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Critique de fanfanouche24


C'est la première fois que je lis Sylvie Germain… et d'après mes curiosités en attente, je ne suis pas sûre qu'il faille commencer par celui-ci , pour aborder son univers ; J'ai toutefois savouré ce dernier ouvrage avec ces portraits ; tous ces personnages que l'on croise dans un square, vieux , jeunes, seuls, accompagnés (le plus souvent seuls, ceci dit), de tous les milieux sociaux… jusqu'au jeune homme perdu, S.D.F…

il est question de « nos solitudes urbaines »… communes, éternelles… et dans la seconde partie, alors que le 1er confinement est décrété sur tout le pays…on ressent ces mêmes solitudes, différemment... avec une âpreté, une sensibilité écorchée vive. Tout s' exacerbe dans un contexte exceptionnel...

On retrouve les mêmes personnages et d'autres…on les accompagne dans leur nouveau quotidien, comment vivent-ils cet enfermement subit ? Augmentation de leur solitude jusqu'au désespoir (Comme Serge,fils aimant et attentionné, qui du jour au lendemain ne peut plus rendre visite à sa mère, en EHPAD. Il trouvera des astuces pour garder le lien, envers et contre tout)…ou l'émergence d'un autre manière d'appréhender le quotidien, des petites lumières survenant comme ce merveilleux Merlin [Xavier ], ex prof de dessin, qui reprendra le dessin pour son plaisir, et pour donner des cours de dessin à une enfant de ses voisins, Lola, 7 ans [Et combien cela va transformer la vie de l'un comme de l'autre ]. C'est ainsi que la « gamine » , décide de surnommer son voisin-professeur, Merlin , comme l'Enchanteur…Ces deux-là nous font chaud au coeur et « au moral »…
« Merlin
A présent il voit chaque jour la fillette, en fin de matinée. Il a renoué avec son métier d'autrefois, pour elle seule. Il lui enseigne le dessin, l'art des couleurs, il lui montre des reproductions de tableaux, les lui commente, chacun dans sa cage à quelques mètres de distance. Les parents de Lola sont ravis, pendant ce temps ils n'ont pas à s'occuper d'elle, et surtout ils voient combien leur fille prend plaisir à ces cours informels, elle passe ensuite des heures à dessiner, colorier, inventer des histoires qu'elle soumet, une fois achevées, à Xavier, qu'elle appelle Monsieur Merlin, comme l'Enchanteur qu'elle a découvert dans un dessin animé. Cette légende l'émerveille car le magicien a le don de se métamorphoser en oiseau , de parler avec les arbres, les éléments, les animaux, de voyager dans le temps, de se rendre invisible dans un pommier, et il vit en union avec la forêt. Elle aimerait devenir à son tour un oiseau , ou un nuage, ou un arbre marcheur pour quitter l'appartement, retrouver ses camarades, revoir ses grands-parents, aller à la campagne, à la mer. (p. 107)”

Remarque impromptue au fil de mes pensées : un peu étonnée d' une idée singulière de l'auteur ,qui dans son procédé narratif, alterne la description, le caractère, la vie précise de personnes nommées, avec un prénom, une couleur et puis, l'Impersonnel , le flou indistinct, tels »L'individu, le bizarre, le pathétique, l'importun, le semblable, le quelconque, l'indéfini… »

Entre profonde tristesse, colère, rage, frustrations multiples et variées, de belles histoires d'empathie et de solidarité… Une lecture bienveillante, contrastée comme la Vie, comme le quotidien que nous vivons depuis près d'un an…roman ayant le grand mérite de ne pas faire dans le catastrophisme, ou la dramatisation à outrance et de laisser ces « fameuses fenêtres » tant aimées par « notre » professeur de dessin, Merlin, L'Enchanteur [Xavier ], ouvertes !…

Cela ne fait pas oublier les drames quotidiens ; celui du SDF, totalement esseulé, ou de la veuve, qui prend conscience qu'elle est passée à côté de sa vie, ou le voisin antipathique, le devenant encore plus , lorsque se confirme sa violence envers ses proches, dans le privé… Mais restent le sourire, les élans spontanés… et puis les personnalités comme Xavier, lesquelles par leurs élans, leur faculté à créer du Positif… parviennent à alléger, illuminer un quotidien anxiogène…De fines observations de « notre société humaine »…
Un beau moment comme une sorte de pause chaleureuse, ouverte, tournée vers les autres…entre visages familiers et inconnus ! Je pense soudainement, en guise de « mot de la fin » , à un autre ouvrage d'un auteur, que j'affectionne particulièrement, Jean-Louis Fournier, avec son « Je ne suis pas seul à être seul »…

[*****P.S : J'ajoute , après ces lignes, une demande « hors-sujet » : Je sollicite les lecteurs assidus de Sylvie Germain, pour avoir un conseil quant au texte le plus « éclairant » pour entrer dans son style et son univers, la toute première fois, considérant celui- ci, tout à fait à part, dans son parcours ?]***** j'allais oublié , j'en ai lu un seul, avant celui-ci, il s'agissait d'une sorte d'essai fort intéressant sur l'écriture, "Les Personnages" [Gallimard, collection L'Un et l'Autre ]
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