Je l'affirme définitivement : personne ne connaît mieux les livres que nous. Lecteurs, critiques, éditeurs, aucun de ceux-là ne connaît le poids d'un mot, la structure d'un roman, ses plus intimes agencements, comme nous, les traducteurs.
(p. 21-22)
La nuit la violence du monde extérieur s'atténue [...].
Je crois que ma rancune venait d'avoir toujours été parfaitement pointilleux, par respect de l'auteur, par amour de la littérature, par besoin de fidélité.
(p. 15)
On doit se faire à l’autre, l’écouter, le comprendre, s’en imprégner, avec cette différence qu’au lieu d’un personnage, c’est un roman qu’il va falloir traduire.
J’en attendais un autre aboutissement, une autre vérité que je cherchais à travers ce qui pousse un homme à écrire : narcissisme exacerbé, expulsion de l’insoutenable, mise au clair du réel, désir d’exprimer des idées, de séduire, et bien d’autres raisons encore, toutes aussi valables mais bien inutiles à connaître dans cette période.
"Quand on a goûté au risque ses dangers vous manquent, l'ennui s'installe, l'aventure vous appelle" (p.17)
C’était toujours au moment de m’endormir, dans ce demi-sommeil où l’éveil parle encore. D’étranges phosphorescences apparaissaient devant mes yeux fermés. Des lettres se dessinaient, des mots se formaient. Ils allaient, venaient, s’entrechoquaient, combinaient de lentes bribes de phrases qui à leur tour s’entrelaçaient, se défaisaient, avant de disparaître pour revenir encore, jusqu’au moment où le sommeil m’emportait.