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Critique de Alfaric


AMOUR. AMITIÉ. COURAGE. HONNEUR. RÉDEMPTION. David Gemmell aura toujours été fidèle à sa devise. J'ai lu toutes ses histoires et je les ai toutes adorées : celle-ci ne fait pas exception à la règle !
Car que raconte David Gemmell dans La Dernière Épée du pouvoir ? L'histoire d'un paria brito-saxon et d'un prince mérovingien qui font alliance pour sauver Uther Pendragon et aller péter sa gueule à un roi-sorcier teuton ! Yeah !!!

Le récit démarre 25 ans après les événements du Fantôme du roi : on prend les mêmes, et on recommence… ^^
Pour ceux qui connaissent un tant soit peu leurs classiques arthuriens, ce n'est pas spoiler que de parler de la trahison adultérine de Lancelot et Guenièvre (qui ici emprunte à l'histoire de Tristan et Iseult ^^) et de la disparation de Merlin.
C'est Révélation, le mystérieux abbé de Tanger, détenteur du Graal, que nous entrons dans le récit : l'Europe est menacée par un nouveau supervilain chaotique mauvais, Wotan le maléfique, nouvel Antéchrist, autrefois connu sous le nom de Moloch par les Feraghs immortels.

Nous suivons l'histoire par les yeux de deux personnages très différents pour ne pas dire antinomiques, dont les destins sont tissés et entremêlés par Révélation et Pendarric (oui, l'empereur atlante du cycle "Jon Shannow") :
- Cormac Filsdudémon, bâtard abandonné par ses parents et élevé par Gryssha, ancien héros champion saxon devenu la risée des siens depuis sa mutilation
- Ursus, prince sicambre paillard et roublard de la Maison de Mérovée (putain, c'est un auteur 100% anglais qui met à contribution les légendes nationales françaises : honte sur nous bordel de merde !!!)
Et tandis que Cormac désapprend la haine au contact d'Anduine, l'aveugle Princesse de Rhétie pourchassée par Wotan et ses assassins vikings nationaux-socialistes, c'est au contact de la jeune réfugiée Stella qu'Ursus devint Galead (oui, le pur et preux Galahad des récits arthuriens !), l'homme assoiffé de vengeance devenant ainsi un guerrier de l'esprit marchant dans pas d'un mahatma Gandhi.
JUSTICE FOREVER !!!
Mais ne nous trompons d'adversaire : les grand ennemis, c'est la Haine et la Violence, assistée par la Peur et l'Ignorance, le Mépris et l'Indifférence, bien souvent bien aidés par le sentiment de mieux valoir que les autres et d'être au-dessus du commun des mortels…

La mise en place est très agréable, piochant peu ou prou dans les mêmes archétypes universels que la saga Star Wars (appelés poncifs insupportables par les non empathiques commissaires littéraires habituels dont on taira les noms par pure charité chrétienne) :
Cormac = Luke, Anduine = Leia, Ursus = Han Solo, Révélation = Obi-Wan Kenobi (et celui-là est carrément assez réussi ! ^^)
J'ai eu un peu peur que le fil directeur des tentatives d'enlèvement des assassins vikings nazis de Wotan soit répétitif, mais à la manière des apparitions des paladins noirs dans le cycle "Drenaï", elles nous gratifient à chaque fois de scènes assez cool mélangeant action et émotion.


L'odyssée aux Enfers de Cormac pour aller délivrer Anduine est mine de rien assez métaphysique.


Et IRL les vieux Gwalchmai et Severinus combattent aux côtés de Culain qui a décidé de se la jouer Horatius Coclès :
"A chaque homme sur cette terre
La mort viendra tôt ou tard viendra.
Et il n'est sort plus enviable
Que de tomber devant l'ennemi nombreux,
Pour les cendres de nos ancêtres,
Les temples de nos dieux."



En paix avec lui-même Uther Pendragon chevauche vers sa dernière bataille avec Cormac à droite et Ursus à sa gauche.


