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Critique de Merik


Au hameau du Leu-Aux-chênes l'univers est indiscutablement boisé, la forêt du Morvan qui entoure les humains les plonge dans des activités essentiellement liées à l'acheminement des bûches par le cours d'eau local. Mais si le lieu est défini le temps semble incertain, le titre se réfère à la liturgie médiévale « Dies irae », et l'ambiance du récit contribue à le situer dans ces zones d'un passé incertain propice aux fables cruelles et autres contes mystiques.
Le roman s'ouvre sur deux folies. La première est douce, celle d'Edmée Verselay illuminée à jamais par la Madone, quand la seconde est furieuse, celle d'Ambroise Mauperthuis tombé en adoration posthume devant le corps assassiné de Catherine Corvol. Elles se confronteront en sourdine ou en parallèle via leurs descendances aux démêlés voisins, sur le tempo liturgique de jours de colère ou de jalousie, parfois aussi de chorale mystique.
Les personnages y sont singuliers, leur patronyme suffit souvent à nous le rappeler : de Huguet Cordebugle à Reinette-la-Grasse en passant par Ephraim Mauperthuis ils ne sont pas anodins c'est certain, mais les évènements non plus ne le sont pas dans ce hameau replié sur lui-même, avec ses cinq fermes à peine pour la vie communale. Il ne faut pas s'y étonner d'une fratrie de neuf mâles éclos au rythme métronomique d'un par an, toujours un 15 Août - Assomption oblige, à des horaires croissants comme leur nombre, tous baptisés d'un nom composé avec Marie. Il ne faut pas s'étonner non plus d'un des frères, Simon-Marie né à Midi au milieu des actifs du matin ou des rêveurs de l'après-midi, qui ira s'en chevaucher un boeuf pour échapper à son malheur. Il ne faut pas s'étonner non plus d'y croiser des anges. Il faut juste se laisser porter. Mais l'écriture fine et taillée méthodiquement dans une matière comme crayeuse, à la fois précieuse et rugueuse, y aide bien malgré son exigence.
Un très bon roman de 1989 bien singulier qui m'a captivé et intrigué, même si j'ai du mal à cerner les interprétations possibles. Mais qui m'incite à continuer avec cette auteure que je découvre.

« Dans son esprit et dans son coeur les morts n'en finissaient pas de saisir les vivants, la beauté n'en finissait pas d'avoir le goût de la colère, et le désir de se nommer vengeance et guerre.»
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