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sur 641 notes
Je lis pour la première fois Hélène Gestern grâce à ce roman intitulé sobrement 555, roman qui m'a plongé dans un univers que je connais très très mal, celui de la musique classique avec tous les métiers qui gravitent autour de cet art trop souvent réservé à une élite.
555, c'est le nombre de sonates écrites, composées par Domenico Scarlatti (1685-1757). Ce claveciniste virtuose excite la curiosité des spécialistes de musique baroque car chacun espère - pourquoi pas ? - découvrir une oeuvre oubliée, dénichée chez un collectionneur, avec le risque d'être abusé par une partition fabriquée de toutes pièces par un faussaire doué.
Avec cinq principaux personnages, Hélène Gestern met en place une intrigue de plus en plus passionnante faite de fausses pistes, d'espoirs les plus fous, jusqu'au coup de théâtre final.
Grégoire Coblence, le premier à entrer en scène, est ébéniste. C'est un artisan, un artiste, qui rénove avec amour des meubles anciens ou des étuis d'instruments de musique. Flo, son épouse, l'a quitté subitement alors qu'il en est toujours follement amoureux. Grégoire souffre beaucoup mais n'en poursuit pas moins son travail. C'est justement lui qui vient de découvrir une partition écrite sur un vieux cahier de quatre pages. Cette partition était cachée sous la doublure d'un étui pour violoncelle qu'il devait réparer.
Son associé, Giancarlo Albizon, est restaurateur d'instruments anciens. Il travaille dans un atelier contigu à celui de Grégoire qui, justement, lui montre cette fameuse partition pour clavecin. Dans cette première scène, se noue toute l'intrigue du roman d'Hélène Gestern qui passe au personnage suivant.
Ce personnage se nomme Manig Terzian. C'est une musicienne à l'immense talent, spécialiste du clavecin et c'est donc à elle que s'adressent aussitôt Grégoire et Giancarlo pour lui montrer la partition. Manig, en fin de carrière, vit avec Madeleine, virtuose du violoncelle. Aussitôt, Manig pense à une oeuvre de Scarlatti. Elle se met au clavecin et interprète la première page de ce qui pourrait être la 556e sonate du musicien italien.
Entre en scène maintenant un célèbre musicologue, spécialiste de Scarlatti : Rodolphe Luzin-Farge. Cet homme cumule les titres, enseigne ou a enseigné dans les plus célèbres universités.
Enfin, voici Joris de Jonghe, un Belge vivant à Bruges. Il est un collectionneur richissime, passionné par la musique de Scarlatti. Lui, il a les moyens de financer les recherches indispensables pour prouver l'authenticité de cette partition.
555 est donc lancé, bien lancé, avec treize séries d'interventions des cinq principaux protagonistes. Pourtant, un grain de sable se glisse entre chaque série. Je ne sais pas qui s'exprime. le texte est en italiques et cela m'intrigue beaucoup mais… patience.
Avec cette quête passionnante, proche du thriller, Hélène Gestern me fait voyager en Angleterre, aux États-Unis, en Italie, en Allemagne mais le plus beau voyage qu'elle m'offre, c'est au coeur de la musique de Scarlatti. le merveilleux concert donné par Manig Terzian, salle Pleyel, offre des pages d'une exceptionnelle douceur, une plongée dans l'oeuvre de Scarlatti. Ses sonates pour clavecin, toutes répertoriées de K1 à K555, sont légères, endiablées souvent, et requièrent une virtuosité, une dextérité impressionnante de la part des musiciens qui les interprètent.
Aux principaux personnages déjà présentés, il faut que j'ajoute Romain, le frère de Flo, ex de Grégoire, et Alice, la petite-nièce de Manig, musicienne elle aussi.
Je remercie Pauline et Simon pour cette lecture d'un roman à l'écriture subtile au service d'une intrigue habilement ficelée.
555 est un roman dont je n'avais guère entendu parler et je pense qu'il aurait amplement mérité une bien meilleure exposition.

