AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,19

sur 275 notes
5
24 avis
4
6 avis
3
8 avis
2
3 avis
1
0 avis
Au hameau du Leu-Aux-chênes l'univers est indiscutablement boisé, la forêt du Morvan qui entoure les humains les plonge dans des activités essentiellement liées à l'acheminement des bûches par le cours d'eau local. Mais si le lieu est défini le temps semble incertain, le titre se réfère à la liturgie médiévale « Dies irae », et l'ambiance du récit contribue à le situer dans ces zones d'un passé incertain propice aux fables cruelles et autres contes mystiques.
Le roman s'ouvre sur deux folies. La première est douce, celle d'Edmée Verselay illuminée à jamais par la Madone, quand la seconde est furieuse, celle d'Ambroise Mauperthuis tombé en adoration posthume devant le corps assassiné de Catherine Corvol. Elles se confronteront en sourdine ou en parallèle via leurs descendances aux démêlés voisins, sur le tempo liturgique de jours de colère ou de jalousie, parfois aussi de chorale mystique.
Les personnages y sont singuliers, leur patronyme suffit souvent à nous le rappeler : de Huguet Cordebugle à Reinette-la-Grasse en passant par Ephraim Mauperthuis ils ne sont pas anodins c'est certain, mais les évènements non plus ne le sont pas dans ce hameau replié sur lui-même, avec ses cinq fermes à peine pour la vie communale. Il ne faut pas s'y étonner d'une fratrie de neuf mâles éclos au rythme métronomique d'un par an, toujours un 15 Août - Assomption oblige, à des horaires croissants comme leur nombre, tous baptisés d'un nom composé avec Marie. Il ne faut pas s'étonner non plus d'un des frères, Simon-Marie né à Midi au milieu des actifs du matin ou des rêveurs de l'après-midi, qui ira s'en chevaucher un boeuf pour échapper à son malheur. Il ne faut pas s'étonner non plus d'y croiser des anges. Il faut juste se laisser porter. Mais l'écriture fine et taillée méthodiquement dans une matière comme crayeuse, à la fois précieuse et rugueuse, y aide bien malgré son exigence.
Un très bon roman de 1989 bien singulier qui m'a captivé et intrigué, même si j'ai du mal à cerner les interprétations possibles. Mais qui m'incite à continuer avec cette auteure que je découvre.

« Dans son esprit et dans son coeur les morts n'en finissaient pas de saisir les vivants, la beauté n'en finissait pas d'avoir le goût de la colère, et le désir de se nommer vengeance et guerre.»
Commenter  J’apprécie          692
Forêts magiques, forêts maléfiques. Forêts hallucinées où vit tout un peuple de bûcherons, galvachers et bouviers. Personnages aux tempéraments forts, tourmentés, obsédés par leurs lubies et vivant complètement et jusqu'au bout leurs passions.
Des personnages soigneusement dépeints par Sylvie Germain comme l'exubérante Reine, matrone imposante à l'insatiable appétit et au coeur d'or, qui accoucha chaque 15 août d'un garçon, pendant neuf ans. Comme le patriarche Ambroise Mauperthuis bouffi de colère et de passion pour une femme morte et dont l'immense richesse reste le fruit d'un secret bien enfoui au fond de sa mémoire malade. Ou encore comme Camille et Simon, amoureux fous et semblant le miroir l'un de l'autre. Mais aussi cet ambigu voisin qu'est Cordebugle, taiseux et taciturne, toujours vissé derrière sa fenêtre à observer les autres, son coq irascible posé sur les genoux...

Une histoire puissante et violente, inventive et tumultueuse, racontée avec talent par Sylvie Germain qui excelle dans la description des bois et forêts environnants, mais surtout dans la psyché des personnages où chacun d'entre eux est à lui seul un roman. Une histoire truffée de références bibliques qui créent une atmosphère presque irréelle et qui projettent des images à la fois poétiques et tragiques. Une histoire qui ne nous lâche pas !

« Dans les forêts du Morvan, loin du monde, vivent bûcherons, flotteurs de bois, bouviers, des hommes que les forêts ont faits à leur image, à leur puissance, à leur solitude, à leur dureté. Même l'amour, en eux, prend des accents de colère... »
Commenter  J’apprécie          650
En lisant ce roman on pourrait mettre en fond de musique le Requiem Dies Irae de Verdi.
Mais finalement le silence convient mieux tant chaque phrase contient d'images, la musique se fait toute seule, dans la tête.

