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Critique de Cancie


Cancie
26 septembre 2022
Nul besoin d'être un musicien averti pour apprécier 555 de Hélène Gestern, ce roman choral passionnant qui nous entraîne dans le monde de la musique, des musiciens, de la lutherie avec à la clef, la résolution d'une énigme.
C'est en rénovant un violoncelle et en en défaisant la doublure que Grégoire Coblence découvre une partition ancienne qui pourrait avoir été écrite par Domenico Scarlatti, ce compositeur baroque et claveciniste virtuose italien né en 1685. Fortement intrigué par cette partition manuscrite pour clavecin cachée dans un étui pour instruments à cordes, l'ébéniste se décide à la montrer à son associé le luthier Giancarlo Albizon. Ce dernier lui propose alors d'aller la faire déchiffrer à Manig Terzian, claveciniste mondialement connue et spécialiste de Scarlatti.
Grégoire acquiert alors la quasi-certitude qu'il s'agit d'un nouvel opus de cet illustre compositeur qui a laissé à la postérité 555 sonates. Mais la partition disparaît…
À ces trois personnages qui ont eu en main la partition avant qu'elle ne soit volée, deux autres vont entrer en scène qui, en ayant vent de cette découverte auraient grand intérêt à y mettre la main dessus.
Pour Rodolphe Luzin-Farge, claveciniste, docteur en musicologie, professeur à la Sorbonne, spécialiste de musique française et italienne des 17 e et 18 e siècles, auteur de plusieurs ouvrages de référence, dont une biographie de Scarlatti publiée en 2009, cette découverte d'inédits permettrait à cet homme ambitieux de publier à nouveau et ainsi reprendre l'ascendant sur ce jeune concurrent qui commence à lui faire de l'ombre.
Quant à Joris de Jonghe, ce collectionneur richissime et extravagant, il pourrait peut-être se lancer ou du moins lancer ses limiers sur la trace de cette partition, l'imaginant comme ultime cadeau qu'il pourrait faire à sa femme chérie décédée.
C'est ainsi que nos cinq protagonistes dont l'existence est intimement liée vont se lancer à la recherche du précieux document, prenant tour à tour la parole.
Une sixième voix, énigmatique , la voix de la personne qui a tout manigancé, qui a mûri son plan pendant des mois, qui observe dans l'ombre et qui, à un moment a même le sentiment angoissant de sentir le jeu lui échapper, intrigue et questionne le lecteur.
Cette quête éperdue menée par chacun va bouleverser durablement leur vie, les amenant à faire une rétrospective, un retour sur les événements qui l'ont jalonnée, ravivant les trahisons et les blessures du passé. En effet, tous sont amenés à se pencher sur leur passé, à se remettre plus ou moins en question, à avoir des regrets et des remords, certains plus que d'autres.
Hélène Gestern brosse des portraits vivants de chacun de ses personnages, sachant, à merveille nous les rendre attachants ou détestables réussissant parfois, au fil du roman, à nous faire changer d'avis. Mais il en est un et il s'agit du personnage principal du roman qui lui, ne nous déçoit pas, mais au contraire nous emporte dans la rêverie et l'émotion, c'est la musique, omniprésente tout au long du récit.
En faisant de 555 un roman choral, Hélène Gestern le rend ainsi très vivant et très rythmé, lui donnant une richesse littéraire particulière grâce à la diversité de style de chaque personnage.
555, fabuleux roman musical dont le fil rouge n'est autre que l'un des plus illustres, si ce n'est le plus illustre des compositeurs pour clavecins, le brillantissime Scarlatti dont la musique berce chaque page, est également un thriller peu ordinaire qui m'a tenue en haleine jusqu'au bout.
C'est avec beaucoup de finesse et de sensibilité que l'auteure m'a emmenée avec ses personnages à la recherche de cette sonate oubliée, me poussant inconsciemment à écouter ce fameux virtuose qu'était Scarlatti.
Un grand merci à Pauline et Simon qui m'ont incitée à découvrir ce petit bijou qui a reçu le Grand Prix RTL Lire magazine 2022.

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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