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Nul besoin d'être un musicien averti pour apprécier 555 de Hélène Gestern, ce roman choral passionnant qui nous entraîne dans le monde de la musique, des musiciens, de la lutherie avec à la clef, la résolution d'une énigme.
C'est en rénovant un violoncelle et en en défaisant la doublure que Grégoire Coblence découvre une partition ancienne qui pourrait avoir été écrite par Domenico Scarlatti, ce compositeur baroque et claveciniste virtuose italien né en 1685. Fortement intrigué par cette partition manuscrite pour clavecin cachée dans un étui pour instruments à cordes, l'ébéniste se décide à la montrer à son associé le luthier Giancarlo Albizon. Ce dernier lui propose alors d'aller la faire déchiffrer à Manig Terzian, claveciniste mondialement connue et spécialiste de Scarlatti.
Grégoire acquiert alors la quasi-certitude qu'il s'agit d'un nouvel opus de cet illustre compositeur qui a laissé à la postérité 555 sonates. Mais la partition disparaît…
À ces trois personnages qui ont eu en main la partition avant qu'elle ne soit volée, deux autres vont entrer en scène qui, en ayant vent de cette découverte auraient grand intérêt à y mettre la main dessus.
Pour Rodolphe Luzin-Farge, claveciniste, docteur en musicologie, professeur à la Sorbonne, spécialiste de musique française et italienne des 17 e et 18 e siècles, auteur de plusieurs ouvrages de référence, dont une biographie de Scarlatti publiée en 2009, cette découverte d'inédits permettrait à cet homme ambitieux de publier à nouveau et ainsi reprendre l'ascendant sur ce jeune concurrent qui commence à lui faire de l'ombre.
Quant à Joris de Jonghe, ce collectionneur richissime et extravagant, il pourrait peut-être se lancer ou du moins lancer ses limiers sur la trace de cette partition, l'imaginant comme ultime cadeau qu'il pourrait faire à sa femme chérie décédée.
C'est ainsi que nos cinq protagonistes dont l'existence est intimement liée vont se lancer à la recherche du précieux document, prenant tour à tour la parole.
Une sixième voix, énigmatique , la voix de la personne qui a tout manigancé, qui a mûri son plan pendant des mois, qui observe dans l'ombre et qui, à un moment a même le sentiment angoissant de sentir le jeu lui échapper, intrigue et questionne le lecteur.
Cette quête éperdue menée par chacun va bouleverser durablement leur vie, les amenant à faire une rétrospective, un retour sur les événements qui l'ont jalonnée, ravivant les trahisons et les blessures du passé. En effet, tous sont amenés à se pencher sur leur passé, à se remettre plus ou moins en question, à avoir des regrets et des remords, certains plus que d'autres.
Hélène Gestern brosse des portraits vivants de chacun de ses personnages, sachant, à merveille nous les rendre attachants ou détestables réussissant parfois, au fil du roman, à nous faire changer d'avis. Mais il en est un et il s'agit du personnage principal du roman qui lui, ne nous déçoit pas, mais au contraire nous emporte dans la rêverie et l'émotion, c'est la musique, omniprésente tout au long du récit.
En faisant de 555 un roman choral, Hélène Gestern le rend ainsi très vivant et très rythmé, lui donnant une richesse littéraire particulière grâce à la diversité de style de chaque personnage.
555, fabuleux roman musical dont le fil rouge n'est autre que l'un des plus illustres, si ce n'est le plus illustre des compositeurs pour clavecins, le brillantissime Scarlatti dont la musique berce chaque page, est également un thriller peu ordinaire qui m'a tenue en haleine jusqu'au bout.
C'est avec beaucoup de finesse et de sensibilité que l'auteure m'a emmenée avec ses personnages à la recherche de cette sonate oubliée, me poussant inconsciemment à écouter ce fameux virtuose qu'était Scarlatti.
Un grand merci à Pauline et Simon qui m'ont incitée à découvrir ce petit bijou qui a reçu le Grand Prix RTL Lire magazine 2022.