Est-ce une fable mystique, est-ce un conte noir où les hommes s'emmêlent dans leur folie, leurs excès ? le lieu s'y prête en tout cas. Sombre village perdu dans la forêt du Morvan où les habitants vivent du travail du bois. Envoutés par la nature, on les croirait d'écorce, enracinés à leur hameau de pierre et de planches, ils se marient entre eux, s'enlisent dans leur folie.
Est-ce le regard vert de forêt, celui de la vouivre qui leur a jeté un mauvais sort ou bien le crime de l'homme qui assomme l'amour de colère, poignarde la beauté de son délire ?

La belle Catherine égorgée au bord de l'eau se confond avec le troupeau de troncs morts qui roule dans la rivière dans un chant de funérailles, ou encore avec les sanglots du piano de sa fille Claude.

Ce meurtre accompli dans le silence fera craquer une brindille lorsque la belle se couchera dans l'herbe pour l'éternité, mais le destin taciturne et insatiable, en fera un craquement tel un arbre centenaire que l'on abat, un craquement qui rend sourd la raison des vivants.

Parfois la forêt laisse entrevoir une clairière à travers les fils si nombreux de Reinette-la-Grasse. Ils portent en eux une brutalité lumineuse, une sauvagerie poétique, une musique qu'ils empruntent au vent, aux oiseaux, à l'orage, à la rivière. Ils sont dans l'excès de sève et de branches, ils ont à l'âme la couleur de la nature indomptable.

Un conte biblique, un envoûtement diabolique, ou tout simplement la folie des hommes enfermés de solitude, de croyances ténébreuses, aveuglantes, étranglés de pauvreté, éteints par leur labeur de bêtes. Des hommes rugueux, rustiques, sculpteurs d'anges ou de démons, profondément ancrés à leur terroir comme les arbres qui leur font ciel.

J'ai découvert une écriture sombrement poétique, ciselée, écorcée. Un roman riche, chaque personnage est un sentier de ronces, d'orties, de saxifrage jaune ou de magnolia en fleurs. On y entend l'orage de ciel ou d'homme, le bruit des sabots, le claquement des draps dans le vent, les éclats de rire des anges à la couleur des abeilles, le grondement des bûches sur les galets de la rivière, le beuglement des bêtes et les râles des hommes, les sanglots du piano, le bilboquet d'un enfant vieux, le frottement des grains d'un chapelet, le craquement du feu vers la voûte céleste, le raclement des chariots promenant les morts avec les vivants. On y entend le grelot du rire de Reinette-la-Grasse broyé par le rire d'enfer du bûcheron Mauperthuis.

Un roman somptueux.
Commenter  J’apprécie          618
Je remercie la colère des prétendants au BAC 2022 d'avoir, sans le vouloir bien sûr, attiré mon attention sur ce livre de Sylvie Germain, quasi oublié. La bibliothécaire a été obligée d'aller le chercher dans la réserve, dernière étape avant la mise en vente qui a lieu une fois par an pour libérer de l'espace.
Je trouve que la quatrième de couverture dévoile bien trop de choses qu'il vaut mieux découvrir soi-même. Mais qu'importe. J'ai pris un plaisir immense à cette lecture pleine d'histoires, il faut bien le dire, "tragiques".
C'est une écriture qui se déguste. Il faut prendre son temps pour apprécier toute la profondeur du roman.
Magnifique.
Commenter  J’apprécie          536
Dans les forêts du Morvan, le hameau du Leu-aux-Chênes est le théâtre de nombreuses folies. Ambroise Mauperthuis est fou d'amour pour Catherine Courvol, qu'il n'a vue et possédée que morte. Edmée Verselay est folle de dévotion mariale et folle d'amour pour sa fille, la monumentale Reine. La folie de Mauperthuis se double d'une colère sourde quand son aîné, Ephraïm, refuse d'épouser la fille Courvol et lui préfère Reine, avec qui il aura neuf fils. C'est au cadet des Mauperthuis d'achever le dessein paternel. de son union avec Claude Courvol, il aura une fille, Camille, qui est le portrait craché de Catherine, son aïeule. Ambroise Mauperthuis reporte sur cette enfant la passion qu'il a eu pour la morte, mais sa nature rageuse lui coûtera le précieux objet de sa folie.

