La trop longue solitude assèche le verbe et le désir d’autrui.
Et Sasha comprenait que malgré sa rencontre avec Ayden, malgré Eldfell, malgré tout ce qu'elle avait accompli de bien dans sa vie et qui lui avait valu de l'amour et de la reconnaissance, malgré tout cela, les renoncements imposés par son corps décalé d'adolescente avaient ancré profondément en elle la conviction qu'elle ne valait pas grand chose. On est fait aussi de toutes les humiliations accumulées.
Il y a des mondes invisibles qu'on pressent sans avoir besoin de la preuve de leur existence. Et à l'inverse, tant de mondes visibles qui agitent sans cesse la preuve de leur existence pour faire oublier qu'ils ne sont que des constructions. Ce qui a un sens n'a pas besoin de preuve.
Le passé n'est jamais totalement définitif.
Les nuits travesties de juin prolongent les journées interminables dans un dévoilement permanent et indécent des choses et des êtres. Arna a toujours préféré le refuge des nuits infinies et aveugles du long hiver polaire qui protège des regards et des vérités crues.
On est pas responsable de ceux qu’on laisse lorsqu’il faut partir pour se sauver soi-même.
Ce qu'il faut de peu pour mettre un homme à terre, ce qu'il faut d'éternité pour le relever.
Rien n'est jamais certain. Rien n'est jamais donné. Elle connaît trop bien les désillusions qu'engendrent les certitudes.
On n'est pas responsable de ceux qu'on laisse lorsqu'il faut partir pour se sauver soi-même.
Elle n'a pas pu faire autrement que de se résoudre à l'immobilité. C'était s'arrêter ou mourir. Elle a choisit de vivre. Le monde est trop vaste pour en retourner tous les recoins.