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Des 555 sonates composées par le claveciniste virtuose Scarlatti (1685-1757), toutes d'une grande inventivité et d'une haute technicité d'exécution, la plupart sont restées inédites de son vivant et aucune ne nous est parvenue en autographe. Et comme ce volume inégalé de pièces forme un ensemble difficile à classer, chacune n'étant d'ailleurs identifiable que par les différents numéros de recensement attribués par les musicologues qui y ont consacré une bonne partie de leur vie, tout est réuni pour favoriser la controverse sur l'exhaustivité ou pas de l'oeuvre authentifiée du génial musicien. Plusieurs grands interprètes, comme le claveciniste américain Scott Ross, connu pour son enregistrement intégral des 555 sonates, s'en sont même amusés en écrivant leurs propres « vraies fausses » sonates, plus scarlatiennes que celles de Scarlatti.


S'emparant du mystère entourant « un musicien plutôt conventionnel, asservi à une vie de cour et de mondanités », pourtant « devenu à cinquante ans passés un compositeur génial et prolifique, capable de publier en l'espace de cinq brèves années (…) l'un des monuments les plus impressionnants que la musique occidentale ait jamais produits », Hélène Gestern a laissé courir son imagination pour nous livrer une histoire, certes assez prévisible, mais suffisamment bien composée pour entraîner le lecteur au bout de sa curiosité.


Brodée à partir des quelques faits historiques connus, et surtout des passions et fantasmes qu'a réellement inspirés un Scarlatti prêtant si bien le flanc à la contrefaçon, l'intrigue se noue autour de la découverte d'une possible 556ème sonate. Malheureusement, sitôt revenue à la surface, la troublante partition disparaît, volée avant même d'avoir pu être dûment authentifiée. Commence une véritable chasse au trésor, impliquant cinq personnages avec chacun un motif très particulier pour désirer la retrouver le premier.


Dès lors, les cinq – un luthier, un ébéniste d'art, un universitaire musicologue, un mécène collectionneur et une célèbre claveciniste – prennent la parole tour à tour, révélant, dans leur quête du graal, le meilleur comme le pire de leurs personnalités et du microcosme musical. C'est au final la passion de la musique, avec ses affres, ses exigences impitoyables et ses drames, mais aussi l'inexplicable alchimie de ses beautés et de ses émotions, qui l'emportera chez certains sur l'ambition, l'appétit du lucre et la vengeance.


Une lecture agréable, à laquelle on se laisse prendre malgré une certaine prévisibilité et l'impression, peut-être, de quelques clichés, parce qu'elle a le mérite, en particulier de nous interroger sur l'indéfinissable Scarlatti dont on aura envie de (re)découvrir la musique, et de façon plus large, de susciter l'émotion à la pensée de toutes ces oeuvres en général, malencontreusement amputées, détruites ou perdues au fil des siècles.

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Alors qu'il s'apprête à restaurer un vieil étui en bois, Grégoire Coblence, ébéniste, découvre, sous la doublure une mince brochure de quatre pages. Immédiatement, il reconnaît une partition pour clavecin manuscrite. À l'heure du déjeuner, il la montre à son associé, Giancarlo Albizon, un luthier renommé, qui ne semble pas s'y intéresser et est même dubitatif lorsque Grégoire soumet l'idée de faire jouer cette sonate. Pourtant, ce sont les deux hommes que reçoit, dans son salon de musique, Manig Terzian, une célèbre claveciniste. Après avoir joué la sonate, Grégoire est étonné de reconnaître aussitôt l'oeuvre de Scarlatti. Se pourrait-il que cette partition soit inédite ? Quoi qu'il en soit, elle appartient au propriétaire de l'étui et les deux associés se mettent d'accord pour la lui rendre. Malheureusement, Giancarlo est victime d'un cambriolage et, outre deux violons, la partition a été volée... Mais, entretemps, l'existence de cette partition sera parvenue aux oreilles de Rodolphe Luzin-Farge, docteur en musicologie, critique musical et auteur d'ouvrages de référence dont une biographe de Scarlatti, et de Joris de Jonghe, un collectionneur d'art qui voue un culte au musicien...