Sylvie Germain s'y connaît pour dépeindre des familles fabuleuses. Son premier roman, le livre des nuits, était une merveille. Ici, l'arbre familial se fonde sur un père despotique qui, sous le coup d'une colère aux accents d'évènement fondateur, chasse un fils qui repeuplera la terre. Mais entre le père originel et la descendance, il n'y a rien. « Les fils d'Ephraïm n'avaient en commun avec lui que leur nom. Il avait tranché trop violemment tout lien de parenté avec eux avant leur naissance pour qu'ils puissent le considérer comme leur aïeul. » (p. 93 & 94) Et à la folie courroucée d'Ambroise s'oppose le culte de la Vierge, mère adorée et toute puissance qui comble de sa douceur les êtres repoussés.

Le jour de colère, dans le culte catholique, c'est le Dies irae qui ouvre la liturgie des défunts. du haut de sa folie, Ambroise Mauperthuis n'est pas un dieu miséricordieux et il entend que son courroux soit retentissant, à tel point que le sentiment qu'il porte à son adorée petite-fille ressemble surtout à un anathème d'amour : c'est l'amour d'Ambroise qui maudit Camille. « Lui, qui depuis toujours et à jamais revendiquait le droit exclusif d'amour autour de Camille, – lui qui se considérait comme le destin de Camille. » (p. 242)

Ce qui frappe également dans le texte de Sylvie Germain, c'est la propension des êtres à s'affubler ou à se faire affubler de surnoms qui prolongent leur identité et qui les ancrent dans le réel en accentuant leurs singularités. On flirte avec le merveilleux, mais ce roman n'entre pas dans le genre du réaliste magique même s'il a beaucoup du conte et de la légende. Une légende sombre et noire comme les profondes forêts du Morvan et qui raconte la malédiction née d'un bien mal acquis.