Signalons la traduction soignée de Leslie Damant-Jeandel, qui gomme une belle partie des maladresses de l'auteur…
J'aurais pu lâcher 4 étoiles, et je ne doute pas un instant que des easy readers pourront lâcher 5 étoiles. Mais avec une vue d'ensemble sur la bibliographie de l'auteur, on a à plusieurs niveaux la sensation d'avoir affaire à un prototype :
- de l'affrontement entre Achille et Hector à la fuite d'Enée, tout sera repris ultérieurement dans le cycle Troie
- l'épopée d'Alexandre le Grand sera repris ultérieures dans le cycle du Lion de Macédoine
- le mélange entre les univers de Walter Scott et ceux du Dr Who sera développé dans La Reine Faucon
- les amants maudits ? Skilgannon et Jianna sont tellement plus aboutis que Culain et Goroein…
Et puis il y a le leitmotif de sa propre vie : David Gemmell a été marqué par ses mauvaises relations avec son père, qui l'ont amené aux portes de la délinquance (il a été exclus de l'école pour avoir ouvert un tripot clandestin…), et par ses très bonnes relations avec son beau-père, qu'il l'a sauvé de ladite délinquance. Ses romans ne cessent de mettre en scène cette ambivalence : Cormac est ici un avatar de l'auteur, coincé entre Uther, son père biologique qui ne l'a jamais connu, et Gryssha, son père adoptif qui a joué le rôle de mentor, car mine de rien nous sommes dans les archétypes incontournables de l'universelle quête du héros aux dix mille visages qui une fois de plus nous est contée ici…
Bref, l'auteur a affiné sa formule et fera mieux voire bien mieux ultérieurement, mais un Gemmell même moyen reste au-delà de la majeur partie de la production Fantasy… ^^


J'ai désormais achevé la trentaine de livres qui composent la bibliographie de l'auteur.
J'ai toujours écrit qu'en mélangeant tous les genres du cinéma populaire David Gemmell avait créé la fantasy spaghetti. Mais avec ses héros marginaux qui défendent la veuve et l'orphelin avec l'aide de preux chevaliers blancs ou de badass chevaliers noirs, en lattant leur gueule aux tyrans cruels, aux politiciens avides et aux marchands cupides, David Gemmell nous a sans doute fait de la nekketsu fantasy. Les deux genres se marient parfaitement, car puisant tous deux à la source originelle de l'universel Héros aux mille et un visages. Mieux, avec sa critique sociale, son message de révolte, ses valeurs humanistes mêlant espoir et mélancolie, il remonte au nekketsu pur et dur, celui d'"Ashita no Joe" (le manga de boxe arrêté sur ordre du gouvernement japonais car la génération 68 défilait dans la rue avec des pancartes Joe Kabuki tandis que les mouvements ouvertement révolutionnaires déclaraient fièrement « Nous sommes Ashita no Joe ! »). Mieux encore, on retrouve un questionnement presque existentiel commun à moult récits nekketsu : Comment mettre fin à l'injustice ? Par la force et la domination, ou par la compréhension et l'acceptation de l'autre…
Que répond Druss face au gengis khan Ulric ?
Que répond Skigannon face à la Reine Sorcière Jianna ?
Que répond Uther Pendragon face à Wotan le Roi-Démon ?
« Il n'est pas de meilleure manière de vaincre un ennemi que de s'en faire un ami. » Et pan dans les dents à tous les tenants du « choc des civilisations » qui depuis des années nous bassinent avec leurs théories haineuses à la con !!!

On est donc avec David Gemmell aux antipodes de la pensée unique contemporaine fabriquée de toutes pièces par les voleurs d'avenirs, les tueurs d'espoir, les courtiers du chaos et les rentiers du néant : « le monde est pourri, il a toujours été pourri et il sera toujours pourri car pour qu'il fonctionne il faut que les riches soient très riches, et que les pauvres soient très pauvres, et il faut également que les faibles ferment leur gueule pour que les forts puissent faire ce qu'ils veulent. Et puis si vous n'êtes pas contents c'est ça ou al Quaïda, DAESH, Poutine, ou Kim Jong-un… (Rayez les mentions inutiles). » C'est grosso modo le TINA (There Is No Alternative), la doxa des néo-libéraux et des néo-cons, stupidement reprise en choeur par l'immense majorité de tous les dirigeants de la planète depuis plus de trois décennies… Qu'ils aillent tous pourrir dans l'ultime cercle de l'enfer, celui réservé aux traîtres car le genre humain ils ont trahi.
David Gemmell était un auteur généreux et sincère, qui nous a offert des histoires positives, un peu cul-cul parfois tant le message est simple et basique, mais qui donnent envie de devenir meilleur et de rendre le monde meilleur.
Je revendique ainsi fièrement mon appartenance à la masse stallonienne, car le mahatma Rocky a dit : « Si j'ai changé, et que vous avez changé, alors tout le monde peut changer ! »
Alors toi qui me lis, toi aussi ne cèdes pas à la résignation et bats-toi pour demain !!!
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