555, c'est le nombre de sonates pour clavecin qu'a composé Domenico Scarlatti. Mais se pourrait-il qu'une 556ième, inédite, soit méconnue du grand public et qu'elle fasse, soudainement, son apparition ? Si tel est le cas, cette partition fait de suite l'objet de toutes les convoitises, d'autant plus qu'elle a disparue. En premier lieu, de ces 5 personnages qui, tous, ont un lien particulier avec le célèbre compositeur italien. Qu'il le chérisse, le joue ou leur rappelle de tendres ou de douloureux souvenirs. À tour de rôle, ces cinq narrateurs déroulent peu à peu ce lien, se dévoilent, mettant à jour leurs blessures, leurs failles, leurs sentiments, et composent ainsi ce roman choral intrigant, habilement et parfaitement maîtrisé. Cinq voix unies par l'amour de la musique, cinq voix qui se chevauchent, se croisent et dont cette partition va, indéniablement, bouleverser le destin. Cinq voix entrecoupées de plusieurs interludes qui viennent semer le trouble. Entre mensonges, trahisons, rivalités, deuils (d'un être cher ou d'un amour envolé), Hélène Gestern nous offre un roman subtilement orchestré...
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Les notes s'élèvent dans la salle de concert, douces et puissantes, élégiaques, alors la salle bascule, transportée par l'émotion. J'admire Manig Terzian, au fier port de tête au centre de son halo de lumière, la virtuose n'a rien perdu son talent ni de sa beauté froide à l'approche de ses soixante-dix-sept printemps. Elle pose son regard sur Alice, sa petite-nièce qui l'accompagne dans cette sonate à quatre mains, et l'on sent sa fierté à considérer cette jeune fille de vingt-cinq ans comme celle qu'il faudra compter dans les prochaines années parmi les interprètes les plus prometteuses du grand claveciniste italien Scarlatti.
Scarlatti, connu comme l'auteur de 555 sonates, mais en existe-t-il une 556ème ? Est-il celui qui a écrit cette vieille partition trouvée par Grégoire à l'occasion de la restauration d'un vieil étui de violoncelle ?
Hélène Gestern se fait virtuose elle aussi dans l'art de manier à la baguette ce roman choral.
Un pur bonheur de lecture de tourner ces pages compulsivement, le bémol est que j'aurais aimé être un peu plus lancée sur des fausses pistes, car si le suspense monte crescendo dans un premier temps, le tempo s'essouffle quelque peu, et le narrateur inconnu et ses motivations sont assez rapidement démasqués par le lecteur attentif.
Je vous invite dans cette incursion dans le monde de la grande musique, des luthiers, ébénistes d'art, mécènes, spécialistes de musique classique, l'auteure s'est beaucoup documentée, et nous livre de nombreux détails passionnants et parfois piquants sur ce monde qui m'était complétement inconnu.
La musique est au coeur de cet ouvrage, dans les émotions intenses qu'elle peut susciter, mais Hélène Gestern se fait aussi très critique en nous livrant une vision assez sombre de l'envers du décor, des sacrifices demandés par des professeurs-tyrans à de jeunes espoirs aspirant à sortir du lot, car le talent ne saurait suffire.
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Lecture 16 Février 2022

Une bouffée de bonheur et de poésie... avec en prime, du suspens, et une sorte d'enquête....qui nous tient en haleine jusqu'au bout !

"A quoi sert la musique, si ce n'est à être partagée ? Je ne connais rien qui égale sa capacité à reformuler nos chagrins dans une langue supportable."