La langue de Sylvie Germain est riche et ciselée comme un joyau, superbe sans être jamais ostentatoire. Les phrases se déploient comme les ailes d'un papillon fantastiquement chatoyant et nous racontent des amours monstrueuses à force d'emportement et d'exclusivité. Il est question de beauté rude et de folie sublime. Sylvie Germain est une reine de l'oxymore et des unions contradictoires. le plaisir de lire un roman de cette auteure est intense et durable.
Commenter  J’apprécie          430
Intrigué par la polémique autour du choix d'un extrait de Jours de Colère, pour le proposer à la sagacité des prétendants au bac de français 2022, j'ai décidé de lire ce roman, ignorant jusqu'alors l'existence de Sylvie Germain, l'auteure qui a fait les frais d'une décision qui ne lui appartient pas.
Et là, BINGO.
Jours de Colère est un conte lyrique et moral stupéfiant, reposant sur une ode à la nature et à ceux qui l'habitent ; «De loin en loin se serait levé le chant bref d'un bruant, le sifflement d'une grèbe ou la mélodie d'un loriot, et tout comme chaque arbre aurait été doublé d'un éternel reflet chaque chant d'oiseau aurait été accompagné de son écho , et dans l'eau chaque poisson aurait mangé en compagnie de son ombre».
Une nature de «forêts sur les hauteurs d'un socle de granit», dans le Morvan profond dans la région de Clamecy, où vivent les bourgeois exploitant les forêts alentours et des paysans vivant «davantage dans les forêts que dans leurs hameaux, où certains campaient au bord des rivières lorsqu'ils accompagnaient le flottage à bûches perdues»
Dans ce décor de «granit hérissé de forêts sombres, percé de sources et d'étangs, clairsemé de chaos et de prés cloisonnés de haies vives et de hameaux tapis dans les ronces et les orties.», s'affrontent les humains vivant de l'exploitation du bois.
«Tous les hommes étaient bucherons, bouviers et flotteurs à la saison du lancement des bûches (...) les femmes et les enfants participaient aux travaux d'ébauchage, d'écorçage, de ramassage de petit bois et de fabrication de fagots d'allumage.»
Ambroise Mauperthuis, flotteur de bois devenu propriétaire des «forêts de Saulches, de Jalles et de Failly» ; dont il a dépouillé son ancien employeur Vincent-Corvol par une basse manoeuvre qu'il tait mais que la rumeur rend plus mesquine, plus sale et plus machiavélique...
Ambroise a déshérité son fils Éphraïm après que ce dernier ait annoncé sa volonté d'épouser Reine La Grasse fille d'Edmée et de Jousé Verselay des paysans travaillant pour Ambroise et vivant à la Ferme-Du-Bout .
Neuf enfants naîtront de l'union d'Éphraïm et Reine.
Servi par une écriture flamboyante qui étourdit le lecteur d'images, de symboles, de sentiments, le récit relate le combat du bien contre le mal sous toute ses formes.
De la religion du dogme contre la religion de l'amour sans limites du prochain.
De l'amour des arbres contre l'amour du gain.
De l'amour contre la haine.
De la recherche de la vérité contre le mensonge.
Pas étonnant qu'une partie de nos chères têtes blondes nourries de réseaux sociaux, de télé réalité et autres procédés technologiques plus nocifs au raisonnement les uns que les autres ait pété un câble en lisant :
«Ils étaient hommes des forêts. Et les forêts les avaient faits à leur image. À leur puissance, leur solitude, leur dureté. Dureté puisée dans celle de leur sol commun, ce socle de granit d'un rose tendre vieux de millions de siècles, bruissant de sources, troué d'étangs, partout saillant d'entre les herbes, les fougères et les ronces. Un même chant les habitait, hommes et arbres. Un chant depuis toujours confronté au silence, à la roche. Un chant sans mélodie. Un chant brutal, heurté comme les saisons, — des étés écrasants de chaleur, de longs hivers pétrifiés sous la neige. Un chant fait de cris, de clameurs, de résonances et de stridences. Un chant qui scandait autant leurs joies que leurs colères.»
Admirable et je pèse mes mots !
Lien : https://camalonga.wordpress...
Commenter  J’apprécie          4110
Je reviens de loin.
D'un hameau de cinq fermes au coeur des forêts du Morvan.
C'était il y a longtemps, l'époque était rude.
Tellement rude que tout prend accent de colère. Colère à laquelle se mêle la folie.
Quelques familles, Les Mauperthuis avec l'horrible père, les Corvol, les Verseley…… toutes sur le fil tangent de la colère, de la folie ou de l'amour.
C'est toujours un immense bonheur de lire Sylvie Germain.
Elle nous entraîne avec poésie et beauté dans des univers souvent sombres qu'elle réussit à magnifier.
Chaque personnages de cette histoire est exceptionnel, qu'il soit dans la noirceur ou dans la grâce.
Commenter  J’apprécie          350
Hameau mystique.

Dans ce hameau du Morvan, loin du monde, loin de tout, la folie est omniprésente. Piété maritale, faim insatiable ou passion pour une morte, voici les formes qu'elle prend.

Je ne sais pas quoi penser de ce roman. La plume de Sylvie Germain est toujours aussi belle. Les forêts sont vivantes, les feuilles bruissent sous le vent, le cycle des saisons suit son cours. La piété est le fil conducteur de cette communauté, mystique, dévotion, le sacré transcende le profane. Mais l'amour n'est pas en reste, âme soeur, bonheur des yeux, plaisir charnel, guident les hommes jusqu'à l'aveuglement.

Et pourtant je n'ai pas réussi à accrocher à l'histoire. Je l'ai trouvée bien trop simple. Des secrets de polichinelle, des rivalités entre faibles et puissants dans une petite communauté, ce sont des sujets très communs. Quant aux personnages ils se limitent pour la plupart à un ou deux traits de caractère et n'évoluent pas ou peu sur les années que durent le récit. L'ensemble forme un récit que j'ai trouvé très convenu.

