AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de MadameTapioca


Martha ♥️

Celle qui fut correspondante de guerre, qui couvrit presque tous les conflits majeurs, de la guerre civile espagnole à l'invasion américaine du Panama en 1989, celle qui fut la seule femme aux côtés des 157 000 hommes à débarquer le 6 juin 1944 en Normandie, voulait qu'on se souvienne d'elle en tant que romancière. Pour la plupart des gens, elle est connue pour avoir été l'une des quatre épouses d'Hemingway... Or, Martha Gellhorn n'est pas une note de bas de page dans la biographie de quelqu'un d'autre, elle est l'une des grandes figures féminines du 20ème siècle.

« J'ai vu la misère », publié en 1936, est son premier livre, composé de quatre nouvelles, lestées d'une évidente valeur documentaire. Chaque histoire résulte de l'observation directe de Martha Gellhorn des ravages la Grande Dépression. Sur la base des rapports qu'elle transmettait à l'administration Roosevelt en tant que jeune journaliste de terrain, elle a construit des fictions qui donnent un visage et des prénoms à ceux qui furent les victimes de ces années noires. Compatissante mais surement pas larmoyante, Gellhorn raconte la pauvreté écrasante, la faim, le chômage, le désespoir et la honte de devoir faire appel à l'aide sociale. « Ruby » est sans doute la nouvelle la plus bouleversante de ce recueil ; l'histoire de cette fille rêveuse de 11 ans prête à tout pour s'offrir des patins à roulettes.

D'une écriture directe et vive, Martha Gellhorn se fait la porte-parole de ces gens ordinaires, elle leur rend dignité, humanité et dessine avec sobriété le portrait d'une Amérique déclassée. Un recueil remarquable qui fît entendre pour la première fois la voix de cette femme exceptionnelle.

Traduction de Denise Geneix, révisée par l'éditeur.
Commenter  J’apprécie          60



Ont apprécié cette critique (6)voir plus




{* *}