Déjà près d'un mois que j'ai fini cette lecture que je n'ai pas pu lâcher pendant quelques heures... J'apprécie beaucoup cette auteure; toutefois dans le cas de ce dernier roman, j'en faisais le choix pour un ami, musicien confirmé et fou passionné de Scarlatti....J'étais sûre de lui faire plaisir !

En attendant de lui offrir, je me suis plongée dans cette fiction qui m'a enchantée, même en étant novice en ce domaine. ...
Cet ouvrage m'a , dans l'élan de ma curiosité et de mon enthousiasme, fait ressortir un enregistrement de Scarlatti (offert justement par ce même ami) pour m'immerger totalement. ..

En sus de magnifiques observations sur la Musique et les musiciens, nous rencontrons avec un intérêt aussi vif, le mondes des luthiers, des restaurateurs d'art, des collectionneurs-mécènes, et celui aussi d'une claveciniste...sans oublier le monde peu tendre des concertistes...

5 personnages principaux animent cette fiction:

- Giancarlo Albizon: Luthier italien

-Grégoire Coblence: Associé de Gian et restaurateur d'objets anciens

-Joris de Jonghe: veuf, collectionneur-mécène, s'intéressant à Scarlatti en mémoire de son épouse, passionnée par ce compositeur...

Rodolphe Luzin-Farge : critique musical, et spécialiste de Scarlatti

Manig Terzian : Claveciniste de grande renommée, interprète réputée de Scarlatti... et Alice, sa petite-nièce, jeune musicienne en devenir....

Une lecture addictive... avec un suspens savamment entretenu...
Un petit trésor savouré, même si mon ami musicien, qui a énormément apprécié ce texte, l'a sûrement fait, avec plus de finesse, que moi, néophyte !!!
Toutefois, même si.... L'histoire est des plus prenantes, et le style de cette auteure toujours agréablement fluide, musical et poétique...

En conclusion, je choisi un extrait précieux décrivant admirablement le pouvoir et la magie de la Musique pour rassembler les gens dans des moments uniques de communion :

"Je pensais à la succession d'interprètes qui avaient fait vivre cette splendeur à travers le temps. A ces rares volumes manuscrits, qui auraient pu être dix fois détruits, mais qui avaient été copiés avec ferveur, échappant ainsi aux outrages de l'oubli pour être réinventés de génération en génération.
A ces pièces qui, presque trois siècles après leur création, avaient gardé le pouvoir de rassembler, comme elles le faisaient, ce soir, des êtres que tout aurait dû séparer, l'âge, le degré de richesse, l'éducation, la couleur de la peau. J'ai pensé que dans le monde, à cette heure, la fureur et la haine embrasaient la planète un peu partout, qu'on mourait ici dans le bruit des fusils, là dans la détresse des famines et des exils. Mais ce soir, une fraction d'humanité s'était donné rendez-vous à l'abri des notes, pour se réconcilier, se recueillir dans la joie pure d'une communion musicale. "(p.277)
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Au coeur de ce livre, d'où le titre énigmatique, une possible cinq cent cinquante sixième sonate de Scarlatti, inconnue jusque là...

Je me suis renseignée avant lecture sur ce compositeur pour clavecin du 18 ème siècle , ne connaissant pas grand chose en musique classique. J'ai même écouté une de ses sonates, jouée au piano.

Je savais qu'Hélène Gestern allait encore m'emporter dans son univers, fait de secrets peu à peu dévoilés, de documents à chercher, de passion, ici celle de la musique. Je savais qu'elle saurait m'attirer dans ses filets mystérieux, qu'elle me ferait partager la fièvre de ses personnages qui ont tous en commun un amour immodéré pour Scarlatti. Jusqu'où les poussera-t-il ?

L'auteure avoue à la fin qu'elle a bien sûr brodé à partir de la biographie du compositeur. Mais on sent qu'elle s'est beaucoup documentée et elle arrive subtilement nous restituer, de son écriture ciselée, les émotions liées à la musique. Que l'on soit créateur, interprète , mélomane...ou lecteur.