Bref, une magnifique plume pour un récit ennuyeux.
Commenter  J’apprécie          312
Roman qui se divise en cinq parties :
- Colère et beauté
- Chants
- Colère et solitudes
- Sous les mêmes amours
- Jadis, jamais assez (qui est la conclusion et la morale du livre)

Je parle ici de roman, mais est-ce bien un roman? N'est-ce pas plutôt un conte tragique? Plus que de la colère, je découvre tout au long des pages, le folie, la violence, la solitude, la soif de vengeance, la mort... et aussi la nostalgie.
J'ai eu du mal à situer l'action dans le temps et n'ai eu la réponse que dans les dernières pages de l'ouvrage : fin du 19 ème siècle et tout début du 20 ème, avant la première guerre mondiale.
J'ai ressenti peu d'empathie pour les différents protagonistes et si j'ai apprécié le livre, je le trouve cependant très démoralisant et déstabilisant. L'histoire est terrible et d'une violence extrême, à déconseiller donc aux lecteurs trop sensibles.
"Jours de colère" est une lecture qui ne s'oublie pas, un livre difficile à digérer, qui laisse des traces et une grande impression de malaise.
L'écriture est belle, et l'auteur donne envie de connaître les forêts du Morvan qui sont un élément majeur de ce drame.
J'ai lu aussi ce roman par intérêt, par curiosité, car une branche de mon ascendance maternelle est originaire de la Nièvre.
Roman qui a bien mérité son prix Femina en 1989.
Commenter  J’apprécie          260
Coup de coeur.

A Leu-aux-Chênes, un hameau du Morvan, vivent, loin du monde, cinq familles dont les hommes se louent, selon les saisons, comme bûcherons, flotteurs de bois ou bouviers. Des gens à la vie rustre et solitaire, à la Foi tenace et simple. Ceux de la vallée les considèrent un peu comme des sauvages. C'est dans cet endroit dont les seules limites sont les lisières des forêt que vivent Ambroise Mauperthuys et ses deux fils Ephraïm et Marceau dans la Ferme du Pas, et Edmée et Jousé Verselay avec leur fille Reine dans la Ferme du Bout. Deux familles aux extrémités du hameau, deux familles que tout oppose et dont le destin va se trouver lié.

Avec « Jours de colère », on renoue avec le lyrisme flamboyant de Sylvie Germain déjà à l'oeuvre dans son tout premier roman, « Le livre des nuits ». A nouveau, elle nous nous offre ici une ode à la colère et à la passion, à la profusion des émotions et des sensations. Lire Sylvie Germain, c'est une expérience à la fois mystique et charnelle. Qu'il s'agisse d'une nature fantasmagorique ou d'hommes et femmes aux allures surnaturelles, elle aime évoquer la magie des lieux et creuser aux racines de la folie des êtres. Chacun de ses personnages, qu'il s'agisse d'Ambroise Mauperthuys envoûté par la beauté d'une morte, qu'il s'agisse de la vieille Edmée dévouée à sa passion mariale, qu'il s'agisse de Reinette-la-Grasse obsédée par la faim ou encore de ses neufs fils qui ont tous reçu une part de colère, mais une colère dénuée de toute rage et jamais liée au mal, tous recèlent en eux une part de folie. Et c'est cette folie, portée à son comble par Ambroise Mauperthuys, qui nous mène du début à la fin de ce récit poétique, mystique et onirique, où la maîtrise de la langue et la richesse du vocabulaire servent à merveille une imagination exacerbée par une sensibilité que l'on devine infinie.

Les mots de Sylvie Germain, comme à chaque fois, m'emportent dans un autre monde. Ses histoires familiales ne ressemblent à nulles autres pareilles et ses personnages superbement habités sont envoûtants. Chacun d'eux est à lui seul une histoire dans l'histoire, une identité qui s'affirme dans son nom et surnom choisi à bon escient. Quelle est belle cette fratrie, les fils d'Ephraïm et de Reine ! Colorée, disparate et complémentaire, séduisante, emportée et sage, bavarde et silencieuse, magique et dramatique… Comme à chaque fois, je chavire, je plonge dans un conte réaliste et je tourne la dernière page en rêvant au prochain livre de Sylvie Germain.

Une lecture envoûtante.
Commenter  J’apprécie          242




Lecteurs (708) Voir plus



Quiz Voir plus

Le vocabulaire en colère de Sylvie Germain (Actu !)

Vouivre

Tire bouchon
Créature légendaire
Coutelas espagnol
Fouace farcie aux patates douces

10 questions
35 lecteurs ont répondu
Thème : Jours de colère de Sylvie GermainCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..