonne juste, mais paraît trop simple.
L'héroïne, m'a rappelé celle de Flaubert, dans "un coeur simple"...Félicité.
On aimerait la secouer, lui ouvrir les yeux, mieux... venir botter le cul de ce cher Môssieur Albert Bresson, lui prendre ce qu'il doit à Mlle, y rajouter les intérêts, et Tchao Bébért!....
Mais à cette époque, des Bébert, il y en avait à la pelle, cachés derrière leur grand mur.
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Agrémenté d'une préface d'Eric Dussert, éditeur : "Mille et une nuit" et les éditions "Phébus", il est également critique littéraire et je vous en sers un extrait :

_"Disposer d'une domesticité n'était pas un luxe, mais, parfois, une nécessité, et à tout prendre, un signe d'appartenance clair à la société, bourgeoise, petite-bourgeoise, ou simplement, respectable.
Comme appartient à un monde de carton-pâte, ce personnage dégoûtant dont Geffroy nous peint la piteuse vilenie...
...Sa turpitude morale paraît d'ailleurs particulièrement maussade à un moment où les cabarets embrasaient le monde, ou le demi-monde damnait les fils de famille, où les héritiers dilapidateurs se faisaient sauter le caisson après avoir forniquer l'héritage.
Certes, on ne perçoit plus la condition domestique comme on pouvait le faire il y a seulement cinquante ans. C'est une réalité sociale qui s'est effacée, même si sa réalité subsiste dans les quartiers huppés, et parfois même, dans les zones rurales les plus retirées où ne se dédaignent pas quelques travaux non déclarés, quelques esclavage digne de Neuilly ou du 16°arrondissement".

Voilà, c'est dit...Merci Rické!
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Quand à l'auteur, Gustave Geffroy, 1855-1926, romancier oublié, et pourtant...il est l'un des dix membres fondateurs de l'académie Goncourt, au côté de p'tits jeunes prometteurs : Alphonse Daudet ; Huysmans ; Octave Mirbeau... entre autres.
Ami et biographe de Claude Monet, grand copain de Clémenceau, critique d'art et journaliste, il militera contre la peine de mort et pour la condition des filles de joie, et d'autres belles causes, comme la défense de toutes ces"bécassine" venue des fins fonds des campagnes, pour se faire exploiter et engrosser à la Capitale.
Pour tout ça, respect Mr Geffroy.





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