Un bémol quand même : j'ai deviné très vite qui était à l'origine de cette recherche effrénée d'une partition qui semblerait être de Scarlatti. Et c'est l'aspect du livre qui m'a paru un peu affadir l'ensemble. Ou tout au moins le rendre moins intéressant. La fin m'a pour cette raison déçue. Je l'avais prévue.

Ce n'est donc pas le roman d'elle que j'ai préféré, mais j'ai adoré pénétrer dans l'atelier d'un luthier, j'ai vibré avec les spectateurs lorsque Manig Terzian a interprété la fameuse sonate, j'ai eu de l'empathie pour le menuisier Grégoire, pur et fragile. Et la quête de la partition m'a emballée.

Je terminerai avec ce magnifique ressenti de D'Annunzio:" On dirait des bulles précieuses de l'eau, ou bien les gouttes de la beauté ruisselante: ce sont les sonates de Domenico Scarlatti "....
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Une ode à la musique dite "classique"

La colonne vertébrale de ce récit est constituée par cinq personnages qui se croisent, se rencontrent ou pas, s'apprécient ou se détestent.
* Grégoire Coblence est un ébéniste de talent, restaurateur d'objets anciens. C'est un taiseux, un solitaire, un ours quoi.
* Giancarlo Albizon est un luthier réputé. Il est ami et associé avec Grégoire. C'est aussi un homme à femmes, constamment désargenté.
* Manig Terzian est une claveciniste virtuose, adulée par son public. Mais elle a plus de soixante-dix ans...
* Rodolphe Luzin-Farge est musicologue. C'est aussi un arriviste pas vraiment sympathique et souvent jaloux de ses collègues.
* Joris de Jonghe est un collectionneur richissime, prêt à tout pour se procurer ce qu'il désire.
Qu'est-ce qui les relie ?
Domenico Scarlatti « compositeur génial de 555 sonates » d'où le titre du livre.
Or, Grégoire découvre, par hasard, une partition ancienne qui pourrait être de Scarlatti. C'est donc un trésor, peut-être un inédit, donc qui vaut des fortunes.
Mais aussitôt apparue, aussitôt disparue, volée.
Tous vont se mettre à sa recherche tous azimuts, flairer toutes les pistes, suivre la moindre trace.
Arriveront-ils à leur fin ?
Telle est la question.
Le récit est très pointu au niveau musical ce qui n'empêche ni le suspense ni les rebondissements quasiment à chaque chapitre.
Par contre, j'ai été très déçue par le twist final qui m'a paru peu crédible, peu plausible et, pour tout dire, trivial ( du latin trivialis : commun, banal ).
C'est ce qui explique l'étoile en moins malgré tout le plaisir que j'ai pris à ma lecture.
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C'est un thriller musical.

L'histoire débute lorsque Grégoire, ébéniste de renom (ou plutôt menuisier, restaurateur d'objets anciens) déniche dans la doublure d'un étui de violoncelle qu'il doit réparer une partition manuscrite de quatre pages. Giancarlo, son associé luthier, qui doit s'occupé de ce beau « Villaume de 1857 » n'en revient pas lorsque son ami Grégoire lui montre la partition pour clavecin, cachée dans un étui pour instrument à cordes.
C'est une sonate.

Grégoire a une idée : montrer cette partition à une célèbre claveciniste qu'ils connaissent, Manig Terzian, une artiste qui fait référence dans le monde du clavecin. Celle-ci accepte, malgré son emploi du temps très chargé entre une master class à Paris et un concert à Berlin, de le recevoir. Elle accepte même de regarder la partition, de la déchiffrer et rend son verdict :
« - Ca ressemble à une sonate de Scarlatti, non ? »

Commence alors une enquête qui va durer sur plus de 350 pages. Car si c'est une vraie sonate de Scarlatti, alors c'est un réel évènement.
En effet il existe aujourd'hui 555 sonates répertoriées du grand compositeur baroque madrilène, Domenico Scarlatti, d'une originalité exceptionnelle et pour la plupart inédites de son vivant. Une 556ème sonate a-t-elle été découverte par hasard par Grégoire et Giancarlo ? C'est ce qu'ils vont tenter de découvrir.

