Quel a été l`élément déclencheur de la rédaction de ce livre ?
L`achat d`une brosse à dent dans un hypermarché, il y en avait, cinq cent sortes...
Est-ce que la société a toujours souffert du "trop" ou est-ce un phénomène récent ?
Ca empire, le marketing envahit tout, la société transforme les citoyens en client.
Vous-même, avez-vous toujours porté ce regard sur notre société de consommation et ses travers ou est-ce un ras le bol récent ?
Un ras le bol récent.
Si nous sommes aujourd`hui envahis par le « trop de choix, trop de beurre, trop d`argent, trop de gâteaux… », de quoi manquons-nous en revanche ?
De simplicité, de sobriété, de frugalité, d`authenticité.
Pour beaucoup de gens, avoir beaucoup de choix est une chance. Pourquoi cela n`en est pas vraiment une selon vous ?
Trop de choix ce n`est plus le choix, c`est l`embarras du choix. Le bonheur ne peut pas être associé à l`abondance de bien.
Vous aviez déjà fait part de votre « mauvaise humeur » dans un précédent livre paru en 2012. le billet d`humeur est-il un genre ou exercice de style qui vous plait particulièrement ?
Non pas particulièrement, mais j`aime bien ouvrir ma gueule et faire partager mes indignations.
Le livre peut se lire comme un véritable recueil de poèmes. L`avez-vous travaillé dans ce sens ?
Un peu et j`en suis flatté si j`ai réussi.
Quel est le livre qui vous a donné envie d`écrire ?
Paroles de Prévert.
Quelle est votre première grande découverte littéraire ?
La Métamorphose de Kafka.
Quel est le livre que vous avez relu le plus souvent ?
Le désert des Tartares de Dino Buzatti.
Quel est le livre que vous avez honte de ne pas avoir lu ?
Il y en a trop...
Quelle est la perle méconnue que vous souhaiteriez faire découvrir à nos lecteurs ?
James Thurber
Avez-vous une citation fétiche issue de la littérature ?
"La première fois que je l`ai vu j`ai compris qu`il n`avait été que prêté et qu`il allait falloir le rendre rapidement" Cocteau a écrit cette phrase à la mort de Raymond Radiguet, mort à 20 ans.
Et en ce moment que lisez-vous ?
Je relis Tintin.
Découvrez "
Trop" de
Jean-Louis Fournier aux éditions
Editions de la Différence :

Parole d'écrivain avec Jean-Louis Fournier
Pour ce quatrième episode de la nouvelle saison de « Parole d'ecrivain », Sarah Masson avait rendez-vous avec Jean-Louis Fournier, qui vient de publier son nouveau roman « Je n'ai plus le temps d'attendre ». Pour Jean-Louis Fournier, l'écriture est un jeu, un plaisir de raconter et une grande liberté. C'est aussi un homme pressé qui nous parle de notre rapport au temps.
Bonne ecoute !
Un podcast de Sarah Masson, egalement auteure d'un premier roman chez JC Lattes : « le Silence apres nous ».
#paroledecrivain #podcast #sarahmasson #jeanlouisfournier #jenaiplusletempsdattendre #ecriture
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Si je dis que je vais bien, ce n'est pas vrai; si je dis que je vais mal, ce n'est pas vrai non plus. Je vais.
C'est triste de penser qu'il faut attendre le pire pour enfin comprendre. Pourquoi le bonheur, on le reconnaît seulement au bruit qu'il fait en partant ?
Quand on me demande dans la rue un don pour les enfants handicapés, je refuse. Je n'ose pas dire que j'ai deux enfants handicapés, on va croire que je blague. L'air dégagé et souriant, je m'offre le luxe de dire : "Les enfants handicapés, j'ai déjà donné."
En tant que père de deux enfants handicapés, j’ai été invité à participer à une émission de télévision pour témoigner.
J’ai parlé de mes enfants, j’ai insisté sur le fait qu’ils me faisaient rire souvent avec leurs bêtises et qu’il ne fallait pas priver les enfants handicapés du luxe de nous faire rire.
Quand un enfant se barbouille en mangeant de la crème au chocolat, tout le monde rit ; si c’est un enfant handicapé, on ne rit pas. Celui-là, il ne fera jamais rire personne, il ne verra jamais des visages qui rient en le regardant, ou alors quelques rires d’imbéciles qui se moquent.
J’ai regardé l’émission, qui avait été enregistrée.
On avait coupé tout ce qui concernait le rire.
La direction avait considéré qu’il fallait penser aux parents. Ça pouvait les choquer.
Ne pas être comme les autres, ça ne veut pas dire forcément être moins bien que les autres, ça veut dire être différent des autres. (p. 104)
Le jour où l'eau courante ne court plus on regrette sa fraîcheur, quand la lampe s'éteint on regrette sa lumière, et le jour où sa femme meurt, on se rend compte à quel point on l'aimait. C'est triste de penser qu'il faut attendre le pire pour enfin comprendre. Pourquoi le bonheur, on le reconnaît seulement au bruit qu'il fait en partant?
Elle est terrible la mort de celui qui n’a jamais été heureux, celui qui est venu faire un petit tour sur Terre seulement pour souffrir.
Dans les propositions subordonnées, le subjonctif s'emploie pour exprimer :
un fait redouté
Mon arrière-grand-père est mort,mon grand-père est mort, mon père est mort, j'ai peur que ce ne soit héréditaire.
Vous ne connaîtrez jamais ce délicieux frisson qui vous parcourt des pieds à la tête, fait en vous un grand chambardement, pire qu'un déménagement, une électrocution, ou une exécution. Vous chamboule, vous tourneboule et vous entraîne dans un tourbillon qui fait perdre la boule. Vous remue tout l'intérieur, vous donne chaud à la gueule, vous fait rugir, vous hérisse le poil, vous fait bégayer, vous fait dire n'importe quoi, vous fait rire et aussi pleurer.
Parce que, hélas, mes petits oiseaux, vous ne saurez jamais conjuguer à la première personne du singulier et à l'indicatif du présent le verbe du premier groupe: aimer.
Quand un enfant se barbouille en mangeant de la crème au chocolat, tout le monde rit ; si c'est un enfant handicapé, on ne rit pas. Celui-là, il ne fera jamais rire personne, il ne verra jamais des visages qui rient en le regardant, ou alors quelques rires d'imbéciles qui se moquent.