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Critique de PrettyYoungCat


Au premier abord, je suis sortie de ma zone de confort avec ce livre, n'étant pas du tout portée sur les intrigues policières. Mais en réalité, il est loin d'être une banale enquête puisqu'on y trouve du fond et c'est ce qui m'a plu en lisant la quatrième de couverture.

En effet, l'histoire qui en entrecroise plusieurs autres qui finiront par former des ponts entre elles, n'aborde pas seulement la résolution d'un meurtre; elle nous dépeint une problématique sociétale.

Il y est effectivement question des mutilations génitales féminines encore très présentes dans la population nigérienne et somalienne en Angleterre. La force des traditions, d'une culture patriarcale ancestrale veut que les femmes soient "pures" et gagnent en valeur (la dot sera plus élevée) si elles subissent une excision, voire une infibulation, alors qu'elles ne sont encore que des gamines si jeunes qu'elles n'auront qu'un souvenir parcellaire mais terriblement traumatisant de cet acte barbare... Les conditions dans lesquelles sont réalisées ces mutilations en font des femmes qui n'auront pas souffert que sous la torture de l'acte barbare, mais parfois leur vie durant, sur les plans à la fois physique et psychologique. Il arrive que ces mutilations soient effectuées non sous le coup (avec de la chance... si la lame a bien été affûtée, sans quoi il faudra s'y reprendre à plusieurs fois) d'un cutter ou d'un couteau de cuisine, mais de manière chirurgicale et avec les précautions d'asepsie nécessaires... Mais cela constitue-t-il réellement un progrès ?
Le plus interpellant à mes yeux reste que ce sont souvent les femmes elles-mêmes qui perpétuent ces traditions sur leur fille alors qu'elles ne savent que trop bien cette souffrance.
C'est dire si la soumission à la domination masculine est ancrée comme un destin immuable...
Cela se passe ici en Angleterre, mais cela se passe partout...

Au travers de cette histoire qui se déroule dans la canicule londonienne, sont abordées aussi les tensions raciales entre Noirs et Blancs... Je me suis demandé si les origines américaines de l'autrice, Elizabeth George, avaient influencé ce portrait, mais je crois plutôt qu'en fait j'ignorais - d'aucuns diraient à juste titre que c'est un privilège de Blanc - à quel point le racisme est partout, même si ici l'hostilité semble fort rangée du côté de la population noire à l'encontre des Blancs.

Tous ces pans sociétaux sont venus s'intriquer dans une intrigue policière qui s'égrène petit à petit, mais sans que la narration ne soit lourde. Au contraire, l'autrice, avec son écriture fluide, a su glisser de l'humour, de la psychologie, des personnages avec du relief (et parfois même attachants), ce qui rend la lecture agréable.
Le seul petit bémol à mes yeux, c'est que l'histoire est trop tirée en longueur (le livre compte 650 pages).

Je remercie chaleureusement Babelio et les éditions Les Presses de la Cité pour l'envoi de ce livre, dans le cadre d'une Masse critique privilégiée, que j'ai lu avec intérêt et plaisir.

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