Mais les deux artisans ne sont pas seuls dans la course à la vérité – car si c'est bien une partition originale, celle-ci peut valoir une fortune à ceux qui la découvrent - : il y a Rodolphe Luzin Farge, celui qui se fait passer pour l'expert de Scarlatti, Joris de Jongle, un veuf richissime qui a ses raisons lui aussi de vouloir mettre la main sur la partition.

Et puis il y a la belle Alice, la petite nièce de Manig Terzian, elle aussi claveciniste, promise à une belle carrière – mais le destin de concertiste tient à un fil, et semé de nombreuses embûches : saura-t-elle les dépasser ?

D'Hélène Gestern j'avais lu « Eux sur la photo » et « L'odeur de la forêt » que j'avais bien aimé. Ici avec cette énigme musicale, elle signe un récit très bien construit, où les chapitres s'emboitent les uns aux autres comme sous les doigts de Giancarlo le luthier.

Une véritable machinerie – voire une machination ? – a été ourdie et je ne vous en révèlerai pas le final, pour ne pas divulgacher le plaisir de cette lecture.

Très bien construite et très agréable à lire dans une écriture fluide et simple, « 555 » mérite le détour pour tous les amateurs de musique – et même pour les non experts qui voudraient tenter de déchiffrer l'énigme de la peut-être 556ème sonate du grand Domenico Scarlatti : ils ne seront pas déçus.

Lien : http://versionlibreorg.blogs..
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Une sonate vous manque et tout est bouleversé.

Il y a un peu plus de dix ans, jury de prix, je découvrais Hélène Gestern avec Eux sur la photo. Séduit, elle eut mon vote. Et le prix. Alors quand dans la sélection du prix RTL-Lire 2022 j'ai vu 555, le nouveau Gestern, je n'ai pas boudé mon plaisir. Et l'histoire pourrait bien se répéter…

Car le livre a tout pour séduire. Alors que l'oeuvre du grand compositeur italien baroque Domenico Scarlatti s'est officiellement arrêtée à un total de 555 sonates, une 556e réapparait un beau jour dans l'atelier de Giancarlo, luthier parisien et de Grégoire, son associé ébéniste, avant de disparaître rapidement à l'issue d'un cambriolage.

Lancés à la recherche de leur « précieuse », ils ne sont pas les seuls à enquêter : un richissime mécène belge, un expert-chercheur en mal de reconnaissance, une claveciniste virtuose et sa jeune nièce à l'avenir musical prometteur… Tous convoitent la 556e, mais qui sait si elle existe encore ; si elle existe vraiment.

Entre histoire, musique et intrigue, Hélène Gestern arrive à trouver les bons équilibres sans jamais se perdre. D'une écriture simple mais à l'élégance toujours soutenue, elle nous raconte à cinq voix des histoires de passionnés : passionnés de musique, d'art, d'exigence, de justesse, de précision…

Me rappelant souvent le style si apprécié d'un Metin Arditi, elle excelle dans les changements de tempo. Introduisant les mécanismes qui vont bien à tout pageturner qui se respecte, elle sait aussi s'attarder poétiquement sur la beauté sans nom du travail de justesse de l'artisan, choisissant avec amour la pièce de bois appelée à devenir partie de violon.

555 est rythmé comme la sonate K78 en fa majeur, imprévisible comme la K18 en ré mineur, élégant comme la K273 en si bémol majeur. Écouté - fait rarissime ! - avec un fond musical issu de la playlist Scarlatti, ce livre confirme toute l'injustice faite à Hélène Gestern qui mériterait davantage de visibilité.
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